Ce début de soirée était si calme... S'en était presque déroutant. Surtout en rapport avec la précédente ! Il s'était passé tant de choses en un laps de temps réduit. Je voyais encore Soomïne cette si jolie petite fée qui était repartie avec Sabby. Son passage chez moi n'avait été que malheur. Elle s'était faites si méchamment agressée... Et j'étais devenue sale, une meurtrière. Je comprenais pourquoi elle n'était donc pas restée, mais c'était aussi Rita avec Sabby qui s'en était allée. Je rencontrais des amies et je les perdais les unes après les autres. Enfin ma porte était à présent rafistolée, c'était déjà ça. Et le ciel était si beau. Apaisant, me permettant de laisser couler des larmes qui, toute la journée, avaient été refoulées par mon esprit occupé. J'étais aussi inquiète. Lourine ma jeune sauveuse si particulière, à la fois sage et découvrant le monde, avait disparue. Oui littéralement. Elle se reposait, là dans mon lit, près de la petite fée, et puis... tout avait changé. Je n'avais pu trouver la jeune humaine. Pourtant j'étais allée faire un tour en forêt cet après midi pour mes besoins en bois... mais rien. Pourvu que rien ne lui soit arrivé.

Je secouais lentement la tête. Il était temps d'arrêter de se plonger dans le passé, aussi récent fut il, car me connaissant, je pouvais y passer des heures, et cela me faisait plus de mal que de bien. Soupirant, je laissais mon regard tomber, puis je retournais dans ma chambre. Un besoin de me changer les idées. Je possédais des livres bien heureusement, et ainsi je pu, l'espace de quelques temps, oublier la réalité et me plonger dans un autre univers. Dans mon tiroir la lettre me hantait. Ne pas la lire m'étais difficile mais je ne voulais pas m'effondrer, il faudrait donc attendre un peu de stabilité. Alors, lorsque je vis qu'une heure avait passée, je posais mon livre et me prépara à sortir de chez moi. Je ne souhaitais pas rester seule. Et l'ambiance de l'auberge me ferait du bien. Je verrais des passants, des habitants, ainsi qu'un de mes jeune ami, qui aiderait ses parents probablement à préparer les tables. Un sourire, je voulais voir des sourires...

*c'était trop calme, après hier... j'ai besoin de voir d'autres personnes, de sortir de chez moi, je crois que sinon... je vais perdre mon éternel sourire...et ça je ne veux pas.*

Sur cette pensée je passais la porte qui, grâce au pouvoir de la terre et à quelques bout de bois, avait plutôt fière allure. Heureusement d'ailleurs que je possédais ces pouvoirs sinon... mes mains n'auraient pas suffit à réparer mes déboires.

[OUT : à l'auberge...   ]

J'arrive de Ici

Le silence et les odeurs habituelles de mon petit refuge furent pour moi un grand apaisement. Décidémment cette journée avait été bien trop bizarre à mon gout. Avais je rêver depuis hier ? le problème était que cela semblait continuer ! Moi qui souhaitait aller à l'auberge afin de me changer les idées voila que des visions liées à une inconnue qui arrivait me submergeaient et elle aussi. Comme si la disparition de Lourine n'était pas suffisante ! Je voulais aller de l'avant, pourtant tout semblait me ramener au passé aujourd'hui. Et j'étais las. Oui après ce qu'il m'étais arrivée là bas, je me sentais fatiguée. Je bloquais toutes les pensées qui menaçaient d’entraîner mille et unes questions. Il me faudrait attendre demain pour en avoir une partie. Déposant mes affaires au pied de mon lit j'ouvris le tiroir renfermant mon carnet et les deux lettres quand soudain je me sentie assaillie de nouveau.

*pas encore...* Mais c'était peine perdue.

Une grande lumière se fit et une figure magnifique, ailée apparut. Elle semblait parler, mais je n'entendais rien. Le seul mot que j'entendis fut celui de... Myla qui murmura "incroyable". Et alors que l'être majestueux me tendait quelque chose la vision prit fin. Je me retrouvais accoudée à mon lit, le regard plongé vers le tiroir ouvert.

-C'est quoi ce bazar ? Qui était cette femme ? et pourquoi cette guerrière était elle là aussi ? Ce qu'elle m'a donné ça ressemble....

Oui je n'y avais pas songé avant de me remettre, mais la chose donnée à la fin de la vision était semblable... à la lettre que Sabby m'avait remise ce matin. Tout cela devenait bien trop confus. Je ne pouvais recevoir une même chose deux fois. Et il pouvait y avoir pleins de missives qui portaient ces ressemblances surement. M'appretant à éponger mon front en sueur, comme quoi ces visions étaient puissantes, je compris que mon visage entier était mouillé.... de larmes ? Oui en m'analysant je ressentis une profonde tristesse. Néanmoins je n'avais pas de réelle raison de l'être. Perdue daccord mais malheureuse ? Un nom s'associa à mes pensées comme en toute logique. Elizia... Après tout si la femme que je venais de voir était une fée... il était normal que je pense à mon amie. Mais pourquoi en pleurer ? Non c'était vraiment trop et mon pauvre cerveau ne suivait plus. Je devais tout mélanger et ce malgré une partie de moi qui pensait que je devais sécher mes larmes car Elizia voulait me voir sourire. Jamais elle ne m'avait dit cela pourtant.

Décidant que tout irait mieux une fois reposée et remise de ce qui avait été  une soirée tourmentée, je passais mon corps sous l'eau afin de me laver autant physiquement que psychologiquement. Enfin, épuisée comme jamais auparavant, je me glissais dans mon lit. J'avais pris la peine de changer rapidement les draps mais je ne souhaitais rien de plus que m'abandonner au sommeil rapidement. Et enfin laisser tout ça de coté... pour le moment. Cependant je ne savais pas si je parviendrai à dormir. Ce fut donc avec les noms de Lourine, Sabby et Rita, Soomïne, Elizia et enfin Myla, que je tentais de fermer les yeux. Impossible. Tout revenait inlassablement. Je ne connaissais qu'un moyen pour calmer cela. Soupirant je m'assis confortablement dans mon lit, et prit ce qu'il me fallait.

*La nuit va être longue.... voyons par quoi commencer. Le matin certainement.*

C'est ainsi que je commençais à coucher sur papier les événements pour le moins anormaux d'aujourd'hui.

Le départ aussi précipité d'Emy ne fut pas pour plaire au jeune William. Fatiguée se disait-elle, mais il était encore très tôt... Toutefois, le regard oblique de son père le dissuada de tout insistance à la faire rester. Le patron des mille et une nuits savait son petit garçon un tantinet collant, c'était le genre d'enfant qui était incapable de demeurer seul. Or, Emy avait parfaitement le droit de partir à l'heure qu'elle voulait. Voilà une chose que William se devra vite d'apprendre si plus tard il ne voulait pas devenir un être possessif. L'homme était déjà bien content que cette charmante fille vienne lui prêter main forte à titre gratuit, et qui plus est jouer avec son fils. Se contenter de ce qu'on avait plutôt que de pleurer sur ce qu'on avait point était sa politique, et William devra s'y plier que ça lui plaisait ou non...

Deux heures plus tard...

À présent propre et sereine, Emy, la seule Impure du village, s'adonnait à l'écriture d'un nouveau chapitre afin d'épaissir son journal intime. Elle s'affligeait un besoin quasi incontrôlé de retranscrire chacun de ses ressentis éprouvés tout au long de ces dernières vingt-quatre heures. Sans oublier l'évènement survenu un peu plus tôt au sein même de l'auberge, lorsqu'elle fut en présence de la petite femme... Myla. Là encore ce prénom s'en revenait assaillir son esprit alors que celle-ci ne lui avait point confié. De quoi en perdre le sommeil...

Pendant ce temps, à l'orée du village, une étrange silhouette se dessina aux abords de la rivière. Vêtue d'une robe aussi légère et transparente que la brise, elle progressait sur la terre meuble au travers d'une démarche peu assurée. Mais lorsqu'un rayon de lune la drapa, toute notion de crainte fut à exclure ; il ne s'agissait ni d'un fantôme, ni d'une revenante. Il s'agissait tout simplement d'une Elfe, et bien que sa couleur de cheveux différait de celle de ses confrères, elle n'en demeurait pas moins. Perdue, elle cherchait quelqu'un pour la renseigner. Elle était si loin de chez elle, ajouter à cela, elle ne connaissait que peu la culture et les pratiques du monde extérieur à la forêt de Lalwende.


[ ...suite de ~ICI~]

Peu après avoir fait ses adieux à Thalierya, Thrilie se jeta à l'eau. La rivière allait la mener en exil, mais aussi vers sa nouvelle Destinée. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu'elle ne se sentait plus guère à sa place parmi les siens. Quant à la reine, elle avait beau être aimée et puissante, elle ne faisait pas l'unanimité. Jaloux de sa complicité avec leur monarque, le général Wusta méprisait la jeune prêtresse. L'individu faisait tout pour écraser la pauvre Thrilie ; un soir, il alla même jusqu'à la faire cerner par plusieurs de ses hommes, lesquels s'abandonnèrent à la brimade jusqu'à ce que larme s'en suive. Sous pression, l'Elfe se laissa gagner par la peur, ne sortant que pour le strict nécessaire, elle évitait autant que possible le contact avec les autres. Plus éprouvant encore, elle ne pouvait faire part des agissements malintentionnés du général à la reine, et pour cause ; Wusta se trouvait justement être son prétendant...

En des temps normaux elle aurait peut-être pu, mais plus que jamais fragile, la grande dame qu'elle fut cédait progressivement le pouvoir à son futur époux. La guerre contre les Drows balafra son coeur et son esprit, une cicatrice qui a ce jour ne s'était point refermée. En pleine force de l'âge, jamais la reine n'aurait jeté son dévolu sur Wusta, lequel n'aurait même pas été général. Thrilie savait tout ça, et lui savait qu'elle savait... mais il ne le découvrit que récemment. Huit mois pour être exact, ce fut d'ailleurs à partir de cette découverte que les insultes naquirent à l'encontre de la prêtresse. Pour Wusta, Thrilie était dangereuse ; à savoir que peu à peu, son influence sur la reine faisait qu'elle reprenait doucement confiance en elle. Or, si elle redevenait maitresse d'elle-même, le général savait pertinemment qu'il n'aurait plus aucune chance, et ce, que ce soit pour la faire sienne, ou encore conserver son titre. Enfin, il s'agissait là d'une vie passée, pour le moment en tout cas.

Pour l'heure, Thrilie était toujours en quête d'information, elle ne savait même pas où aller... Quant à la bourgade se dressant devant elle, pas une personne n'était à recenser, tout du moins dans les rues. De la lumière ça et là donnait un semblant de vie à quelques bâtisses. Cependant, Thrilie se voyait mal toquer aux portes afin de demander sa route. Trop timide, elle en était tout bonnement incapable.

-*Maintenant je sais ce que c'est que d'être seule sans aucune attache... au moins en Lalwende, j'avait encore ma maison...* Songea la prêtresse inquiète.

Quand soudain ! une branche craqua depuis la forêt. Se retournant vivement, son infravision lui permit de distinguer une silhouette relativement massive, apparemment celle d'un homme Humain. Mais son empathie lui révéla bien vite que cet individu n'avait pas que des bonnes intentions. Serait-ce un vagabond, un meurtrier, un prédateur d'enfant ? Thrilie ne voulait rien savoir, effrayée, elle recula afin que ce dernier ne la prenne pour cible. Elle recula tellement qu'elle finit par se heurter à une porte en bois. Terrorisée, l'Elfe enfonça ses ongles dans les rainures du panneau, puis se mit à gratter. Si quelqu'un se trouvait à l'intérieur, il n'aurait aucun mal à l'entendre, malgré la discrétion évidente du bruit. Par chance ou... pas, Thrilie venait de gratter la maison d'Emy.

Cela faisait un bien fou que de noircir ce papier de mes pensées et des péripéties qui les accompagnaient. J'avais besoin de me confier, de m'éloigner un peu, et malheureusement je n'avais pas d'ami assez proche pour le faire. Aussi, écrire était un très bon moyen de prendre du recul face à la situation présente. Je pouvais y noter ce que je souhaitais et bientôt, l'intégralité des personnes rencontrées en cette journée s'y trouvait. Soomïne, Sabby et sa relation avec Rita, Lourine, Myla. Même Elizia. Mon amie la fée faisait son retour dans mon journal tant ces flash et la lettre non loin me perturbaient. Demain il me faudrait discuter avec cette petite femme, pour tenter de comprendre ce qui nous arrivait. Je m'en voulais d'avoir laissé William cependant je ne pouvais pas être une enfant et ce, malgré tout le mal que je pourrais me donner. Mes moments de jeux et de bonheur avec eux étaient un cadeau que j'acceptais avec joie, néanmoins j'avais finis par comprendre que ma vie était autre. Et aujourd'hui un autre cap avait été franchit. En effet j'avais tué un homme... de mes propres mains, mort pour avoir osé souiller cette petite fée. Aurais je du me contrôler ? Qu'étais je devenue à partir de ce moment ? Il était sur que dans mon moi je sentais un changement. Aurais je grandis ? Toutes ces questions, je les écrivis. Hors de question de les oublier. Ce qui me rappela mon projet avant que tout ceci ne survienne. Oui je voulais partir pour la forêt de Lalwende car la reine pleurait... Faire comprendre au peuple elfique que tous les impures n'étaient pas mauvais.

*  Partir à Lalwende... cela fait bien longtemps que je n'ai pas pris d'aussi grande décision. Mais je dois d'abord comprendre ce qui nous arrive à cette femme et à moi. *

Mes pensées furent interrompues là par un bruit sourd comme si quelque chose était rentré en collision avec un mur. C'était très certainement un animal, après tout ce ne serait pas la première fois loin de là. Ou bien les enfants ? Non il était tard pour qu'ils jouent encore dehors. Déposant mon cahier sur le lit à coté de moi, je décidais d'élargir mes sens. Jusque là renfermée sur moi même  je n'avais pas prêter attention aux alentours. Prenant un grande inspiration, calme à présent, je m'ouvris au monde. Et de suite près de là, je ressentis deux choses contradictoires. La plus grande était la peur. Une terreur même. Quant à l'autre, l'envie, la menace. De là je compris quelque chose. Soit un animal traquait sa proie étonnamment proche de chez moi, soit, c'était deux personnes. Fronçant les sourcils, je prêtais l'oreille car un grattement se fit entendre. Oui exactement contre ma porte j'en étais certaine mes sens ne se trompaient jamais ! Sur mes pieds en un temps record, je sortis de ma chambre et, me dirigeaient vers l'entrée. Il y avait quelqu'un derrière je pouvais clairement le discerner. une personne sans mauvaises intentions. Par contre une autre un peu plus lointaine, était bien plus inquiétante. Aussi, j'ouvris la porte silencieusement et rapidement. Juste derrière, les ongles abîmés d'avoir gratter le bois, je vis... une elfe. Après une ou deux secondes de stupeur, je pris soin poignet décidant que je n'étais plus à ça prêt aujourd'hui. Tirant la jeune inconnue à l'intérieur de la maison, je refermais la porte aussitôt et dirigeais l'elfe vers un siège non loin. Elle était loin d'être rassurée.

-Calmez vous, tout va bien vous ne risquez rien ici... entrepris je d'une voix douce, découvrant véritablement son visage. Elle était certainement pure, et j'espérais qu'elle n'hurle pas en me regardant à son tour. Ma main avait desserrer son étreinte mais je caressais doucement son avant bras et son poignet dans un geste apaisant. Je m'appelle Emy et vous êtes au village d'Umar.

Sentant l'elfe déroutée voire perdue, j'avais entrepris de lui donner des repères en quelque sorte. Ensuite, ne voulant pas l'effrayer de par ma couleur ou simplement à cause de ce qu'elle venait de vivre, je lâchais son bras et m'assis en face d'elle à un ou deux pas histoire de la laisser respirer et se reprendre. Je souriais. Plusieurs personnes s'étaient retrouvées à sa place depuis ce matin. Pourtant j'étais curieuse... Il m'étais rare de croiser une elfe pure si elle en était bien une et je la trouvais d'une beauté infinie. Des similitudes avec les fées mais en beaucoup plus mure et réfléchie. Un visage moins enfantin. Sans la fixer, je l'observais de temps à autre, comparant mes connaissances de la race avec cette inconnue. Après tout il me fallait attendre alors au lieu de tortiller mes vêtements, je cherchais les ressemblances ou différences entre nos deux races, ainsi que celle des drows, incluant même les demis elfes.

Incapable de définir la présence avide de méchanceté rôdant tout près d'elle, Thrilie trouva refuge dans la première maison venue. Ignorant jusqu'alors chez qui elle venait de gratter, l'Elfe fut néanmoins ravie quand le secours tant attendu lui fut finalement porté. Sans même s'y attendre, la porte s'ouvrit d'une volée puis sous l'attraction d'une poigne à la fois inconnue et bienvenue, la guérisseuse se retrouva à l'intérieur. À la suite de quoi, sa bienfaitrice lui fit alors savoir que désormais plus rien n'était à même de l'atteindre. Mais ce que toutes deux ne suspectaient guère, était qu'en réalité aucune personne autre que l'Elfe n'était à recenser. Éprise d'hallucinations auxquelles Thrilie prêta foi, elle finit par se convaincre de la réalité du danger, allant même jusqu'à faire ressentir à Emy la même chose que ce qu'elle même éprouvait. La fatigue due à sa longue route en était la principale responsable, mais la nuit couplée à la découverte de cette nature froide et menaçante n'arrangèrent en rien cette lassitude...

Ca ne sera qu'un instant plus tard, une fois ses émotions stabilisées, que le regard de Thrilie se posera sur le visage de celle qui venait de lui tendre la main. Elle lui souriait, en réponse à cela, l'Elfe lui sourit à son tour. Il était certes rigide par une peur encore marquée, mais la sincérité y était ! La guérisseuse lui était reconnaissante pour son geste. Or, la couleur de sa peau ainsi que la teinte de ses cheveux n'étaient point le genre de chose auxquelles Thrilie se fiait. En grande partie incomprise par son peuple pour sa façon de voir les étrangers, la prêtresse ne put compter que sur elle-même une fois que son lien privilégié avec la reine fut sectionné par Wusta. Dans sa grande sagesse, elle se persuada de la bonté dont elle faisait preuve au travers de son comportement envers ses cousins de race.


Cette maison lui rappelait la sienne par certains attraits, ainsi se sentit-elle rapidement rassurée. Et ce fut au travers d'un léger soupire que Thrilie se libéra de sa peur. Son haleine parfum d'écume se mélangea à la senteur boisée et végétale du logis. Le bon côté que trouvait la prêtresse au ressentiment de la crainte était le bien-être éprouvé que celui-ci laissait en s'en allant. De là, elle put se rendre compte qu'elle s'était effrayée toute seule, étant donné que son empathie ne lui révélait plus rien de menaçant. Or, si un individu rôdait réellement comme elle avait pu s'en convaincre, ses mauvaises intentions se feraient toujours sentir en son sein... Désormais confuse de cette méprise, Thrilie abaissa la tête en signe de reproche à son égard, une mine triste que sa vis-à-vis ne pouvait comprendre.

- Je vous prie de me pardonner... Chuchota t-elle honteuse. Je vous ai dérangée pour rien... je me suis laissée prendre au jeu de la peur, et je me suis alors imaginée des choses informes. Puis, relevant doucement la tête arborant cette fois les traits de la reconnaissance, elle ajouta : Merci beaucoup pour votre secours. Vous m'avez également dit tantôt que je me trouvais aux collines d'Umar ? Hmm, d'après ce que je sais de la carte, je suis bien assez loin de chez moi. Oh veuillez m'excuser ! Affirma soudainement la prêtresse. Avec tout ce remous j'ai omis de me présenter... Je m'appelle Thrilie et je viens de la forêt de Lalwende. J'ai descendu la rivière jusqu'ici, c'est pourquoi je semble si... perdue.

Ne souhaitant pas forcément être dans le devoir de se montrer redevable envers chaque inconnu qu'elle allait croiser durant son exil, Thrilie se contentera de demander à... Emy si elle avait besoin d'un soin quelconque afin de s'acquitter de sa dette avant de s'en aller. La prêtresse était consciente qu'elle allait devoir se forger une âme d'aventurière si elle voulait mener cette vie inondée de solitude et de danger. Car entre la solitude d'un chez-soi et la solitude d'une marche sans fin, il y avait un monde !

- Puis-je vous prodiguer un soin qui vous serait salutaire Emy ? Si oui dites moi votre mal et je m'y emploierais. Je n'ai nulle autre moyen pour vous remercier. Après quoi je m'en irai. Débita t-elle d'une traite.

La jeune femme que je venais de faire entrer chez moi venait de me sourire sincèrement. Ce à quoi je compris qu'elle était indifférente à ma couleur de peau mais pas à mes actes. A travers elle, je sentais la peur diminuer. Et chose étrange, plus aucune menace ne planait. Je compris à mon tour que la crainte de l'elfe s'était manifestée avec une telle force que j'avais ressentie menace par sa propre empathie... Et voila que mon invitée imprévue était à présent confuse, désolée et tout ce qui pouvait s'y rapporter. Je n'osais l'interrompre jusqu'à ce qu'elle finisse par se présenter. Ainsi elle venait bien de la forêt de mon enfance. Pourquoi s'en aller ? elle ne connaissait apparemment pas son chemin... et où allait elle ? Pourquoi se sentir ainsi menacée au point de provoquer ses propres craintes ? Tant de questions demeuraient sans réponse. En même temps ce n'était pas vraiment comme si je pouvais les lui poser, elle était en droit de faire ce qu'elle désirait et moi,  faire taire ma curiosité je devais. Ce qui était fort difficile.

-Ne vous excusez pas ...Thrilie. Il s'est passé bon nombre de choses ici la journée dernière et que cela continue cette nuit ne m'aurait pas étonnée.

Un silence s'installa car mes souvenirs ne pouvaient pas s'empêcher de refaire surface, et la jeune dame en profita pour prononcer des mots à une allure si rapide que je clignais des yeux, surprise de cette soudaine envie de partir. Avais je fais quelque chose de mal ? Ou tout simplement était elle pressée... Je dus réorganiser mes pensées moi qui m'étais dirigée vers une discussion, elle souhaitait me procurer un soin. Or je n'étais pas malade, ni même atteinte d'un mal quelconque. Quoique à bien y penser... Cette jeune femme pouvait elle éclaircir ces flash ? Calmer mon esprit ? hum... A vrai dire je ne voulais rien. Cependant Thrilie semblait penser me devoir quelque chose et je risquais de la vexer en refusant.

-Partir ? Vous souhaitez voyager maintenant ? J'avoue que j'aimerais vous retenir, cependant ce n'est pas ma décision. Une rumeur me revint à l'esprit à ce moment, bien sur il fallait la prévenir ! Par contre je me dois de vous avertir que dans nos bois rode une bête meurtrière semblable à un loup la nuit depuis quelques jours. Ne voulez vous pas au moins passer la nuit ici ?

Eh oui ce n'était pas dans le but d’avoir à tout prix quelqu'un près de moi mais bien afin de rendre sa route plus sure. Je ne savais pas s'il fallait ajouter foie à ces rumeurs mais je préférais prévenir que guérir en la matière. En parlant de soin, il me fallait donc lui répondre.

- Je n'ai aucun mal dont je pourrais me plaindre mais plutôt une étrangeté. Depuis quelques heures, à vrai dire depuis que j'ai croisé une jeune guerrière, j'ai des flash nous concernant alors que je suis persuadée ne pas la connaître. Pourriez vous les rendre plus clairs ou simplement savoir si c'est dû à l'imaginaire ou autre chose ?  

Voila pour ce qui était de la partie technique. Je n'avais aucune idée si elle pouvait m'aider mais je n'avais que ce problème à lui soumettre. Si toutefois malgré mes avertissement la jeune elfe était sure de vouloir s'en aller de suite, je lui proposerai un vêtement chaud ainsi qu'un plan de sa route si toutefois je connaissais l'endroit où elle désirait se rendre. Néanmoins au fond de moi, et cela devait se voir à mon regard pétillant, je souhaitais qu'elle reste. Déjà pour sa propre sécurité mais aussi pour essayer de parler et ainsi oublier quelques instants les sujets préoccupants. Car à n'en pas douter elle en avait aussi. Il n'y avait qu'à voir son empressement à repartir ou bien ses yeux tristes tout à l'heure. Nul besoin d'empathie pour comprendre cela. Et une nuit de repos ne lui ferait surement pas de mal non plus. Trop polie pour lui faire savoir mes envies je restais tranquillement à attendre avec impatience sa réponse. Tout en espérant que ce soit celle désirée.

À en juger sur sa réponse, rien n'était à même de perturber la résidente de cette demeure, y compris la visite impromptue d'une étrangère descendant tout droit d'une contrée insoupçonnée aux yeux de cette bourgade. Emy, comme elle disait se nommer, avoua s'être faite à ce genre d'évènement ; évènement que les gens du commun s'évertueraient à qualifier : d'embêtement. Un sourire oblique apparut alors sur le visage de Thrilie. Elle ne put se retenir en dépit de la force qu'elle y mettait, mais elle ne pouvait ignorer l'étrangeté de la chose. À savoir que lorsque Thalierya s'était derechef matérialisée chez elle, l'Elfe se sentie comme Emy en ce même instant. Après avoir franchie mystère sur mystère, aucun tohu-bohu ne serait à même de la décontenancée. C'était comme se familiariser à un son continu, et que seul le silence pourrait s'en venir déranger. Là c'était la même chose, le calme après tout ce mouvement se commuait d'avantage en une angoisse qu'en une paix durable...

Puis c'est alors que les émotions d'Emy changèrent du tout au tout ! Dés l'instant où l'Elfe fit mention de son départ imminent, une opposition naquit dans le coeur de sa vis-à-vis ! Elle ne l'exprima guère par les mots, mais l'empathie de Thrilie s'en chargea très bien sans. De toute évidence, la demoiselle n'avait point l'habitude de côtoyer des gens investis par ce même don. Sinon quoi, elle aurait appris à se contrôler depuis son fort intérieur. Toutefois, ce qu'elle lui conta par la suite n'avait rien de rassurant ! Pour l'instant ça allait, du moins.. autant que faire se pouvait. Mais la prêtresse restait convaincue qu'une fois qu'elle mettrait le nez dehors, ses paroles ne cesseraient de la hanter... Une bête meurtrière avait-elle dit... si un rien lui suffisait à être la proie d'une terreur nocturne, alors qu'en serait-il d'un danger physiquement présent ? Mieux valait l'ignorer.

- Je... hahem... Glissa t-elle entre deux. je vois. Quant à passer la nuit ici, c'était peut-être prématurée comme proposition. Bien que rien de mal n'émanait d'Emy, Thrilie n'était pas femme à se laisser couver. Le contraire en revanche était quant à lui permis !

La prêtresse ne put donner suite à ses balbutiements, et pour cause ; la métisse finit par lui faire part d'un mal dont elle ignorait la provenance, et que cela l'inquiétait. D'après ses dires, elle souffrirait d'une amnésie sur des souvenirs qui ne seraient pas d'elle. Il fallait bien admettre que c'était confus ! Sa première impression se reporta tout naturellement sur cette rencontre, cette prétendue guerrière... Lui aurait-elle en réalité, envouté l'esprit ? Aucune hypothèse n'était à écarter, mais il fallait avant toute affirmation, qu'elle en explore les recoins.

- Étant donné le récent de ce mal, ça ne devrait pas poser de problème. Rassura t-elle avec sincérité. Veuillez s'il vous plait abaisser votre tête, puis fermer les yeux. De là, Thrilie imposa deux doigts sur les tempes d'Emy avant d'entrer dans un état second, une transe. Ne craignez rien, je ne vous ferais aucun mal... Ajouta la prêtresse sur un ton soporifique. Les secondes passèrent, avant que de l'eau ne se mette à ruisseler sur le visage de la métisse. Faisant fi de la gravité, les gouttelettes coulèrent depuis les doigts de la prêtresse, puis, atteignant presque son cou, s'en remontèrent brusquement jusque dans ses narines. Cependant, toutes n'empruntèrent pas le même chemin, à savoir que d'autres passèrent par ses yeux, ses oreilles et sa bouche. Cette eau si légère n'aura guère plus d'effet qu'une brise fraiche pour les sens d'Emy. Une sensation qui devrait la détendre pleinement.

Le cerveau était la cible à atteindre, et une fois que ce fut chose faite, Thrilie put directement se connecter aux souvenirs altérés de sa patiente. Elle vit alors cette fameuse guerrière se tenant au beau milieu d'une vaste étendue verdoyante, et... impossible d'en connaître la suite, comme si le "film" était cassé. Les parties nerveuse et chimique ne donnant rien, la prêtresse se mit alors en quête d'une éventuelle lésion ! Une déchirure qu'elle n'eut aucun mal à déceler. Mais le plus curieux ne résidait pas en sa présence, mais en sa nature ! Il s'agissait sans doute possible d'une blessure magique ! Se refusant d'y toucher au vu de son ignorance, Thrilie retira ses mains ce qui, ce faisant, fit instantanément disparaitre l'eau qu'elle avait matérialisée.

- Vous avez bien quelque chose Emy... Reprit-elle méditative. Je suis au moins sûre d'une chose, ce n'est pas à titre définitif. Votre blessure a déjà commencé à se résorber. Seulement, je peine à comprendre sa provenance. Si il ne s'agit pas d'un sortilège, ni d'un coup, alors que reste t-il ? Rassurez-vous je n'attends pas de réponse, je pense tout haut rien de plus. Puis après un court instant de silence, l'Elfe ajouta subitement : Cela me fait penser à une chose, mais pour que j'en sois sûre, il faudrait que je vois aussi cette guerrière dans les plus brefs délais, vous pensez pouvoir arranger ça ?

Au diable les civilités ! Thrilie était ainsi faite, lorsqu'elle avait voix au chapitre sur une éventuelle guérison, rien ne pouvait la freiner, pas même la Reine ! Alors que pourrait faire la pauvre Emy face à une telle détermination ?

Le sourire oblique de la jeune femme me  fit penser que je n'étais peut être pas la seule à passer des journées plutôt mouvementées en ce moment. D'autant plus que, incapable de cacher mes émotions, j'étais en train de donner ma propre angoisse à l'elfe devant moi. Je ressentais de la perplexité en elle également. Peut être les habitants de Silmariën n'étaient ils pas aussi directs. Je vivais au contact des humains et surtout des enfants depuis si longtemps... Il fallait que je m'adapte et ajoute un peu de sel dans mes paroles... mais c'était elle qui voulait prendre soin de moi, alors pourquoi être si sceptique quant à mes propres dires ? Elle avait choisit de se concentrer sur mon problème de mémoire. Pas compliqué ? mouais. Après avoir baissé la tête à la demande de Thrilie, celle ci imposa ses mains sur mes tempes. Je me forçais à rester sur place rassurée par ses paroles suivantes. Je n'étais cependant pas tranquille. Je vis ensuite comme de l'eau sur ses mains... mais étrangement je ne ressentis rien d'autre qu'une brise fraîche tout à fait agréable. Je n'étais pas au septième ciel mais demeurait un minimum détendue ce qui était déjà rare.

*Que trafique t'elle ? je ne connais rien à ce genre de... guérison. Si ça se trouve elle peut lire mes pensées et...*

La fin de l'intervention de l'elfe freina le court de mes pensées légèrement paranoïaque. Quoique ... Bref pas le temps de s'y attarder car j'avais bien quelque chose. Ça je l'avais compris. Pas définitif ? c'est à dire ? les souvenirs allaient s'estomper ? J'avouais sans mal ne pas comprendre grand chose à son histoire de provenance non plus. Ce qui était clair c'est qu'elle ne pouvait pas expliquer ce qui m'arrivait mais que ça se résorbait. hmm ça ne m'aidait guère néanmoins Thrilie avait une idée. Et cela impliquait de voir cette femme, Myla, rapidement.

-Quoi ? mais euh... enfin je...

La détermination de la jeune guérisseuse se heurta à mes essais d'explication. Elle tenait absolument à la voir, et apparemment, ne changerait pas d'avis. Je devrais faire la même chose en l'invitant à passer la nuit ici, peut être serais je plus convaincante ? Je ne doutais pas de sa sincérité, rien de mal ne plainait en elle. Et puis n'était elle pas de ma famille en quelque sorte ? une partie de moi, la moitié de ma race. Souriant à cette idée, je pus enfin lui parler convenablement.

-Vos... méthodes me sont inconnues mais je vous crois. Quant à aller voir cette jeune guerrière, je veux bien tenter, mais je ne vous garantis pas qu'elle sera d'accord, elle semblait éreintée. Elle est à l'auberge du village.

Fallait il mieux que je ramène Myla ici, ou bien que la jeune guérisseuse vienne avec moi ? Non la guerrière ne voudrait pas sortir à moitié endormie. Mon esprit me soufflait qu'une grande fierté émanait de la petite dame. J'invitais donc mon invitée à avancer vers la porte, annonçant ainsi mon intention d'aller aux milles et une nuits. Elle était pressée d'en découdre, et moi plutôt gênée.

=> [OUT   l'auberge ici]

Non pas que dormir a côté de Thrilie était une épreuve, surtout que pour une guerrière le terme "à la guerre comme à la guerre" était bien connu. Mais le choix lui était donné, et comme la magie la rendait mal à l'aise, et qu'elle faisait autant preuve de pudeur que de modestie, Myla opta pour la couche au sol non loin de celle d'Emy. Elle ne manqua d'ailleurs pas de remercier la jeune Elfe pour le confort prodigué, surtout qu'elle n'en demandait pas tant. Mais la rousse n'ajouta rien de plus, et pour cause, il n'était pas difficile de voir que son hôte était préoccupée par toute une foule de pensées plus mornes les unes que les autres. Une longue route les attendait, et se laisser aller à une discussion maintenant ne serait pas judicieux étant donné les émotions éprouvées au cours de cette dernière heure. La fatigue les tenaillait toutes trois, dormir était donc la meilleure chose à faire. Les idées seront plus claires à l'aube.

- Bonne et douce nuitée, reposez-vous bien. Formula posément Myla avant de s'allonger sur le dos.

La guerrière qu'elle était n'avait pas retiré son armure. Sans vraiment en avoir conscience, Myla mettait un point d'honneur à veiller sur les deux futures endormies avant que Sinah ne la fasse sombrer à son tour. En tant que combattante, il fallait qu'elle soit prête en cas de problème. Fixant un moment le plafond, Myla finit par jeter un oeil en direction de Thrilie qui semblait s'être déjà endormie sur le lit d'Emy. La guérisseuse s'était littéralement enroulée dans la couverture, elle ressemblait à une de ces spécialités de la terre du Phénix, du hachis de viande rouge emmitouflée par de la pâte ; le cannelloni. Cette pensée frivole ne manqua point de la faire sourire en plus de provoquer un petit grondement au niveau de son estomac. Hmm, ce n'était pas très professionnel comme comportement. Allez, un peu de sérieux, le plafond devrait l'y aider...

Pendant ce temps, à la lisière de la forêt...


La rôdeuse du village se préparait à faire sa ronde pour la seconde fois au cours de cette nuit, quand soudain, une braisette s'en vint frôler sa chevelure avant de finir sa course ardente dans la rivière qui faisait frontière entre l'épaisse forêt et la bourgade. Ayant déjà assisté à l'extinction de plusieurs incendies, Erinaë savait en reconnaître les signes. Grimpant alors en toute hâte jusqu'au sommet du plus grand arbre qu'elle avait à sa portée, la rôdeuse afficha un étonnement sans précédent sur son visage délicat, à tel point que sa peau lui tira à la commissure de ses lèvres. Les collines étaient auréolées d'un orange encore plus vif que celui du soleil en plein mois de Pyros. Puis très vite, une bourrasque brûlante lui fit rougir les joues en plus de lui roussir les pointes de ses cheveux fouettés par le vent toujours plus violent et cuisant à mesure que les secondes passaient...

Sautant avec grâce de son perchoir, Erinaë se réceptionna en roulade avant d'enchaîner par une course effrénée jusqu'au village. Se saisissant de son cor de chasse en chemin, elle souffla dans l'instrument avec tout l'air qu'elle pouvait emmagasiner. Tous les habitants connaissaient le son particulier que faisait la corne de la rôdeuse, mais afin d'être certaine de les faire réagir comme il se devait face à une catastrophe imminente, cette dernière se mit à tambouriner à un maximum de portes, dont celle de la demeure d'Emy, tout en claironnant :

- ÉVACUEZ, ÉVACUEZ ! COUREZ, COUREZ !!! Erinaë s'écriait sans cesse ces mêmes mots tout en faisant des mouvements amples avec son bras afin de démontrer à toutes ces bonnes âmes la direction qu'il fallait prendre.


Ce raffut de tous les diables fit sursauter Thrilie comme jamais auparavant ! Poussant un petit cri de surprise, elle se retrouva au sol l'instant d'après. La cause de ce vacarme ne s'était pas contentée de cogner à la porte, mais l'avait également ouverte ! Et malgré son cerveau en état de flottaison, la guérisseuse comprit rapidement qu'un feu d'importance menaçait à cause de la braise ainsi que du vent rougeoyant qui l'accompagnait. En dépit de la couverture qui l'enserrait encore, Thrilie parvint à se mettre debout avant de la retirer d'un seul geste. Ne se préoccupant ni d'Emy, ni de Myla ainsi que de l'effervescence qui prenait corps à l'extérieur. La prêtresse se concentra uniquement sur le danger qui les menaçait. Toutefois lorsqu'elle mit le nez dehors, elle dut mettre son bras devant son visage afin de ne pas trop souffrir de la chaleur. Le vent de Timur était violent et continu, chose impossible en dehors du mois d'Anemos !

Avançant à grande peine face à la rafale, Thrilie ne comptait pas laisser la contrée toute entière se faire engloutir de la sorte. N'étant désormais plus qu'à un jet de pierre de la rivière, la prêtresse se mit à prier Kirenna. Oui, même si l'occasion ne m'en laisse guère le temps, il est bon de savoir que Thrilie est polythéiste, ce qui est extrêmement rare, voir même contre-indiqué lorsque l'on oeuvre dans la prêtrise.

-***Ô Kirenna, entendez votre fidèle servante. Donnez-moi la force de pallier à ma fatigue afin de sauver tous ces gens d'un bien funeste trépas !***

L'embrasement n'était plus qu'à une vingtaine de secondes du village, alors écoute ou pas écoute de la part de la Déesse des océans, Thrilie réunit les quelques forces qui lui restaient afin de faire appel à son élément, l'eau. Depuis le dessous de ses pieds, la terre gronda, quand tout-à-coup, un geyser d'une puissance inouïe happa l'Elfe dans son intégralité. Au coeur de tout ce liquide sous pression, la prêtresse se mua en une sorte de créature hybride mi Elfe mi Sirène. Et pour cause, quand le geyser se tut, il laissa se dessiner une silhouette qu'on ne connaissait pas de Thrilie...


La flaque profonde dans laquelle la prêtresse baignait désormais, lui permit de se mouvoir sans être handicapée par sa queue de poisson. Le temps était à présent venu de mettre à profit son adoration pour Kirenna. Par des gestes à la fois vifs et gracieux, Thrilie fit enfler la rivière qui lui faisait face jusqu'à la changer en torrent ! Les flammes se rapprochant faisaient un tel vacarme que le sol en tremblait, mais l'eau était plus bruyante encore ! Si jamais la prêtresse ne parvenait pas à stopper la déferlante, l'ensemble de la population des collines d'Umar allaient trouver la mort. Grâce à cette pensée cataclysmique, Thrilie puisa dans ces dernière ressources afin de faire s'élever l'eau à plus de quinze mètres de haut pour une largeur d'au moins trente mètres. En bref, c'était à la fois effrayant et impressionnant de voir une telle force à l'oeuvre.

Quand le brasier heurta le mur d'eau au summum de sa force, l'impact fut semblable à celui d'une petite météorite s'écrasant sur terre. Une puissante onde de choc projeta les fuyards qui se trouvaient à plus de cent mètres du barrage, je vous laisse donc imaginer la torgnole que s'est pris Thrilie. En dépit de la douleur, de son assourdissement et étourdissement, l'Elfe parvint à maintenir le mur d'eau au moins dix bonnes secondes avant que ses forces ne l'abandonnent. En s'affaissant, les flots inondèrent tous les environs, allant jusqu'à s'engouffrer dans la maison d'Emy au même titre que l'auberge des mille et une nuits. Mais pour ce qui était de l'embrasement, il ne restait plus qu'une vaste étendue de flammes bien amoindries.

Mais cela ne concernait plus Thrilie qui ne pouvait absolument plus rien faire. Après avoir recouvrée sa forme originelle, elle se déplaça à l'instar d'une momie sortie de sa crypte jusque dans la demeure de l'Impure. Et quand bien même son lit flottait sur plus de cinquante centimètres d'eau, l'Elfe se laissa littéralement tomber à plat ventre sur la largeur de ce dernier. Ses jambes dépassaient mais ça n'avait plus d'importance, puisqu'elle dormait désormais d'un sommeil profond, très proche du coma.


[...suite de ~ICI~]

- Des manants qui ne sont pas sans ressources, voilà qui promet d'être intéressant ! Jubila Umar depuis les cieux.

[Annonce : Nouvel ordre RP : Emy, Mayufu et PNJ ]

Je ne pouvais m'empêcher de regarder Myla de temps à autre. La guerrière s'était allongée et m'avait même souhaité une douce nuit, ce à quoi je lui avais répondu à peu près la même formule. En fait ce que me tracassait davantage, c'était que la jeune femme n'avait même pas enlevé son armure... Etait elle toujours en alerte comme ça ? Pourquoi ? Il n'y avait tout de même rien qui puisse normalement troubler encore notre nuit, surtout après les événements des derniers jours... Les abysses avaient surement d'autres pions pour s'amuser non ? De toute manière, il me fallait dormir. Je décidais d'utiliser une des méthodes de mon enfance, à savoir inventer une histoire afin de sombrer dans les bras de Sinah.

Je ne sais combien de temps dura mon sommeil mais ce fut court... quelques minutes ? Lorsque j'entendis une corne bien connue qui me réveilla et m'incita à me lever au plus vite. C'était Erinaë la rodeuse. Et pour qu'elle lance son signal... cela signifiait un grand danger. Un tambourinement à la porte suivi d'une invective criée ne fit que renforcer cette idée. Décidément le destin était contre nous aujourd'hui... Je regardais un instant Myla, puis filait en direction de l'extérieur remarquant alors que j'avais été devancée par Thrilie. Tout en la cherchant des yeux, je sentis une chaleur qui me fit fermer un instant les yeux et sentit un vent normalement impossible en cette période.

*Non mais c'est pas vrai ! Par Hithar qu'est ce qu'on a fait pour mériter ça ?*

Mes yeux n'étaient que deux énormes billes rondes. J'étais totalement impuissante face à ce qui nous attendait. Le feu... il brûlait la terre que j'aimais tant, celle qui m'avait accueillit et qui était aussi mon élément. Mais face aux flammes je ressentais la détresse de la flore, de toute cette nature qui mourrait. Les larmes aux yeux, toujours devant la porte de ma petite maison, je vis alors Thrilie. En fait je ne fis que l’apercevoir car l'instant d'après un geyser impressionnant l'enveloppa totalement.

-THRILIE ! ne puis je m'empêcher de crier, la main sur la bouche, regardant fixement le point où elle venait de disparaître.

Heureusement, l'eau sous pression retomba bientôt et un visage apparu au milieu de l'immense flaque qui s'étendait à sa place. A vrai dire j'étais également dans l'eau... mais cela n'entrait pour le moment pas dans mes considérations. car la personne que je voyais devant moi, je ne la connaissais pas. Pourtant ses émotions me permirent de reconnaître celle qui avait été engloutie quelques instant plus tôt. Mais son physique....

Arrrghhh.... je dus bientôt boucher mes oreilles et essayer de ne pas tomber car le bruit provenant des flammes, ajouté à celui de l'eau que la prêtresse semblait à présent maîtriser était complètement assourdissant. Je trébuchais plusieurs fois, ne sachant pas où me diriger. Fallait il rester sur place pour aider Thrilie ? courir plus loin ? Il était pour moi évident que l'eau triompherait du feu, et finalement je décidais de rentrer à l'intérieur de ma maison. Je ne pouvais venir en aide à la guérisseuse, pas maintenant alors que les deux éléments allaient s'affronter, mais je voulais rester à proximité afin de pouvoir me jeter dans la mêlée dés que ce serait possible. Aussi je passais le seuil de chez moi une seconde fois vers l'intérieur à peine deux pas, lorsque le choc me fit valdinguer contre le mur de gauche. Les flammes et l'eau venaient d'entrer en collision. Heureusement je ne perdis pas connaissance, néanmoins je fus incapable de bouger comme si une force me maintenait collée au mur. Puis brusquement tout cessa. Je retombais alors que des vagues d'eau envahissait à présent l'intérieur de ma maison.

Je me battis pour me lever et retourner à l'extérieur, chassant l'eau avec mes mains. Dehors tout était désormais plus calme. Le plus gros des flammes était éteint, l'essentiel était maîtrisé. Un soulagement immense m'envahit lorsque je vis une silhouette connue qui avançait vers moi. Elle ne sembla pas me voir, rentra et s'effondra sur mon lit. Je sentis de suite qu'elle n'était pas morte, juste épuisée. Ce fut pour quoi je n'allais pas la voir. Je me tenais devant la maison, incapable de bouger. Tout s'était déroulé tellement vite. Mon instinct me disait d'aller aider les voisins, chercher les blessés, éteindre les dernières flammes. Mais mon corps ne voulait pas suivre. Sous le choc, je remarquais alors que j'avais perdu de vue depuis un bon moment ma deuxième compagne d'infortune. Ou était donc passée Myla ? Je l'appelais doucement, d'une voix où perçait la crainte. J'avais eu tellement peur. Le feu était une de mes phobie, tant il répandait la mort, et me faisait sentir impuissante. Je tremblais, et je n'arrivais pas à m'arracher à la vue du village noyé, mais qui s'en sortait de façon miraculeuse grâce à Thrilie.

-Myla ! Appelais je plus fort, les larmes menaçant de couler sur mes joues déjà mouillées. Je savais que la guerrière pourrait me faire réagir, ou me rassurer. Je ne savais pas d'où venait ce puissant pressentiment mais j'en étais certaine.

À cet instant précis, Mayufu ne se doutait guère que le feu qu'elle venait d'allumer allait devenir un brasier. Tout au plus, elle aurait juste brûler un arbre, c'est tout, juste pour s'amuser et se remonter le moral. Mais il s'avéra vite que ceux se trouvant en lisière de la forêt étaient vraiment secs et un petit coup de vent emportant une étincelle aurait suffit à lancer l'incendie... Enfin peu importe, elle ne s'en sentirait pas responsable pour autant. Le plus important, c'était qu'elle avait retrouvé sa combativité et rendu compte à Umar de ce qu'elle souhaitait désormais faire et lui promis de ne plus faiblir à l'avenir. Quoi qu'il puisse se passer, Mayufu se promis de tuer un maximum de personne, de ravager un maximum de village, voire ville ou capitale, seule avec son amie. Se promis de lui vouer un culte à chaque meurtre, de lui montrer l'amour qu'elle lui vouait, car telle était l'essence même de la Sorcière des Flammes.

Durant toute sa vie qui avait précédé la rencontre avec Umar, elle l'avait passée à haïr le monde qui l'entourait, à le détruire, incapable d'y trouver sa propre place tant elle était rejetée à cause du sang souillé qu'elle possédait. Et quant bien même elle ne se trouvait pas dans le même monde, elle accordera le même châtiment à ses chacun de ses habitants, sans exception !

Les flammes prenant de plus en plus d'ampleur dans son dos, Mayufu attendait une réaction de la part de son amie. Mais avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit, un hurlement surgit de la forêt ! D'un bond, la fille aux yeux de braises fit volte face et scruta la pénombre tout en reculant rapidement pour se rapprocher d'Umar et s'éloigner du danger. Un second hurlement se fit entendre, qui la crispa davantage, ne réussissant pas à localiser d'où il venait et surtout... ça se déplaçait bien trop vite ! Son regard filait d'un coin sombre à l'autre, espérant y détecter cette présence. Ses oreilles n'entendaient rien du tout, seulement le battement de son cœur qui tambourinait contre sa poitrine. L'agacement et l'énervement prenant place en elle, une flamme fit son apparition devant son œil gauche, bien vivante, donnant une allure bizarre à ce que pouvait voir ces yeux. Tout lui paru étrange, tout lui paru passer au ralenti tellement l'adrénaline était haute mais en réalité, tout se passa très vite. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce qu'elle voyait qu'un troisième hurlement, à en glacer le sang, surgit dans son dos. Il était extrêmement proche. L'information n'eut pas le temps de lui remonter dans le cerveau qu'elle se fit étreindre par la Sorcière des Ténèbres et le sol se déroba sous ses pieds à une telle vitesse qu'elle manqua de s'évanouir tant sa tête tournait et qu'elle manqua d'air.

Les paroles d'Umar la firent revenir à la réalité de suite, le temps que son corps s'adapte à une telle prise d'hauteur. Une fois ses esprits retrouvés, elle perçu les cimes des arbres bien en-dessous de ses pieds mais sa vision n'avait pas changé. Elle paraissait toujours étrange, comme si elle voyait la chaleur... Bien que la flamme devant son œil gauche avait réduit en taille, elle n'était pas brûlante ou même chaude. Sa respiration quant à elle peinait à se faire correctement tant la sorcière des Ténèbres la serrait fort par la taille. Dans leur ascension, elle avait perçu l'énergie que Umar avait déployé autour d'elles et, difficilement, elle entendu le dernier cri de la créature au loin... Elle ne parvenu pas à comprendre ce dernier hurlement qui semblait si différent des premiers mais préféra n'y accorder aucunes importances pour le moment. Le premier objectif était.... de respirer !

- Je te remercie... profondément de m'avoir... sauvée... Tenta t'elle de dire en desserrant l'étreinte de la sorcière sur sa taille, juste un peu. Mais je vais mourir étouffée sinon.

Respirant profondément et lentement, peu habituée à une telle prise de hauteur en si peu de temps, ses oreilles se débouchèrent et elle parvint enfin à discerner tout ce qui se trouvait autour d'elle. Se tournant sur elle-même, dos contre son amie, elle pu observer le paysage qui s'offrit à elle. Umar l'avait embarquée à plusieurs centaines de mètre de haut en une fraction de seconde. Heureusement que Mayufu n'avait pas le vertige... Mais sans ça, elle ne serait probablement plus de ce monde et rien que d'y penser, une colère l'envahit subitement et elle se promit, intérieurement, qu'elle ferait payer à cette chose le moment venu ! Évidemment, sa fierté la fit se sentir honteuse d'avoir été sauvée et de n'avoir rien pu faire face à ce monstre sortit de nulle part mais elle préféra cela que d'être morte, tout compte fait.

- Je ne sais pas ce que c'était.... mais on la retrouvera et on lui donnera le sort qu'elle mérite. Dit-elle à haute voix, soudainement. Serrant ses mains dans les siennes, observant le feu qu'elle avait déclenché prendre de l'ampleur. La chaleur se faisant sentir jusqu'ici. Merci... Umar.

Soudainement, le vent se leva de façon inattendue, s'engouffrant entre les arbres et donna une impulsion supplémentaire aux feux déjà présent et de se transformer en un immense brasier. Le regard de Mayufu s'émerveilla de voir cette force de la nature à l'œuvre, de ressentir la chaleur qu'elles dégageaient à une telle distance et de voir toute cette forêt se faire détruire. Son cœur battait vite, d'excitation, ce qui lui fit oublié, l'espace d'un instant, qu'elle avait manqué de mourir. Grâce à ce vent, le feu se déplaçait très vite et au loin, elle aperçu ce qui semblait être un village. Des faibles éclairages illuminaient ce qui ressemblaient à des rues, au loin. Le vent devenant pour sa part de plus en plus puissant... mais Mayufu ne se préoccupa pas de son origine, trop prise par "sa création".

- De toutes manières, les gens sont terrifiés par n'importe quoi, ils sont faibles ! Lui donna t'elle en réponse à sa remarque. Allons directement sur place, non ? Là ils pourront réellement avoir peur ! Proposa t'elle avec insistance, voulant voir de ses propres yeux ce village dévoré par les flammes.

Mais la Sorcière, pas son absence de réponse, sembla pas tout à fait de cet avis et se contenta de rester en hauteur. Mayufu comprit qu'elle ne devait pas insister et tendit la main devant elle, en direction du village, ressentant la paroi de la bulle qui les protégeait. Elle observa attentivement l'agitation soudaine qui y régnait. Le mur de flamme s'approchait rapidement, le vent ne cessa pas de souffler. Plus les flammes arrivaient à destination, plus l'excitation de la jeune fille montait en elle, pleine d'impatience. Si seulement elle pouvait interagir avec ses flammes, de là-haut...

Mais soudains quelque chose d'autre inattendue se passa ! Un immense geyser d'eau surgit au abord du village, face aux flammes. Qui que ce soit ou comment il avait pu apparaître, la sorcière des flammes s'en fichait, elle était seulement agacée de voir à nouveau quelque chose se mettre en travers de leurs routes. Les deux mains appuyées sur la paroi de la bulle d'ombre, elle fixa cette autre puissance inconnue. Une immense barrière... d'eau se tenait face à son brasier. Ce mur était immense et quand ce dernier se heurta aux flammes, une énorme onde de choc se répandit ainsi qu'un intense nuage de vapeur. Couchant les arbres les plus faibles aux alentours, arrachant des toitures des maisons les plus proches et les cabanes fragiles se firent emporter par ce choc. La puissance était telle qu'elle se fit sentir contre la paroi de la bulle d'ombre lorsqu'elle la frappa, traversant les mains et bras de Mayufu qui fut obligée d'assister à la fin de son brasier. Impuissante. En colère. Fermant les yeux, inspirant longuement et soupirant...

- Comme tu dis, ça va être intéressant et rien que pour avoir éteint mon brasier, je souhaite que ce village ne puisse plus jamais revoir l'aube et qu'on aille massacrer cette putain de chose qui a voulu nous avoir par surprise !  Dit-elle sur on ton déterminé, colérique et frappant du poing droit la paroi protectrice de la bulle. Mais faudra que je bute de mes mains la personne qui a arrêté mon feu aussi tant qu'on y est.

**Il est hors de question que ce soit un fardeau pour Umar, hors de question !**

Elle savait au fond d'elle que ce serait très risqué que de se poser là au milieu sans savoir qui était la personne à l'origine de ce mur d'eau, sans parler que la grotte où elles avaient été attaquées était pas si loin... La frustration qui l'envahissait pouvait se sentir facilement pour Umar. Intérieurement, Mayufu brûlait d'envie de massacrer ce village pour avoir contrarier ce qu'elle voulait voir... d'avoir éteint son brasier. Mais ne voulait pas non plus prendre de risque pour Umar et de nouveau être le boulet que l'on doit sauvé parce qu'elle avait agit sans réfléchir. Elle s'accorda avec elle-même d'accepter d'être simple spectatrice devant tout ça avant de sauter dans l'action. Mais une chose était sûre... une fois qu'elle y serait, elle se jura bien que personne, PERSONNE, n'en sortirait vivant.

Depuis un certain temps déjà, Myla s'était forgé un instinct capable de la prémunir d'un certains nombre de dangers, mais cette liste ne prenait pas en compte les brasiers et autres cataclysmes que l'on pourraient associer à ce type de désastre. Ce fut pour cela que la surprise fut totale lorsque la rôdeuse de la contrée s'en vint violenter la porte d'Emy. En dépit de sa pesante armure, la guerrière se leva d'une traite. Le bruit des flammes s'approchant lui vrombissait littéralement les tympans, une preuve plus que suffisante pour animer la petite dame d'une volonté dont seule elle avait le secret. Alors que Thrilie empruntait le chemin de droite, Myla se précipita en toute hâte sur la gauche, non sans un dernier regard pour son hôte. La jeune Elfe semblait perdue, mais n'était guère en proie à la panique comme ces pauvres villageois qui commençaient à courir dans tous les sens pensant déjà leur sort scellé par l'étreinte glaciale de la mort. Aux yeux de la guerrière, la priorité se trouvait là. Le feu ne l'effrayait guère, et quand bien même elle ne pouvait rien contre l'appétit insatiable de la déferlante, Myla ne comptait pas rester sur la touche avec le vague espoir d'être épargnée. Remarquant du coin de l'oeil un jeune couple et son bébé complètement pétrifié par ce qu'il voyait, la guerrière dû agir pour eux...

- Serrer bien votre dame contre vous, et suivez-moi ! Avait-elle hurler afin de se faire entendre dans tout ce vacarme.

L'homme aurait beau avoir une opinion à formuler, Myla n'en n'avait que faire, tirant le malheureux avec force, elle lui démit l'épaule afin de le conduire jusqu'au puits situé à l'arrière de l'auberge qu'elle venait de découcher. Le garçon oublia sa douleur afin de garder sa belle auprès de lui, s'assurant qu'elle ne souffrait d'aucun mal, ainsi que son bout de chou, il ne se rendit point compte de ce que faisait sa sauveuse providentielle.

- SAUTEZ ! Venait-il d'entendre. Hein quoi ? Sauter ?  Mais où ça ? Pas le temps de murmurer ces mots qu'un nouveau hurlement le poussa à obéir. Vous savez, c'est un peu comme dans ces instants lorsque vous êtes sur pilotage automatique car vous êtes surmené, ou simplement saturé. Quel que soit l'ordre que vous recevrez, vous l'exécuterez. Eh oui, comme dirait Myla, la réflexion tue plus souvent qu'une lame... La réception fut brutale mais aucun os ne fut rompu, et pour cause ; la noble Dame avait pris soin de boucher le puits avec son bouclier maintenu à la paroi par son épée, improvisant ainsi un perchoir pour nos trois infortunés qui devraient pouvoir survivre à une rafale de feu, espérons juste qu'elle ne soit pas trop longue...

Jetant un rapide coup d'oeil en direction du sinistre, Myla s'étonna de ne pouvoir le percevoir. Une immense colline aqueuse se dressait désormais entre le hameau et le brasier ! Encore de la magie... et bien que c'était avec un pincement au coeur qu'elle le reconnaissait, la guerrière admettait, dans une certaine mesure, les bons côtés des arcanes. Entre de bonnes mains et un esprit sain, les arts célestes n'étaient guère plus dangereux qu'un poignard bien affûté. Toutefois, il faudra du temps, beaucoup de temps à Myla pour savoir vivre avec ce genre de chose, car jusqu'à présent, elle avait tout fait pour rester au plus loin des lanceurs de sorts. Mais avec Emy et Thrilie, la thérapie allait être courte et intense... surtout au train où c'était parti. Et même si elle ignorait encore que c'était la guérisseuse qui avait gonflé la rivière, pour la petite rousse, ça ne faisait pas grande différence, elle n'en demeurait pas moins plongée au coeur des éléments.

Toutefois, se doutant du choc que les flammes allaient générer en se heurtant au mur d'eau, la guerrière scruta rapidement les alentours, et c'est là qu'elle le vit... un garçonnet d'à peine six ans s'était recroquevillé sous une charrette. Le pauvre enfant avait sans doute dû être oublié durant la débandade. Une pensée haute en couleur pour les parents responsables de cette bévue avant que Myla ne se précipite vers lui. Le bruit de l'eau et du feu était à présent si fort que le sol en tremblait ! Au moment de l'impact, la guerrière eu à peine le temps de sauter au devant de l'explosion dans l'espoir de préserver le petit, que des éclats de toutes tailles et de toutes formes mitraillèrent littéralement son armure. Le souffle qui s'en suivi quant à lui, balaya la petite rousse comme s'il ne s'agissait que d'une brindille. Loin de se laisser dominer par toutes ces forces, Myla en profita pour attraper le garçon avant de le plaquer contre son giron. Puis ce fut au tour de l'eau de s'en venir les frapper, à partir de là, la guerrière se releva tout en portant l'enfant. Ce ne fut pas facile, mais elle y parvint. Sa première préoccupation fut d'examiner l'infortuné, mais en passant la main derrière sa tête, elle sentit quelque chose de dur et rêche fiché dans sa chair. La guerrière n'eut qu'à regarder son visage blême figé sur une expression éteinte pour se rendre compte qu'il venait de quitter ce monde... En dépit de tous ses efforts pour le sauver, elle n'y était pas arrivé. Tout comme pour sa soeur, Kinsy, elle fut impuissante.

En d'autres temps, Myla se serait mise en quête du responsable de ce brasier, mais le devoir l'appelait par ailleurs ; Zanérim. Emy, Thrilie ainsi qu'elle-même allaient devoir placer leur confiance en la rôdeuse de cette contrée. Et pour cause, il était tout bonnement impossible d’œuvrer sur tous les fronts, et quand bien même son coeur se déchirait entre rendre justice au peuple que Emy chérissait, et honorer la promesse faite à un mourant, elle se devait d'y faire face. Dans un monde aussi impitoyable que celui-ci, un seul objectif suffisait amplement. Sinon, à trop vouloir en faire, rien ne se ferait concrètement... et là, c'était l'expérience qui parlait.


Surplombant le village rescapé en stationnaire, Umar éprouvait une frustration semblable à celle de Mayufu. Tout comme la fille flammèche, la sombre Sorcière espérait assister à d'avantage de destruction, mais à contrario, elle était ravie de toute cette puissance déployée, car il fallait bien le constater, comparer à Féerune, ce monde regorgeait d'un petit plus qui changeait le lézard en dragon. En d'autres termes, ce qui valait pour ces gens ou monstre rugissant, valait aussi pour elles ! Il ne restait plus qu'à découvrir de quoi il s'agissait, puis, une fois que ce sera chose faite, la défunte invulnérabilité de Mayufu ne sera plus qu'un pâle souvenir à côté de ce qu'elle sera devenue ici. Et ce fut avec ce projet d'avenir que Umar se décida de consoler sa protégée.

- Ce sont là des paroles que tu n'auras aucun mal à tenir, je puis te l'assurer !

Sans laisser le temps à la pyroname psychotique de comprendre ses mots, que la ténébreuse Sorcière rétracta ses immenses ailes afin de fondre sur la bourgade ébranlée par ce choc des éléments. Le temps était venu de se mêler à la fête ! Toutefois, cela se passera selon ses règles !

- Tu vas pouvoir t'amuser un peu, petite flammèche ! Par ce nouveau surnom, Umar faisait référence à son oeil enflammé. Mais attention ! Ajouta t-elle en raffermissant sa voix. Je te laisse tuer à ta convenance seulement deux villageois ! Bien sûr, Mayufu était parfaitement en droit de se demander pourquoi pareille retenue, et à cela, la maléfique répondit d'elle-même : Nous ne sommes pas des pleutres qui achevons de pauvres pesteux en fin de vie. Nous aurons le droit de tous les éviscérer quand un vrai combat se profilera ! Pour l'heure, allons simplement faire savoir que nous existons !

Manifestement, pour une Sorcière de l'ombre, ce n'était pas trop le genre à rester cacher au plus profond de l'obscurité. Un trait de caractère qu'elle devait à Mayufu, elle lui avait transmis en toute ignorance de cause cette envie de se trémousser au devant de la scène. Après tout, il était vrai que voir courir tous ces imbéciles avait un certain charme. Bien entendu, par souci d'équité, Umar s'autorisait la même chose que sa protégée, deux meurtres, pas plus. Bon après, on n'était pas non plus à l'abris d'un dommage collatéral...

Une fois les règles édifiées et comprises, la créature ailée qu'elle était se posa avec violence au centre du hameau, éclaboussant par ce fait tous les habitants encore sonnés disséminé tout autour. La bulle d'ombre rompue, Umar lâcha Mayufu comme si il s'agissait de son chien de guerre ! Faisant preuve d'une certaine finesse par le biais d'une intelligence qu'elle ne se connaissait guère, la Sorcière des ténèbres avait soudainement décidé de profiter de la situation laissant ainsi croire à tous ces pauvres gens que seules elles étaient à l'origine de ce brasier qui venait de les frapper. La chose qui avait tenté de les attaquer plus haut sur la colline ne sera désormais qu'un instrument de plus dans les griffes d'Umar, un préambule à leur entrée théâtrale !

- Le dîner est servi ! Gronda la Sorcière d'une voix masculine tous crocs dehors.

Une arrivée en matière qui ne put échapper à Myla qui s'en retournait à la maison d'Emy les bras chargés du corps du petit qu'elle n'avait pu secourir, un visage que Emy n'aura aucun mal à reconnaître en la personne de William. Devant la menace imminente de ce monstre sorti de nul part, la guerrière déposa avec un semblant de délicatesse la dépouille de l'enfant, avant d’accourir jusqu'au puits où le couple sauvé un peu plus tôt demeurait toujours perché sur les seules choses qui lui manquaient pour combattre. Du moins le supposait-elle, car lorsqu'elle s'y pencha, les jeunes gens avaient disparu, à cela on pouvait imaginer deux choses, soit ils avaient réussi à sortir par leur propres moyens, soit ils étaient tombés des suites de l'onde de choc. Mais pas le temps de s'appesantir en déduction, arrachant lame et bouclier à la paroi du trou, Myla fonça en direction du danger, et c'est là qu'elle la vit. Une longue silhouette effilée avec une faux pour arme, et se tenant en arrière plan une créature ailée sans doute à l'origine de l'invective précédent son assaut !

- Si vous avez quelque chose à leur dire ! S'annonça t'elle d'une voix déterminée. Dites-le à moi d'abord ! Termina la guerrière en marchant sur l'ombre à l'oeil rougeoyant.

Dire que mon cher village était dévasté aurait été faible. Non il était bien pire que cela. Il était changé à jamais. Partout, la désolation, les décombres. Et tant d'autres choses que je me refusais de voir. Pourquoi ? Qui avait bien pu nous vouloir du mal ? Ce village avait été mon seul refuge il y a si longtemps. Les gens ici étaient sans histoire, ils ne cherchaient qu'à vivre leur vie et pour les connaître tous, je savais qu'aucun d'eux n'avait engendré cette terrible catastrophe. Bien sur nous n'étions pas sans défaut. Mais le fait de vivre ensemble, toute race confondue, dans ce petit village nous avait rendu solidaires, proches même. J'étais épouvantée. Thrilie venait certes d'en finir avec les forces de la nature mais qu'en était il de tout ce que nous allions devoir faire à présent ? Comment faire face à la suite des événements ? Littéralement déchirée en deux, je ne savais que faire. D'un coté mon village, mon refuge, ces gens qui m'avaient acceptée au fil du temps. Mon devoir envers eux était immense. Ils étaient comme une famille et bon nombre des enfants mes amis. Pourtant de l'autre coté... Slive me regardait. cette promesse faite à un mourant, Zanérim cette terre qui avait besoin de nous. Ce départ que j'étais sur le point de réaliser. Avais je le droit de faire un tel choix ? Lequel était le bon ?  Mon regard vide passait sur tout sans rien voir. Je voulais courir loin, bien loin de tout ceci. Ou bien me réveiller et croire en un mauvais rêve. Tout plutôt que d'affronter la terrible réalité qui se jouait devant moi.

Ce fut dans cet état que je ressentis la violence d'un choc sous mes pieds. La terre avait tremblé et ce depuis le centre du village. Je n'en étais pas si éloignée. Néanmoins je ne pouvais distinguer ce qu'il s'y déroulait. Et à vrai dire là, tout de suite, mon esprit n'y était pas réceptif. J'avais mal pour ce peuple, mal pour la terre qui avait elle aussi tant souffert dans ce brasier, mal pour Thrilie qui avait tout donné pour en sauver le maximum. Mal de n'avoir pas été capable de réagir et de rester bien piètre spectatrice de ce fléau.
Ce fut là, alors que ma culpabilité était à son comble que je vis Myla. Elle arriva, les mains chargées d'un petit garçon que je n'eus aucun mal à reconnaître, mais avant que je puisse penser quoi que ce soit, elle le déposa devant moi avant de repartir aussi rapidement. Je baissais alors la tête et une étincelle s'alluma au fond de mes yeux tandis que je chuchotais son nom.

- William...

Me retrouvant aussitôt à genoux, je pris le petit corps entre mes bras et le ramenait sur moi. Dés le début j'avais compris ce qu'il en était mais une partie de mon esprit refusait cette immonde réalité . Alors de mes doigts crasseux et tremblants ce n'est qu'en vérifiant le pouls du petit garçon que j'abandonnais complètement l'idée que mon petit ami soit encore en vie. De gros sanglots me secouèrent alors aussitôt, silencieux au début puis, prenant de l'ampleur, le bruit s'accentua tandis que je serrais fort son petit corps déjà si froid contre moi. Je caressais ses cheveux, les yeux fermés, le visage ruisselant.

* Non pas toi... pas toi qui riait encore aux éclats tout à l'heure. Pas toi qui avait encore tant à découvrir. Pourquoi ? j'aurais du te trouver, te sauver,... tu as du avoir tellement peur... Oh William pardon... ce n'est pas juste, je veux..., je veux revenir en arrière,  j'aurais du tous vous sauver... je n'ai rien fait et tu es là... les autres où sont ils ? ..j'ai tout vu et je n'ai pas bougé.... Je n'ai pas réussi je te le jure... j'ai été...William revient s'il te plait, parle moi encore... je veux jouer avec vous tous... je vous ai laissés là... *

Enfin mon esprit semblait se libérer, s'ouvrir et mes émotions, aussi violentes qu'elles soient, pouvaient trouver un exutoire de part cette réalité irréfutable. La mort de William, le tenir ainsi contre moi, m'avait permis de sortir de cet état de choc dans lequel je restais prostrée depuis le début. Je n'avais plus peur. Ni de l'instant ni de l'avenir. Perdre ma famille était un passé que j'avais déjà vécu. Auquel j'avais survécu. Il allait en aller de même aujourd'hui et tout n'étais pas encore perdu pour peu que je m'en donne les moyens. J'avais peut être une chance de me racheter de ce temps perdu sans rien faire.

Je compris ainsi qu'il était temps de bouger. Qu'il n'était pas permis de laisser d'autres de mes amis mourir si je pouvais l'empêcher. Alors, les bras chargés du petit enfant, je me levais et regagnais ma maison à quelques pas de là. Je déposais William aussi délicatement que possible juste à coté. Je ne partirai pas sans lui dire au revoir. Car j'avais compris que telle était ma destinée. Ce départ aurait bien lieu. Mais malheureusement, il y avait plus urgent. Mes esprits retrouvés je me souvenais du choc dans la terre, ainsi que de la course de Myla repartie si vite. Il devait se passer quelque chose. Et je ne laisserai plus personne mourir presque sous mes yeux sans agir.

Alors, résolue je partis en direction du centre du village. J'occultais les corps que je croisais, les bouts de verre, de bois, sur lesquels je marchais. Je ne ressentais que colère et détermination. Je sentais aussi des émotions de personnes inconnues. Mauvaises. Qu'elles soient responsables du drame qui se déroulait m'importait peu. Mon souhait était d'aider ma compagne d'infortune présente sur les lieux ainsi que tout autre villageois qui se trouverait dans les parages. Je n'avais pas l'étoffe d'une guerrière, c'était certain. Néanmoins je débouchais à présent au centre de mon village bien aimé, prête à tout dans le but de sauver des vies.

La frustration et l'insatisfaction étaient les sensations que Mayufu détestait plus que tout, au-delà même du dégoût, de la colère ou même de la douleur. Elle appréciait quand tout se passait comme elle le voulait, sans que quelqu'un ne s'y interpose. La seule personne qui pouvait se permettre une telle chose était Umar, même si son caractère la ferait se transformer en furie, cette dernière saurait la calmer tout aussi vite. Alors imaginer la colère qui la traversait quand il s'agit d'un facteur inconnu, certainement une mage sur ce coup-ci, qui décidait de mettre un terme à tout ça ? C'était impardonnable pour elle ! Rien ni personne n'en avait le droit. Elle se promit alors de la retrouver et de la tuer de la manière la plus horrible possible.

Balayant du regard le village dévasté sous ses pieds, au travers de la bulle d'ombre, elle tenta de voir si elle pouvait discerner une silhouette qui pourrait ressembler à un mage ou quelque chose ayant provoqué cette immense barrière d'eau. Mais elle ne vu rien qui s'en rapprochait... c'était sûrement sous les décombres. Après tout, ce n'était pas comme si toutes les maisons avaient tenues le coup... Vu la déflagration que le choc des éléments avait causé, ce qui ressemblait il y a à peine quelques minutes à un village n'en était plus qu'un tas de débris. Seules quelques maisons tenaient debout au plus loin du centre d'impact. Malgré que tout ne soit pas mis à terre, le simple fait que ce fut quand même un joli petit massacre, détruisant la tranquillité de ce petit hameau, la consolait un peu.

Soudainement, Umar l'a sortit de ses pensées, en déclarant qu'elle allait enfin pouvoir s'amuser tout en lui faisant découvrir un nouveau surnom qu'elle lui avait attribué. Levant un sourcil et le sourire aux lèvres, elle s'amusa de ce petit détail intérieurement mais n'en dit pas plus, appréciant juste l'attachement que la sorcière des ténèbres lui accordait toujours de plus en plus. Cependant, cette douce sensation se dissipa rapidement à l'entente de la condition qu'elle lui imposait. Seulement deux personne ? Pourquoi devait-elle se contenter d'en tuer que deux ? C'était trop peu ! Y avait encore masse de monde en-bas qui courait dans tout les sens ou qui attendaient simplement de se faire achever !

- Seulement deux ?! Dit-elle en sursautant, réalisant pleinement que cela ne la calmerai pas du tout. Mais... tu sais bien que...

Elle ne termina pas sa phrase, coupée au moment où elle comprit que Umar avait raison. Elles étaient là pour se montrer à ce nouveau monde, se mettre en avant mais pas pour se salir avec des déchets pareils. Et puis, en y réfléchissant, c'était vrai. Mayufu n'y trouverai pas son compte à massacrer des gens sans défense, qui se contenterai bêtement de pleurer leur inutilité ou leur lâcheté ou de se laisser faire parce que trop faible. C'était une perte de temps, évidemment. Mais si son amie lui avait accordé que deux personnes à exécuter, c'était qu'il devait au moins en avoir de quoi faire avec ça. Déjà, pour commencer, retrouver le mage de la barrière d'eau et une autre personne qui lui résisterait un tant soit peu pour que le plaisir de leur ôter toutes étincelles de vie soit enivrant.

- Bien, on va se contenter de deux personnes ! J'aimerai déjà en retrouver une à tout prix que je veux brûler vive ! Se retournant pour reposer son regard sur les restes du village.

Lorsque la Sorcière des ténèbres déploya ses ailes pour commencer à descendre et rejoindre le centre du village, Mayufu fit le plein d'adrénaline pour se donner à fond. Il était vrai que de voir son amie être tout aussi excitée qu'elle pour se présenter à tout ce petit monde là en-bas, en quête désespérée de survivant, était excitant. Elle était impatiente d'en découdre, de découvrir ce que ce monde avait à leur offrir ou pas. Peut être sera t'elle déçue, peut être que non... mais la réponse ne tardera pas à lui arriver puisque le fracas de atterrissage secoua tout son corps et une onde de choc se propagea, éclaboussant tout ce qui se trouvait autour d'elles.

La bulle d'ombre se rompit et la jeune fille mit enfin pieds à terre. Le regard balayant tout autour d'elle à la recherche du moindre danger. S'avançant un petit peu, agrippant sa faux dans son dos pour la déplier et s'en équiper, elle fit la moue quand elle ne remarqua qu'il n'y avait que des pleutres à même le sol. Soupirant, détournant son regard de ces derniers, elle observa les maisons détruites, les rues boueuses, partiellement inondées, les corps gisant ici et là. De là-haut, on s'en rendait pas tellement compte mais c'était vraiment le chaos ici. Des morts en veux-tu en voilà, du désespoir, des cris, des pleures, du sang se mélangeant à l'eau, à la boue ou coulant à travers les structures des habitations effondrées. C'était plutôt satisfaisant. Même amusant quand elle aperçu plusieurs silhouettes courir dans tout les sens, tentant de sauver leur vie en les ayant vues arriver, Umar et elle. Mais son attention vu attirer par une autre silhouette qui venait rapidement à son encontre. Une femme à la chevelure rousse flamboyante, yeux bleu, sûre d'elle, même équipée pour l'affronter, lui lançant même avec désinvolte que c'était à elle qu'on devait se fier si y avait quelque chose.

- Bah voyons... se murmura t'elle.

Son regard rouge flamboyant la fixait, avec mépris et dédains. À première vue, elle ne ressemblait en rien à une mage et ne semblait pas suffisamment épuisée, voire trop sûre d'elle aussi, pour avoir été l'auteur d'un tel sort. Au minimum, pour avoir déclenché une telle puissance, elle devrait être limite dans les choux et ce n'était pas son cas. Prenant une lente inspiration pour soupirer, elle lui fit face, son regard s'illuminant soudainement pour laisser paraître une flamme devant son œil gauche.

- Je n'ai que faire de toi, tu ne m'intéresse pas... Le dégoût se sentait dans sa voix et, sans avertir, elle leva la main. Dis-moi plutôt où se trouve la personne ayant créée cette barrière d'eau ?!

Quatre petites boules de feu voltigèrent autour de Mayufu, prenant petit à petit l'allure de phénix, grandissant jusqu'à atteindre la taille d'un aigle. Ces derniers tournaient autour d'elle et au moment ou elle dirigea d'un coup sec la paume de sa main en direction de l'idiote devant elle, ses phénix se ruèrent dessus. Précisément, deux se contentèrent de la cibler. Les deux autres allaient s'engouffrer dans les habitations encore debout ou les décombres autour d'elle pour les enflammer et redémarrer ce qu'elle avait commencer plus tôt. La haine, la folie et l'envie de meurtre pouvait se lire dans son regard. Le visage rougit par la lueur des flammes naissantes, Mayufu éclata soudainement de rire. Un rire sadique, satisfait. Enfin débarrassée de l'incertitude qui la gênait depuis son réveil dans ce monde, elle se sentait revivre. Prête à déployer toute sa haine et sa colère sur ce monde au côté de sa chère amie, Umar.

La confrontation était chose commune pour Myla, mais rare furent les fois où il s'agissait de sorciers et autres démons. Telle était la voie du guerrier, quand bien même il demeurait libre d'engager le combat, jamais il n'aura le privilège de sélectionner ses adversaires. La petite rousse assumait pleinement les conséquences de sa rencontre avec l'adversité, et même si la magie la rendait mal à l'aise, cette dernière n'en n'était pas moins prête à l'affronter ! Alors quand sa vis-à-vis à l'oeil rougeoyant la méprisa tout en lui avouant rechercher Thrilie, et que pour se faire elle était prête à marcher sur n'importe qui, Myla esquissa un sourire narquois. Le combat ne faisait aucun doute, aussi quand des boules de feu se mirent à tournoyer autour de la jeune fille, la petite guerrière ne bougea point, se contentant d'attendre son assaut. Les mages avaient toujours tendance à se donner en spectacle, c'était un moyen pour eux de prendre de l'ascendant sur leurs ennemis, mais il arrivait aussi que les hommes d'armes se prenaient à ce jeu ; en jonglant, en faisant virevolter épées haches et dagues. Myla s'amusait de cet état d'esprit, c'était une guerrière chevronnée, or ce genre de démonstration n'avait prise que sur les non-initiés.

Puis les sphère enflammées se changèrent en volatiles, quatre au total. Deux d'entre eux piquèrent sur elle, au premier elle roula sur son bouclier directement à sa gauche, quant au deuxième, elle le para avec aisance de son égide. Ne lâchant pas son adversaire des yeux, Myla se releva puis s'avança d'un pas lent mais sûr jusqu'à la pyromane. Deux foyers prirent naissance sur chacun de ses flancs, se doutant alors que ces flammes pouvaient être contrôlée et l'immoler à tout instant, la petite rousse chargea sans crier gare ! Bouclier en avant elle accéléra d'une façon presque surnaturelle. Se trouvant à tout juste quatre mètres de sa cible précédent son sprint, cette dernière aurait tout intérêt à être des plus véloce si elle voulait éviter en partie cette collision capable d'assommer un boeuf ! Et auquel cas cette fille serait investie de cette capacité, Myla fendit l'air de son épée ayant pour but d'entailler avec profondeur la cuisse droite de l'intéressée !


Peu avant cette rixe, Erinaë était parvenue à escorter bon nombre de villageois jusque dans la proche forêt. Et bien qu'elle ne disposait point du temps à ce genre de question, la rôdeuse demanda à Higor, le tenancier des Mille et une nuits, où se trouvait son fils, William. Ce dernier répondit essoufflé qu'il demeurait avec sa mère. Erinaë enchaîna donc sur le fait de savoir où était sa femme en ce moment, et à cela elle n'eut qu'une réponse ; "J'en sais rien, elle est partie de son côté !". La gardienne de la contrée manqua de lui décoller la tête à cette entente. Mais lorsqu'une vocifération démoniaque fit écho depuis le bourg du village, la rôdeuse hurla à tous de s'enfuir jusqu'à la grande plaine. Quelque chose de très grave se passait, et même si le pire venait d'être évité par un miracle dont elle ignorait encore la provenance, tout n'était point terminé pour autant. Et après avoir mis une image sur cette voix terrifiante, Erinaë comprit à qui elle avait à faire.

Sa légende la précédait. Umar venait de faire son entrée, mais depuis toute petite la gardienne s'était préparée à sa venue ! Elle savait que tôt ou tard le diable surgirait derechef, et le mieux qu'il y avait à faire en son absence, s'était d'être prêt pour le recevoir. La rôdeuse ne perdit guère de temps, et après que Higor, le dernier à s'enfuir, disparut dans les ténèbres, elle souffla par deux fois dans son cor. Deux très longues sonorités à la teinte lugubre s'éleva depuis l'ombrageuse forêt. Des hurlements propres au loup s'en suivirent ainsi que des grognement dont seuls les ours avaient le secret. Rameutant les animaux à sa cause, Erinaë se préparait à fondre sur cette terrible sorcière. Et bien qu'elle savait que des canidés et ursidés ne suffiraient guère à en venir à bout, ni même à l'inquiéter, ils étaient néanmoins nécessaire aux suites de son plan !


Et voilà que Mayufu entamait son premier combat au sein de ce monde ! Elle n'aurait pas pu trouver plus rachitique ?! Enfin bon, elle ne lui avait pas donner de conditions sur la taille de ses victimes, elle était donc libre de combattre ce qu'elle voulait, même une bûche si cela lui faisait plaisir. De son côté, Umar se mit en appétit en saisissant un fuyard de ses pouvoirs d'ombre avant de littéralement séparer son buste de ses jambes. Un cri déchirant résultat de cette boucherie, tandis que le sang de ses tripes macula une nouvelle venue aux oreilles disproportionnées. La sorcière des ténèbres n'aura même pas eu besoin de faire un pas pour tuer ses deux personnes. Aussi se promit-elle de faire durer le plaisir en massacrant cette elfette basanée !

Alors qu'elle s'apprêtait à l'écarteler de son obscure puissance, elle ressentit une présence hostile depuis son dos. Se retournant tout en prenant soin d'immobiliser sa deuxième victime, elle aperçut au loin une autre donzelle armée d'un arc s'apprêtant à décocher son trait ! Umar se mit à rire à gorge déployée lorsque le projectile fut libéré. Elle s'isola derrière un mur d'ombre, mais la flèche passa au travers sans même être freinée ! Et ce fut avec les yeux ronds que la pointe du dard se ficha dans son ventre, là où normalement devrait se trouver le nombril. La blessure arracha un cri de surprise mais aussi de douleur à la redoutable Umar. Ses pouvoir se manifestèrent inconsciemment au travers de sa plaie en générant une colossale onde de choc qui ira même jusqu'à ébranler la rôdeuse qui déjà armait une deuxième flèche !

Erinaë était certaine de réussir son premier tir, il fut juste dommage que ce dernier n'ai pas été mortel. Et pour cause, il ne s'agissait pas de flèches ordinaires, la gardienne les avait même surnommé les Harpons d'Azura ! Imprégnés de lumière lunaire, aucune ombre n'était à même d'entraver leur course ! Et comme elle se doutait que Umar serait plus que jamais imbue d'elle-même derrière sa monstrueuse puissance, elle n'aurait plus qu'à l'épingler. Hélas, n'ayant pu la tuer du premier coup, Erinaë allait devoir frapper une seconde fois. Visant la tête, elle lâcha un petit soupir de concentration au moment de décocher...

Affaiblie tant moralement que physiquement, Umar se préparait à esquiver ce second tir. Le projectile était rapide, trop rapide ! Son oeil gauche fut atteint avec profondeur, la sorcière hurla ! Elle souffrait, mais plus que la douleur, elle avait honte, terriblement honte de ne même pas être capable de faire face à un archer. Ce deuxième impact libéra l'Elfe de l'emprise de la Sorcière des ténèbres. Forcée de constater que dans ce monde elle ne valait rien, du moins pour le moment, et que si par chance en dépit de son trépas Mayufu remportait son duel ainsi que tous les autres, elle aurait tôt fait de se faire submerger par une horde d'animaux sauvages qui peu à peu prenaient place aux côté de la rôdeuse. Voilà une humiliation qui n'en sera que plus grande en sachant que la fuite devenait son seul moyen de survie !

Un genou à terre et les ailes affaissées, Umar faisait pâle figure en cette heure sombre. Et quand bien même ses mains griffues se renfermaient sur son visage blessé, la Sorcière put entrevoir cette femme s'armer d'une troisième flèche. Sa mise à mort ne faisait plus aucun doute, et si rien ne se passait, ça serait la fin d'Umar, la vraie !

Ras le bol.... marre, comment le dire autrement... Je n'en pouvais plus des ennuis. Ces deux ou trois derniers jours ressemblaient forts à une éternité peu enviable. De mon avis du moins, je savais fort bien que beaucoup de personnes de notre monde aimaient en faire leur lot quotidien. Surement comme les deux femmes présentes devant nous. J'admirais la façon de faire de Myla qui se jetais à corps perdu dans la bataille, prête à en découdre pour protéger nos vies. Je pensais alors qu'il me fallait au moins montrer un peu de courage moi aussi. C'est alors que j'entendis un cor sonner par deux fois. Mon sang ne fit qu'un tour. Erinaë. Elle appelait à la rescousse les forces de la forêt pour nous aider. Notre rôdeuse était une des personnes avec laquelle j'avais énormément partagé depuis mon arrivée ici. Et comme elle j'avais reconnu la menace à laquelle nous faisions face. Depuis longtemps on en parlait, telle une légende certes mais au vu du passif récent, je considérais toute histoire comme pouvant être réel. Et c'était bien Umar qui était ici.

Et justement, alors que je me préparais à la venue prochaine des amis de la rôdeuse, cette pourriture noire à cornes s'en prit à un villageois qui passait par là et se mit à l'écarteler comme ça visiblement par plaisir. Heureusement j'étais derrière, ce qui m'épargna une grosse partie bien gore que j'imaginais sans mal. Néanmoins ma colère, elle, n'en demeurait pas moins grandissante. Je mourrais d'envie de me faire une Umar grillée ! Mais comment ? Pas trop le temps d'y réfléchir à vrai dire, Je me sentis soudain incapable de bouger, comme figée sur place. Et l'autre qui se tournait vers moi... Ah. C'était donc elle et pas ma peur qui me rendait complètement immobile. D'un coté c'était rassurant, étrange mais rassurant. Je sentis la présence d'Erinaë dans mon dos plus loin, sans même la voir. Aussi ne fus je guère étonnée de voir passer une flèche non loin de moi pour se ficher dans le ventre de la pourriture ! Elle était juste trop forte avec son arc la rôdeuse. Nous nous étions souvent entraînées ensemble mais elle me surpassait encore et toujours. Sauf que si Umar eut l'air de souffrir le martyr, cela ne suffit pas à lâcher son emprise sur moi. Par contre il était possible que son cri eut percé un de mes tympan... Oui je préférais prendre les choses à la légère au vu de ma situation, qui d'ailleurs ne s'améliora guère puisque je me sentis bientôt secouée comme un prunier... Quelle onde de choc de malade ! Je ne pouvais qu'espérer qu'Erinaë avait pu l'éviter ou du moins qu'elle n'était pas blessée. Mais non, voici qu'un son bien connu m'arrivait à l'oreille ! Une seconde fleche ! En plein dans l’œil d'Umar ! Celle ci me lâcha sous l'effet de la surprise et très certainement de la douleur. Je faillis m'étaler, maladroite comme j'étais mais me rattrapais de justesse.

*Ouch...*

Je me dépêchais alors de faire demi tour, et m'arrêtais quelques mètres plus loin, alors que la rôdeuse approchait aux cotés d'une véritable meute d'animaux. Je cherchais Myla des yeux également. Celle ci ne devait pas être bien loin. Mon regard se posa finalement de nouveau sur Umar. La sorcière était un genoux à terre, manifestement bien plus blessée qu'elle ne l'aurait été par une flèche normale. Elle me faisait presque pitié. Alors me reparue l'image de William dans mes bras, sans vie... si jeune et innocent. Puis celle de l'homme avant qu'il ne se fasse écarteler... Non, il fallait qu'elle paie. Umar devait payer ! Et l'autre aussi. Elles avaient tué pour le plaisir. Elles s'étaient bien amusées... Et moi, et moi.... voilà que ma colère me surpassait. Ou étais ce la douleur ? la tristesse ? Aucune idée. Néanmoins une faille s'ouvrit juste sous la pourriture à cornes comme pour l'engloutir à jamais au fin fond de la terre d'Astrune. De là des racines s'enroulèrent autour de ses chevilles pour empêcher tout envol possible. Elles essayaient d'entourer ses bras également. Tout tremblait autour de nous. Et moi je me tenais bien campée sur mes deux jambes, complètement  obnubilée par la vision des horreurs que nous venions de vivre, et par le besoin de vengeance qui s'emparait de moi, me laissant sourde à tous les stimulis alentours.

Ses projectiles de feu furent parés avec une aisance déconcertante par son adversaire. Faisant faire la moue à Mayufu ainsi qu'un long soupir d'agacement, sans la quitter du regard. Elle comprit alors qu'elle allait devoir lui passer sur le corps pour pouvoir accéder à sa cible initiale et, par là, lui faire perdre un temps précieux. Rien que cela l'ennuyait terriblement, elle n'avait pas que ça à faire que de jouer avec des personnes pareilles ! Contrariée. Elle agrippa sa faux fermement et se prépara à une éventuelle attaque de la part de la guerrière, portant une partie de sa concentration sur les flammes alentours pour les faire grandir et les rendre plus voraces encore. Alors qu'elle avançait à petit pas, la rousse chargea aussitôt la sorcière qui fut, évidemment, prise de surprise et parvint de justesse à bondir légèrement sur le côté en plaçant le manche de sa faux sur la route de son épée. Celle-ci  la frappa violemment mais ne fut pas déviée complètement pour autant. Faisant vibrer toute la faux à travers les bras de Mayufu. Démontrant clairement qu'elle avait une force de frappe qui pouvait la tuer sur le coup si elle n'était pas prudente. La lame toucha la jambe droite de Mayufu qui serra les dents sur le coup. L'entaillant fortement, une douleur aiguë parcouru la jeune fille de toutes parts. N'ayant plus l'habitude d'avoir mal.

Mais heureusement, cela aurait pu être pire... mais elle n'était tout de même pas au bout de ses peines. La guerrière, en lui mettant ce coup, l'avait chargée et propulsée à terre ou elle roula deux fois sur elle-même avant de se relever quasiment instantanément. Tentant de ne pas trop s'appuyer sur sa jambe blessée. Constatant qu'elle saignait fortement, la sorcière devait vite en terminer avec elle avant de prendre d'autres coups comme celui-ci. Comprenant alors aussi qu'elle ne ferait pas de taille au corps-à-corps face à elle. La seule fois où elle pourrait se permettre de l'attaquer directement, ce serait uniquement en la mettant dans une posture dans laquelle elle serait incapable de riposter. Sauf que Mayufu n'était pas forcément une experte des combats de proximité, ayant l'habitude de tout écraser sur sa route. Cette rousse lui poussait pas mal de problème, la frustrant dans son égo. Un cor sonna deux fois par-dessus le boucan que provoquait l'incendie au loin mais Mayufu n'y prêta guère attention. Préférant rester vigilante face à cette guerrière d'où la moindre inattention lui coûterait très chères. Se refusant d'être à nouveau sauvée par Umar et lui montrer qu'elle était capable de faire face à tout.

Se relevant, elle aperçu du coin de l’œil Umar s'amuser à tuer un pauvre pégu passant par là et l'écartelant de plus belle. Évidemment, voir son amie s'amuser ainsi la satisfaisait et elle s'en devait d'en faire autant. Se sentant motivée comme jamais, elle refit face à son adversaire, s'apprêtant à lui faire tomber les flammes sur la tête et l'enfermer dans une boule de feu mais fut soudainement interrompue. Une violente onde de choc la frappa avec force, elle ainsi que la rousse. Étant proche de l'épicentre du choc, Mayufu fut mise à genoux à même le sol, comprenant à peine ce qu'il se passait. Avivant davantage la douleur à sa jambe qui saignait beaucoup. Détournant son regard à nouveau sur son amie, elle aperçu une pure vision d'horreur ! Une flèche venait de se loger dans son ventre !

- Umar... c'est.... non...

Tout se figea pour la sorcière des flammes. Son corps cessa de bouger, inondé par une vague d'émotion indescriptible. Elle se mit à trembler. Ses yeux se mirent à la brûler et à pleurer de peur, de haine, de douleur. Son cœur à lui faire terriblement mal... elle n'entendait que ce dernier battre la chamade contre sa poitrine. Limite s'il n'allait pas exploser pour la tuer sur place. Ses ongles s'enfoncèrent dans le sol boueux. Les flammes l'entourant grandirent encore et encore. Devenant de plus en plus brûlante. Seul le cri de douleur de son amie qui résonna à nouveau dans sa tête la fit revenir à elle. Se relevant en serrant les poings si fort que ses ongles se plantèrent dans sa peau et celle-ci se mit à saigner. C'est le visage salit par les larmes et la boue qu'elle se donna une gifle pour revenir complètement à elle. Oubliant la présence de la guerrière à ses côtés, présumant qu'elle aussi a été déstabilisée par cette onde de choc.

Fixant la silhouette qu'elle aperçu au loin, accompagnée d'une meute d'animaux, elle remarqua que celle-ci encocha une seconde flèche. Cette dernière fila si vite qu'elle savait qu'elle ne pourrait rien faire mais se mit tout de même à courir en direction d'Umar pour tenter de lui venir en aide. Empoignant aussi fort qu'elle pouvait sa faux. Protégeant ses arrières pendant sa course d'un mur de flamme qui inonda la rue, coupant le seul passage permettant à la guerrière de l'attaquer dans le dos. Ce même mur de flamme sera maintenu et nourrit par les débris des maisons qui s'enflammèrent de plus belles. Mais comme elle le pressentait, elle fut trop lente pour protéger son amie de la seconde flèche. Celle-ci la touchant en plein dans l’œil. Créant une douleur affreuse au cœur de Mayufu qui arriva presque à sa hauteur quand le sol se mit à trembler, la faisant trébucher, presque tomber. Elle garda du mieux qu'elle pouvait l'équilibre, malgré la douleur à sa jambe et une faille dans la terre s'ouvrit sous la sorcière des ténèbres. C'est à ce moment là que tout se ralentit pour la jeune fille. Elle empoigna sa faux de sa main droite, accéléra le pas lorsqu'elle vit des ronces sortir de la faille pour s'accrocher à Umar afin de l'immobiliser. Mais il n'en sera rien !

*Je ne vous laisserai pas faire !*

- Tiens bon Umar !

Arrivant sur son côté gauche et se positionnant entre l'archère et Umar au bord de la faille qui grandissait à vue d’œil, Mayufu releva sa faux au-dessus de sa tête et de toutes ses forces, frappa avec violence à l'intérieur de la faille. La logeant dans son côté opposé et coinça le manche dans une encoche afin de créer comme une poutre avec son arme. La lame se logeant au travers des ronces, rompant leurs ascension et, par la même occasion, servit de support à la sorcière pour ne pas tomber. Une fois que cela semblait stable pour quelques secondes, Mayufu commanda en même temps à ses flammes de se transformer en une tornade de feu autours d'elles afin de les protéger de toutes attaques extérieures et créant ainsi un fort vent ascendant qui se transforma rapidement en une tempête de feu. Espérant ainsi que ça compliquerait tout les futurs tirs de la rôdeuse.

La sorcière des flammes pouvait maintenant se concentrer à mettre son amie en-dehors du danger direct qu'était ce piège qui la retenait. Tout se passa très vite. Elle enflamma les ronces pour qu'elles cèdent leur emprise sur son amie et, prenant de l'élan, elle couru en s'appuyant sur le rebord de la faille. Au-dessus d'un vide dont elle ne percevait pas le fond. Se propulsa en avant en saisissant son amie, passant au-dessus du trou, elle l'attrapa sous les épaules et retomba assisse de l'autre côté, les talons fiché dans le sol et la tirant de toutes ses forces. L'adrénaline lui procurait une force qu'elle ne se connaissait pas afin de pouvoir la sortir de là ! Des larmes se mirent à couler de ses yeux qui la brûlaient tellement. Ses muscles lui faisaient mal. Mais elle continua encore et encore à tirer, voyant qu'elle parvenait de plus en plus à la sortir de là. S'assurant qu'au moins la plus grande partie de son corps soit sur le sol, hors de portée du vide. L'éloignant le plus possible de celui-ci. Les flammes continuèrent de tournoyer autours d'elles, ne l'aidant pas à cause de la chaleur que cela générait là au milieu. Peinant à respirer. Elle s'assura que son amie n'était plus retenue par des ronces et, par précaution, jeta des flammes dans la faille, sacrifiant par le même coup sa faux qui céda et sombra dans le vide.

Elle observa rapidement les blessures de la sorcière. Elles étaient graves. Posant sa main sur son ventre, elle retira de manière nette la flèche qui y était logée, brûlant la plaie ensuite pour la cicatriser. Voulant faire de même avec son œil, elle ne s'y risqua pas, ayant trop peur de provoquer une blessure plus irréversible encore. Elle se contenta juste d'allonger son amie à terre. Posant une main sur son visage, son front collé au sien. Ses larmes coulaient à flot, tombant sur celui de son amie.

- S'il te plaît, tiens bon... je vais m'occuper d'eux et revenir te sortir de là !

C'est alors que Mayufu se releva, déterminée, plus que jamais, à tuer pour la protéger. D'avoir vu celle qu'elle aimait dans cet état l'avait plongée dans une rage folle que personne ne pourrait calmer. Sauf si cette dernière revenait à elle. La flamme devant son œil gauche doubla de taille et elle s'avança en direction du mur de feu, là où se trouvait l'archère et l'autre fille, qui était un peu plus proche. Elle savait ce qu'elle devait faire pour détourner l'attention sur elle-même.

*Votre mort à sonner et elle ne sera pas douce, soyez en certains !

Son visage déformé par la haine, la sorcière effleura la tornade en fermant les yeux et laissant sa colère l'envahir sans résister. Et ce fut alors, dans un fracas assourdissant, telle une explosion, que son corps s'enflamma subitement. Comme dévorée par une énorme flamme qui se transforma rapidement en un énorme serpent incandescent de sept mètre qui traversa d'un coup le mur de feu, intensifiant la puissance de la tornade. À une vitesse folle, Mayufu se rua sur l'elfe à la peau foncée devant elle, qui était bien trop proche d'Umar pour ne pas l'ignorer et dans sa course, lui cracha un jet de flamme en arc de cercle devant elle. Embrassant tout ce qu'elle toucherait quasiment instantanément... À ce moment précis, Mayufu n'avait strictement peur de rien et sera prête à tout pour sauver son amie, quitte même à en mourir s'il le fallait. Cependant, elle fera tout ce qu'il faut pour emporter ces personnes avec elle dans sa chute ou de les faire tellement souffrir qu'ils lui imploreraient de les achever pour que cela cesse...

Peu après son attaque frontale, la fille adepte de la pyromanie fut ébranlée par la violence du choc. Myla observa son ennemie rouler sur elle-même avant de se relever. Semblant faire corps avec ses émotions, les flammes alentours enflèrent menaçant de l'engloutir entièrement. Sans doute était-ce dans ses intentions, quoi qu'il en était, la guerrière se tenait prête à tout affronter ! Le feu avait obscurci la toile de fond, Myla n'était donc plus à même de voir le démon satisfaire son appétit sanguinaire. Ce fut d'ailleurs à ce moment qu'une puissante force invisible la frappa de plein fouet. Une énergie si intense que l'incendie en fut couché ! Sauf la petite rousse, aussi solide qu'un roc, la guerrière se tenait en garde haute avant que la détonation ne se produise, elle fut repoussée de quelques centimètres mais ne chuta point. À partir de là, l'aspect du combat prit une nouvelle tournure, son adversaire ne s'intéressait plus à son duel, ni même à ce que pourrait lui faire Myla durant ces quelques secondes. Dénuée d'empathie, la petite Dame ne put que supposer une mauvaise nouvelle pour l'être maléfique qui l'accompagnait. Chose qu'elle constatera quelques instants plus tard lorsqu'un cri d'agonie supplantera le crépitement des foyers alentours.

Couvrant sa fuite de son élément fétiche, Myla demeura en arrière sans chercher à la poursuivre. Elle ne pouvait rien faire contre un tel brasier, et le traverser sans une bonne raison tout en ignorant son étendue était purement suicidaire ! Jusqu'à ce qu'elle aperçoive Emy un peu plus loin sur sa gauche. Le sol tremblait, et à la regarder, il n'était point difficile de comprendre qu'elle en était à l'origine. Avait-elle eu dans l'idée de s'en prendre au démon, était-elle à l'origine de ce hurlement survenu un peu plus tôt ? La guerrière l'ignorait, mais elle ne pouvait laisser l'Elfe oeuvrer seule contre cette chose, aussi s'empressa t-elle de la rejoindre, mais non sans devoir faire un petit détour.


Désormais aidée par Emy, Erinaë s'apprêtait à abattre la Sorcière des ténèbres ! La légende allait bientôt prendre fin en cette nuit fraîche et sans nuage. Par ailleurs, tuer Umar à l'endroit même où son mythe naquit sonnait comme une revanche au sein de ce hameau d'habitude si paisible. Hélas, c'était sans compter sur l'alliée de cette vile démone qui se servit du feu pour faire barrage à toute agression extérieure ! La rôdeuse préféra donc garder ses animaux à la lisière de la forêt, quant à elle, ça sera au travers d'une autre flèche qu'elle s'exprimera. Sauf que... au lieu de la décocher directement dans la fournaise sans réellement savoir où cette dernière finirait sa course, Erinaë visa très haut dans le ciel ! Le tir en cloche n'avait lui aussi plus de secret pour elle, et quand bien même ses projectiles mettront plus de temps à les atteindre, car oui, elle venait d'en enchaîner une bonne demie-douzaine, la rôdeuse demeurait certaine de leur impact final !

Bien entendu, la femme des bois n'avait point eu recours aux harpons d'Azura pour ces nouveaux tirs, mais d'après l'évidente faiblesse d'Umar des suites de ses deux frappes, aucune ombre ne s'en viendrait stopper sa pluie de flèches, pas plus que les flammes d'ailleurs ! Mais Erinaë se fourvoya, puisqu'un serpent gigantesque prit forme au coeur même de la tempête de feu. Le reptile incandescent cracha à l'instar d'un dragon un jet d'une puissance à faire pâlir un Drow. La rôdeuse retint son souffle et pria pour Emy qui se trouvait dans la zone où la chose avait porté son dévolu. À présent convaincue que sa petite salve n'entamera même pas l'humeur du monstre, Erinaë se saisit de son dernier trait béni par la Déesse de la lune, visa la tête de la créature, et lorsque ses mouvements se firent moins vifs, elle tira !


Sans l'aide de Mayufu, nul doute que Umar aurait terminé son tout premier assaut dans ce monde au plus profond d'un gouffre ! Une faille ouverte par une donzelle aussi frêle qu'une brindille. Jamais encore elle n'avait prit une correction pareille... À demie consciente, la Sorcière des ténèbres ressentait la chaleur s'afférant tout autour d'elle, supposant que la flammèche vomissait tout son fiel sur les responsables de son malheur. Seulement, du point de vue d'Umar, il n'y avait qu'un coupable à cette faiblesse, et c'était elle ! Son sang se répandait sur le sol, lequel se mettait à cailler sous l'effet du feu qu'avait déchaîné Mayufu. Serait-ce sa fin ? Songea t-elle alors que son oeil valide se révulsait peu à peu. L'obscurité la gagnait, cette même noirceur qui d'ordinaire lui donnait toute sa force l'envahissait progressivement à mesure que son souffle s'étiolait. Manifestement victime des tourments de la Faucheuse, Umar se mit à entendre le hurlement qui l'avait contraint à prendre son envol avant que Mayufu ne se fasse surprendre. Une illusion auditive... pensait-elle quelque peu blasée que son existence s'achève sur cette idiotie...

Myla put assister bien malgré elle à la métamorphose de son adversaire de la première heure lorsqu'elle rejoignit Emy. Un serpent de feu d'une dimension peu commune, assujettit à une haine toute aussi colossale, s'en prit directement à l'Elfe que la guerrière s'empressa de protéger ! Bouclier au devant du jet enflammé, la petite rousse courut en agrippant la taille d'Emy de sa main à présent désarmée avec le vague espoir de la sortir de là. Ayant recourt à sa charge intrépide pour bénéficier d'un sprint quasi surnaturel, Myla parvint à éjecter l'Elfe de la fournaise suivi par elle-même. Et bien que le feu rognait une partie de ses vêtements dépassant de sa cuirasse, ainsi qu'une mèche de sa chevelure, les deux femmes s'en sortaient miraculeusement. Peut-être devaient-elles leur survie au tir de la rôdeuse dans la tête du monstre, ou à l'agonie du démon, ou encore à ce hurlement qui venait à nouveau de retentir nimbant la zone d'un danger plus grand encore...


Penchant sa tête sur le côté et ouvrant le seul oeil qu'elle était capable d'ouvrir, Umar comprit immédiatement qu'elle n'hallucinait point ! Une créature imposante était en train de traverser les flammes de Mayufu à une vitesse effarante ! Et alors que ce monstre leur bondissait dessus, la Sorcière des ténèbres se surprit à l'arrêter en plein vol ! L'espèce de loup s'agitait menaçant à tout instant de rompre la force qui l'entravait. Toujours en proie à l'incompréhension, la Sorcière des ténèbres se releva toujours en maintenant l'assaillant dans les airs. D'un geste barbare Umar s'arracha la flèche fichée dans son oeil, poussa un hurlement à effrayer un sourd avant de s'envoler avec Mayufu qui avait recouvré forme humaine.

Peu après ce tête à tête, Lupa retomba sur ses pattes faisant ainsi fuir tous les animaux que la rôdeuse avait rallié à sa cause. Puis, sans que nul ne comprenne quoi que ce soit à ses intentions, le loup-garou s'évanouit dans les bois allant même jusqu'à ignorer Erinaë qui le tenait en joue ! Il ne donnait guère l'impression de traquer les villageois qui avaient emprunter le même chemin, mais par souci de sécurité, la rôdeuse se lança sur ses traces...