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 Un cœur déserté

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Simba
Simba
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MessageSujet: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Sam 25 Jan - 16:44

Simba jeta un dernier coup d’œil à son campement, enfoui entre les arbres épineux. Cela faisait déjà quelques semaines qu'il s'était installé là, guidé par l'odeur des acacias qui lui rappelaient un peu l'odeur de chez lui. Il avait même dû se battre pour cet endroit, car celui était précédemment le territoire d'une créature hargneuse à la dangereuse blessure. Pour éviter de prendre des risques, le jeune Azur avait dû le prendre par surprise et l'affaiblir à distance en l'attaquant depuis les arbres qu'il ne savait pas grimper. Cela avait été une telle entreprise que l'étranger se demandait un peu pourquoi il l'avait conduite alors qu'un autre emplacement aurait tout-à-fait pu convenir. Était-ce par nostalgie du lieu ? Quelle émotion étrange, Simba n'était pourtant pas sensible à de telles conditions en temps normal. Il savait bien qu'il ne fallait pas s'attacher à de tels sentiments si l'on voulait survivre au sein des dangers du désert. Non, un Azur ne ferait jamais des actes d'une telle sensiblerie. Il était plus probable qu'il avait compris l'intérêt stratégique du lieu. De fait, l'espace, avec des arbres assez rapprochés et différentes ouvertures étaient un lieu assez facile à défendre, encore qu'il n'y ait pas trop eu besoin de le faire. De plus, l'odeur âcre du précédent occupant, du vipratel comme il l'appelait, répandue dans tous les alentours, avait permis d'éloigner la plupart des grands prédateurs, peu convaincus à l'idée de devoir une combattre une si agressive créature. Oui, c'était un lieu parfait. Ce devait être la seule raison pour laquelle le jeune lion éprouvait tant de doute, de mélancolie, de réticence à quitter cette place qui l'avait accueilli durant un temps, qu'il avait même considérée comme un deuxième chez lui, où il avait enfin connu pour la première fois depuis son exil un sentiment de sécurité. Oui, c'est ce qu'il se disait en partant, qu'il était triste parce qu'il quittait un espace défendable, délaissant les émotions qu'il avait attachées à ce lieu. Il ne dit donc pas au revoir aux rameaux amassés et rassemblés en un abri de fortune au dessus du sol. Il ne rendit pas hommage aux longues branches porteuses d'épines sombres tirant légèrement sur le jaune qui l'avaient bercé. Il ne salua finalement pas non plus la solitude qui avait emplie les lieux de plus en plus tandis que l'enfant seul, sans clan, avait déprimé et désespéré. Au lieu de ça, guidé par sa vue nocturne, la perception de la chaleur et ses sens en éveil, le fils du désert s'était engagé sur le chemin du départ, passant du tapis d'aiguille aux feuilles éparses, puis des feuilles éparses au sable froid de la nuit.

Sur le ciel sombre, la lune, solitaire aux milieux des étoiles, immense dans une voûte sans nuage, se découpait et éclairait le chemin mieux qu'en plein jour. Le nouveau voyageur n'avait donc aucun mal à voir où il marchait précautionneusement, sur la route de son désir. De fait, il ne savait pas vraiment où il allait. Savoir lire l'orientation dans les étoiles n'était d'aucune utilité quand on n'avait aucune destination. Il avait déjà terminé sa troisième sieste depuis son départ à la tombée de la nuit et s'était donc avancé assez loin parmi les dunes, mais l'hybride voué à l'errance était toujours aussi perdu et indécis. Le seul point qu'il était capable de situer par rapport à lui était la forêt désormais invisible à ses yeux, qu'il venait de quitter, et il était hors de question qu'il y retourne, ce qui aurait marqué un désaveu de toute son entreprise, et sans doute un désaveu de la simple possibilité de jamais recroiser un Azur marchant sur ces terres. Simba voulait être fort mais cela faisait déjà un moins qu'il était fort, seul. Toute volonté a ses limites et le jeune lion semblait proche d'atteindre les siennes. Il doutait, doutait et doutait même des convictions qu'il avait le plus profondément ancrées dans son esprit. Et s'il s'était trompé et qu'Arrricha était loin d'être l'esprit du rêve qu'il pensait qu'elle était ? Oui, l'Azur égaré avait beaucoup réfléchi sur cette première rencontre qu'il avait fait en arrivant dans le petit bois, le seule rencontre même qu'il ait fait depuis longtemps. Néanmoins, si la dame arachnéenne n'avait pas été un esprit venu pour le guider comme fréquemment dans les légendes, qu'aurait-elle bien pu être ? Elle n'était clairement pas un Azur. Elle avait même esquivé toutes les questions sur sa propre identité. Si elle n'était pas un esprit du rêve, pourquoi aurait-elle commencé leur rencontre en louant son courage guerrier pour avoir vaincu le scorplion, qu'elle appelait le Goälipé ? Ses paroles, lointaines, était maintenant floue dans l'esprit du descendant des deux races mais, pour y avoir longuement pensé et les avoir longtemps ressassées, il se souvenait encore qu'elle avait donner deux commandement. Le premier était assez courant, et se rapprochait de certaines lois clanique, comme celle du passage à l'âge adulte : pour rester dans le bois, il faut donner, c'est-à-dire combattre un monstre dangereux. Cela, Simba l'avait fait lorsqu'il avait fini par maté le vipratel au terme d'un long combat pour avoir propre territoire. Le second était plus trouble : le chemin qui l'attend est celui du désert afin qu'il traverse le monde et constate l'absence de son clan. Avait-elle même dit clairement que son clan n'existait pas ? Le fils du désert sentit sa résolution faillir à ce souvenir. Pourquoi lui avait-elle conçu un tel destin ? Pourquoi tant de solitude ? tant d'isolation ? tant de malheur ? Le chasseur sans tribu avait beau savoir qu'il aurait dû être en train de se réjouir et de remercier le rêve d'être en bonne santé, mais cette fois-ci sa détermination s’essouffla. Les premières larmes commencèrent à couler. Alors, il les lassa faire, les buvant lorsqu'elles arrivaient à ses lèvres. Même les héros peuvent pleurer.

L'hybride abandonné était encore plus loin au fond, navigant au sein du désert. Il venait de se réveiller d'un énième sommeil et le soleil était désormais levé. Il s'était reposé dans le creux entre deux deux dunes, profitant de la fraîcheur de l'ombre de l'une d'elle, qui le recouvrait de sa masse obscure, dormant en outre sous sa forme miniaturisé pour moins perdre d'eau et éviter d'être vu. Maintenant que la nuit était arrivée à son terme, la chaleur allait commencer à devenir plus forte et l'eau était précieuse. Le nomade au cœur des terres arides, après s'être levé, en profita pour lécher la rosée qui s'était déposée sur lui avec l'aube et économiser les gourdes qui pendaient à sa taille. Puis, il ingurgita silencieusement quelques lambeaux de viandes séchés qu'il portait dans des sachets à sa taille. Il avait réussis à les économiser eux-aussi en ingérant des insectes et des arthropodes qu'il avait reconnu le long du chemin, mais, maintenant que l'astre incandescent avait quitté les ténèbres sous l'horizon, ceux-ci allaient se terrer dans la froideur du sable plus profond et être plus difficiles à obtenir. La pitance morosement dévorée, il ne lui restait plus qu'à se remettre en marche une fois de plus. Reprenant tranquillement sa taille normale, l'ombre fut bientôt trop petite pour lui. Néanmoins, il resta immobile un instant, savourant et peut-être regrettant à la fois la début de la journée et la douce chaleur qui glissait sur sa peau. Guettant les dangers après son sommeil, rassuré de leur absence, ses pas précautionneux le firent escalader un dune, puis une seconde, toujours attentif pour ne pas être surpris par la mort.

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P.N.J
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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Mer 29 Jan - 16:18

Un cœur déserté Shyrel10

Comment perdre un temps monstrueux ? Facile, il suffisait de s'appeler Shyrel et de courir après une chimère. Heureusement alors qu'elle eut la bonne idée de faire une halte au cimetière de Kumra afin de s'entretenir avec Cymetia. Non mais sans rire... comment avait-elle pu être bête au point de se dire que Crystal en saurait forcément plus ? Bref, la Revenante voulait bien coopérer en échange d'un petit service. Elle avait besoin d'un nouvel éclat d'Astryum, et le plus tôt serait le mieux. Hmm... ce n'était pas la première fois qu'elle s’acquittait de cette tâche pour ce lémure. Toutefois, si elle honorait cette course en un temps record, elle attendrait d'avantage que quelques réponses, soit ; une aide substantielle ! Une fois la promesse de la Revenante acquise, Shyrel reprit sa route, direction ; Le désert de Sulmi. L'Aralsia savait parfaitement où se rendre afin de traiter la commande de Cymetia. Hélas, elle dut livrer plusieurs batailles contre Vampires et autres monstres avant de parvenir enfin à la frontière de la steppe désertique. En traversant le petit bois, elle dérangea une certaine Aricha qui couvait son lopin de terre au prix du sang. C'était en tout cas ce qu'elle voulait faire croire, à savoir qu'au fond, elle était terrifiée. Shyrel put ainsi la rassurer en quelques phrases, elle ne faisait que passer. Aussi, en négociant un petit détour, l'Hybride abaissa sa garde avant de s'en retourner dans son trou.

L'immense désert l'attendait désormais... Laissant passer la nuit pour se restaurer, Shyrel reprit sa marche dans les alentours de cinq heures du matin. La journée promettait d'être ardente, ce qui n’entacherait en rien sa progression, mais cela risquait de rendre la faune plus hargneuse qu'à l'accoutumée, la prudence était donc de mise.

Au lever du jour, l'Aralsia aperçut une silhouette au sommet d'une dune. L'être semblait regarder l'ensemble de la contrée qui s'étendait devant lui. Il ne donnait point l'impression d'être perdu, ou encore éreinté, mais sa présence intriguait quelque peu Shyrel. Il n'était pas commun de s'afficher à découvert dans un lieu aussi hostile. Son visage était jeune, trop jeune peut-être. Et bien que sa tenue laissait supposer une vie d'errance, personne n'était préparé à tous les dangers qui sommeillaient dans le désert. Pas même elle ! Shyrel pourrait bien entendu se contenter de poursuivre son chemin, laissant ainsi ce jeune garçon pour ce qu'il était, mais cela ne figurait pas en son coeur. Aussi, quitte à être ralentie dans sa mission pour Cymetia, l'Aralsia décida d'accoster l'individu sans jamais chercher à se dérober par une quelconque magie. Faisant de son bâton un appui afin de gravir l'erg jusqu'à sa cime où trônait le jouvenceau. Elle finit par l'interpeller d'une voix claire et chaleureuse...

- C'est beau n'est-ce pas, la méditation idéale !

Son art des relations pouvait même être utile dans un endroit aussi vide que celui-ci. Par sa manière de s'annoncer au garçon, Shyrel visait à ne point l'effaroucher. Et ne tenant pas non plus se faire passer pour une donneuse de leçon auprès du parfait étranger, l'Aralsia ne formula aucune mise en garde quant aux menaces dont il semblait se gausser. Le mieux était encore de comprendre les motivations qui l'avaient entraîné jusqu'ici.

- La robe de Sulmi ne m'est pas inconnue, mais je ne vous avais encore jamais vu. En même temps... Reprit-elle après avoir planté son bâton dans le sable une fois qu'elle l'eut rejoint. Entre ma taille et celle du désert, bien d'autres choses ont dû m'échapper. Finit-elle avec un petit rire étouffé.

Shyrel n'ajouta rien de plus à son introduction déjà relativement chargée. Si l'étranger préférait tailler la route sans même lui adresser un son, c'était son droit le plus légitime. Et dans le cas contraire, la petite Dame était toute ouïe.

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Simba
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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Ven 31 Jan - 13:58

Le soleil dardait déjà d'ardents rayons, lorsque Simba perçut qu'il n'était plus seul. À ce moment, il ne s'agissait que du léger sifflement du sable. C'était le bruit des dunes qui s'effondrent sous les pas d'une créature, comme un léger frottement qui s'aggrave jusqu'au son des flots d'un séisme lorsque l'on vient porter son oreille au sable. Dans le silence du désert, chaque bruit grandit jusqu'à occuper tout l'espace dans des fréquences à la limite du conscient. Mais le désert est aussi secret ; ce mouvement de dune aurait tout-à-fait pu être provoqué par le vent, par un chat ou par un monstre. L'Azur était aux aguets. S'il avait essayé jusqu'à présent d'éviter les dangers, ce n'était pas pour renoncer à sa vie tout de suite. Il avait beau être seul, abandonné, sans son clan et errer au travers des terres sans connaître la moindre destination, le jeune lion ne pouvait s'empêcher de penser, ou plutôt d'espérer peut-être, que quelque chose l'attendait. Cela ne pouvait être que ça après tout. Pourquoi aurait-il rencontrer cet esprit dans les bois sinon ? Le vagabond malgré lui ne pouvait s'accepter à imaginer que ses larmes versées avaient été vaines. C'est pourquoi, faisant taire ses voix intérieures, il rampa discrètement jusqu'au sommet de la plus haute dune à côté de lui, et osa son regard au dessus la fine bande qui délimite la frontière entre les deux pans de la dune, celle à partir d'où le vent emporte de légers grains de sable. Sous le soleil matinal du Timur, une ombre se dessinait à contre jour, une ombre telle que jamais Azur n'avait vu. Le descendant deux races ne sut pas quoi en penser. Alors, malgré la menace que pouvait cependant déceler un petit corps, il s'éleva tout entier sur sa montagne de poussière, pour contempler l'arrivée de cet inconnue.

Sous ses yeux se présentait une figure qu'il lui était si difficile de rattacher à un monstre qu'il connaissait. La toison étrange qui recouvrait son corps ne semblait pas être une fourrure, ce qui aurait déjà été incongru pour cette chaleur, elle ne semblait même glisser correctement le long de son corps comme il aurait été attendu de n'importe quel pelage. Son crâne, reflétant la lumière encore pâle du matin, semblait dépourvu de peau, pointé vers le ciel, comme s'il ne servait plus à rien. Ou plutôt, ce n'était pas vraiment son vrai visage, car lorsqu'elle commença à monter jusqu'aux hauteurs sur lesquels il se trouvait, elle en montra un autre. On aurait dit le visage d'un Azur. Le cœur qui avait souffert de solitude se mit à battre plus fort, plus intensément. La personne qu'il avait dans son regard ne pouvait pourtant pas être de son clan, il y avait trop de choses qui ne convenaient pas, sa taille, sa peau, ses actes, mais l'espoir est le pire des poisons et même à cet instant, alors que ses instincts éprouvés par le danger lui conseillant de se méfier, il ne pouvait s'empêcher d'avoir au fond de lui son plus cher désir, celui de retrouver quelqu'un.

Bientôt la forme, guidée par son bâton de vieillesse, fut menée auprès du corps dressé, tendu, palpitant, de l'errant solitaire. Lorsqu'elle lui adressa la parole, il sursauta presque. Il aurait pourtant sans doute dû s'y attendre, mais un mois entier sans entendre de mots articulés, si ce ne sont les siens, murmurés dans la solitude du soir, lui avait fait perdre l'habitude de ce qui est un comportement banal pour les gens. Si au moins ceux-là avaient été légèrement agressifs comme ceux d'Arrricha, il aurait peut-être été moins étonné mais cette voix était si douce, si douce que dans sa surprise la question qu'il voulait lui adresser au sujet de ce qu'elle était mourut dans sa gorge. Et même, il ne comprit finalement pas vraiment ce qu'elle lui avait demandé. Ce silence qui aurait pu être gênant à d'autre fut néanmoins balayé par sa nouvelle interlocutrice. Elle évoquait le fait qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés auparavant et fit même une plaisanterie en mettant en rapport sa taille et celle du désert. Simba ne sut pas vraiment quoi répondre. Bien qu'il ait vaguement compris qu'il y avait une raison de rire, il n'arrivait pas à comprendre si elle lui avait demander quelque chose. C'est vrai qu'elle était très petite et que les dunes étaient grandes mais... où voulait-elle en venir ? Il ouvrit un instant la bouche pour le lui dire, mais la referma tout de suite après. Cela n'aurait eu aucun sens de lui poser cette question. Ils avaient pourtant tant de choses qu'il ne comprenait à cette situation, à leur situation et même à sa propre situation à lui, qu'il y aurait dû y avoir plein d'interrogations dans son esprit, mais la présence d'une personne si proche de lui, à moins de deux mètres, était si soudaine que son esprit avait été vidé de tout si ce n'est du flux incessant de ses pensées. Alors, il fit ce qui lui semblait le plus naturel : se penchant légèrement en avant, il la renifla. Oh, rien de trop oser cependant, il avait gardé une certaine distance, mais il tenta néanmoins d'éprouver ses odeurs, à la recherche sans doute de celle de son clan. Mais au lieu de cela, il sentit un tourbillons d'éléments inconnus qui lui saisirent la tête comme une violente déferlante d'inconnue. Il y avait le bois, qu'il connaissait, mais aussi le sang mort, la terre froide, la putréfaction et tant d'éléments qu'il fut incapable de comprendre. Mais au milieu de tout ça, il y avait aussi la vague du désert qui avait fini par entrer dans ses cheveux. Déboussolé, le lion se concentra sur ce qu'il connaissait, hasardant :

- Vous... venez... souvent... ici ?

Peinant à formuler sa question, Simba semblait presque s'être perdu dans sa première question. Dire « ici » n'avait pas réellement de sens car les dunes bougent avec le temps et la dune sur laquelle ils se trouvaient aurait déjà changé dans trois jours. Penser au déroulement du temps eut au moins le bénéfice de ramener à son esprit à sa quête véritable. Il avait oublié d'où il venait. Il ne savait pas où il était. Il ignorait même où il allait. Il était temps pour lui de se trouver une destination, de suivre la prophétie d'Arrricha. Alors, c'est avec une voix plus ferme, plus rassurée, qu'il continua sur sa lancée, l'empêchant de répondre à sa première question :

- Savez-vous où vous allez ? Avant d'enchaîner le plus naturellement du monde : Moi non.

Son ton portait la plus désarmante honnêteté. De fait, l'enfant du désert exprimait là tout simplement ce qu'il ressentait, sans le cacher. C'était d'ailleurs assez ridicule quand on y pense, l'idée d'une personne qui avance dans le désert sans savoir où il va. Si une telle personne lui en avait parlé lorsqu'il était encore au sein de son clan, il en aurait sans doute ri. Aussi Simba rit alors à ses paroles, d'un rire léger qui exposait sa bouche et ses canines. Puis, bercé par la chaleur d'un contact humain et par le souvenir de son clan, il l'interrompit gentiment sa réponse pour lui demander :

- Est-ce que je peux venir avec vous ?

L'aventurier des terres désolées était déjà prêt à se mettre en route.

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P.N.J
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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Sam 8 Fév - 21:11

Un cœur déserté Shyrel10

L'étranger ne semblait ni surpris ni inquiété par la venue de Shyrel au sein de sa bulle territoriale. Et bien qu'il ne sut comment la recevoir, l'Aralsia ne put s'empêcher de lui trouver un charme naturel. Manifestement solitaire, ses attributs félins devaient y être pour quelque chose. Toutefois, s'il aurait été une femelle, la jeune femme aurait été chagrinée pour lui. Car d'après ce qu'elle savait, au contraire des mâles, les lionnes chassaient en meute. Aussi, après avoir balbutié une question de toute évidence prononcée en pilotage automatique, l'Hybride se ressaisit et demanda sans détour si elle savait où elle se rendait. Inclinant légèrement la tête sur le côté, Shyrel se mit à sourire avec les yeux, expression qui finit par gagner ses lèvres lorsqu'il ajouta ignorer sa prochaine destination. Mais savait-il au moins d'où il venait ? Sur l'instant, l'Aralsia ne sut quoi lui répondre. Alors qu'elle pourrait se contenter d'un "Oui", Shyrel réfléchit à l'argument qui serait le plus indiqué au vu de ce que le garçon concoctait. Et pour cause, ce dernier était en train d'arranger ses affaires, comme pour se préparer à une longue marche. Bien que rien ne l'indiquait, l'Aralsia pressentit la suite des événements.

- Vous faites ce que je pense là ? Murmura t-elle.

S'arrêtant brièvement à l'entente de ces mots et reprenant aussitôt après, l'étranger émit sa requête alors qu'il achevait sa besogne. Une expression parodique naquit sur le visage de Shyrel, puis pensa tout haut...

- Oui, vous faites ce que je pense... Comprenant avoir été entendue, la petite Dame retrouva son aplomb avant de lui répondre comme l'exigeait la coutume. Excusez-moi, mais je suis peu sujette à ce genre de candeur. D'habitude les gens se complaisent à tourner autour des faits avant de les aborder concrètement. Ah, et voilà que je reproduis ce schéma avec vous alors que vous attendez une réponse simple à une question simple... Baissant la tête en guise d'excuse, Shyrel ne prolongea guère le suspens. Je n'ai rien contre de la compagnie, les traversées du désert sont souvent longues et ennuyeuses. Toutefois, je doute que ma destination soit des plus prestigieuses.

Le jeune Hybride donnait l'impression de se moquer de la direction, l'Aralsia suspectait même que son seul intérêt s'était porté sur sa personne. Et en toute honnêteté, cela ne la dérangeait point. Shyrel aimait toujours faire de nouvelles rencontres, un trait de caractère qui lui permettait bien souvent de faire abstraction de toute cette méchanceté qui balafrait le monde et les Cieux. Mais alors qu'elle voulut ajouter une présentation à sa réponse, un grondement sourd provenant des profondeurs de la terre se propagea jusque sous leur pied. Étant donné la nature du mois, les secousses étaient fréquentes. Seulement, dans le giron de Sulmi, il fallait s'en méfier d'avantage que les créatures qui s'y terraient ! À tout moment le sol pouvait se dérober et les engloutir en un clin d'oeil. Familière des caprices du désert, Shyrel attrapa le poignet de l'Hybride de telle façon à ce qu'il reste en place. Lors d'une manifestation de ce genre, le mieux à faire était d'observer et ne surtout pas courir. La panique conduisait immanquablement à la mort en ces lieux. Depuis le haut de la dune, on pouvait voir des ondulations se propager à l'horizon. En dépit du son effrayant que le tremblement de terre engendrait, ce fut à peine si les protagonistes le ressentirent. Repartant comme il était venu, le phénomène céda sa place à la brise de Timur qui soulevait la poussière jusque dans les yeux de l'Aralsia.

- Pardon... Bredouilla t-elle après lui avoir rendu son bras. Puis, fronçant les sourcils, elle aperçut une tâche sombre sur le mont d'en face. Elle peinait à distinguer la nature de la chose, mais Shyrel ne doutait point qu'elle s'en venait jusqu'à eux. Prenant un temps pour l'observer, elle empoigna machinalement son bâton. Désormais au pied de leur dune, elle crut reconnaître Tina. Sans doute sa vue incommodée par le sable lui faisait défaut, surtout qu'elle savait la femme en question morte depuis deux ans maintenant. Mais à mesure de sa progression sur une monture dont elle ignorait la provenance, l'Aralsia fut forcée d'accepter la réalité des faits, il s'agissait bel et bien de Tina ! Bon sang... mais que lui était-il arrivé, et surtout, pourquoi était-elle en vie ? Il faudra néanmoins qu'elle atteigne le sommet pour que Shyrel comprenne finalement qu'elle était passée entre les mains de Cymetia...

Un cœur déserté Tina10

- Salut vous ! S'écria tout-à-coup l'étrange fille. Lui c'est Carrosse, dit bonjour copain !

De toute évidence, la Tina qu'elle avait connue était réellement morte, son corps servant de réceptacle aux oeuvres de la Revenante.

Un cœur déserté Trans10

- Boooooonjouuur. Fit une voix grave et prolongée sous l'amas de chair sur lequel Tina se trouvait.

Se pliant en deux tout en cherchant du regard, la petite Dame finit par trouver l'origine de cette politesse douteuse. Désormais, ça ne laissait plus de place à la suspicion, ces deux zozos étaient des envoyés de Cymetia. Et ils revenaient de loin à en juger l'état de Carrosse.

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Simba
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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Dim 9 Fév - 1:50

Simba ne comprit pas vraiment la confusion qui s'emparait de l'interlocutrice inattendue qu'il avait trouvée au milieu du désert. Il en fut même un peu inquiété, pendant un léger instant, de la réaction troublée de sa si précieuse rencontre. Cependant, c'était normal après tout : les esprits du rêve étaient connus pour agir et s'exprimer de façon énigmatique et chaque parole émanant de leur bouche, même anodine avait souvent plusieurs sens. Et ce rappel d'une règle des plus élémentaires lui fut clairement salutaire pour accuser la réception de sa tirade qui suivit. Ainsi, le jeune lion agissait selon ce que l'onirique inconnue pensait. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? D'un côté, cela aurait pu être une mauvaise chose en tant que le rôle prévu pour l'isolé aurait été de s'affranchir des ordres donnés, mais celui-ci préféra plutôt y voir une forme de confirmation de sa valeur ainsi que de son succès quant à l'interprétation des annonces gnomiques du précédent guide qui l'avait guidé en ce monde depuis le monde des songes, Arrricha. Plus précisément, sa nouvelle conseillère issue de la terre et du sable louait son honnêteté et sa franchise sous le terme de "candeur". De fait, bien que, parmi les nombreuses légendes des héros de son clans, certaines étaient à propos de héros à la langue aiguisé, qui grâce au seul pouvoir de leur ruse avaient su tromper et profiter des entités entre les mondes, l'aventurier du désert ne les avait jamais particulièrement appréciées. Ce n'est pas tant qu'il méprisât ces héros, car toutes les manifestations de force et de survie étaient à louer pour lui, mais ces techniques étranges étaient tellement éloignées de son quotidien qu'il ne les avait jamais comprises. La vie d'un Azur n'a toujours consisté qu'en la tribu. Il n'y a jamais eu d'"autres" qui auraient pu comprendre leur langue, et même si cela avait été le cas, quel intérêt de les tromper ? S'ils étaient des alliés, les deux tribus se seraient entraidées naturellement. S'ils avaient été des ennemis, alors l'un des groupes aurait anéanti l'autre ou du moins l'aurait mis en déroute afin de ne pas risquer d'être attaqué. L'héritier de son clan n'était donc en rien responsable de cette qualité qu'avait vue en lui la dame aux deux crânes et n'aurait même pas su qu'il aurait pu en tirer de l'orgueil. Au lieu de cela, ce compliment ne créa plutôt en lui qu'un peu plus de respect envers l'esprit qui avait su si sagement se méfier d'une capacité si rare qu'ont certains lointains héros de légende. Il eut un outre un léger soulagement à l'idée qu'elle aurait pu croire à tort qu'il tentât de la tromper durant toute la suite du voyage ; qu'elle s'en soit rendu compte si tôt était donc rassurant car le fils des deux races avait ainsi évité de voyager entravé par une méfiance illégitime. Ils allaient donc pouvoir cheminer ensemble sereinement. Peu importait le prestige, d'autant qu'elle confirmait sans doute par ces paroles le fait qu'il ne pourrait pas retrouver son clan afin de le leur raconter. Il était temps pour lui, qui habitait dans le désert depuis toujours, de la suivre et de montrer ses capacités.

Justement, il avait ressenti sous ses pieds les légères vibrations annonciatrices de tremblements plus forts, un événement fréquent lorsque le soleil étaient dans ces zones-là du ciel. Il entreprit donc simplement d'en faire part à sa compagne de voyage afin qu'elle ne fût pas surprise par l’événement, mais celle-ci lui empoigna solidement la poignet, coupant dans sa gorge le moindre début de son. Ce contact était si soudain, si brusque, si fort, que le jeune lion s'immobilisa violemment. Tous les muscles de son corps étaient crispés comme sous l'effet d'une tétanie causée par le plus affreux venin, pétrifiés comme face aux yeux d'une gorgone, figés par une incompréhension, une confusion, une gêne au-delà de toute comparaison. Il faut dire qu'il n'était plus très habitué aux contacts physiques depuis qu'il vivait en ermite, le plus long mois de sa vie. La peau d'un monstre tannée est très différente de celle charnue d'un Azur ou assimilé. On ne pouvait donc pas vraiment lui en vouloir de ne plus savoir comment réagir à ce genre de proximité. Il fallut donc que sa nouvelle guide lui rende enfin son bras, avec une excuse qui n'ajoutait que plus de trouble, pour qu'il puisse enfin retrouver ses facultés naturelles. La seule chose qui n'avait pas vraiment bougé était l'astre ardent dans le ciel ; l'environnement, lui, était méconnaissable. Le sable s'était affaissé sur lui-même si bien que leur grande dune n'était plus qu'un creux, comme si elle avait pliée sous leur poids. À bien y réfléchir, l'envoyée d'ailleurs semblait elle aussi indifférente aux événements qui venaient d'arriver. Au lieu de cela, détournée dans une autre direction, elle regardait au loin.

Ce n'est qu'à ce moment-là que l'Azur contempla qu'ils n'étaient plus seuls. Ce qui venait d'arriver lui avait décidément fait un choc. Il avait cessé d'être sur ses gardes. C'était un acte impardonnable. Il aurait parfaitement pu laisser sa vie d'un moment à l'autre. Il était celui chargé de protéger leur groupe et voilà qu'il se faisait surprendre par la première créature venue. Non, décidément, il trahissait là tous les enseignements qui avaient les siens, et pour un acte qui aurait dû être parfaitement anodin. Levant ses oreilles, tournant ses yeux, il se mit immédiatement en tâche de détecter la moindre trace d'un monstre un peu trop près, qui pourrait leur poser problème. Mais, de monstres, il ne semblait y en avoir que deux devant eux. Simba devina assez aisément que ces deux nouveaux arrivants devaient s'agir aussi d'esprits du rêve, même si "esprits du cauchemar" aurait paru plus approprié à certains, d'autant que l'un des deux était assis sur l'autre, chose que n'avait jamais vu l'enfant du désert. De fait, plusieurs indices prouvaient que les deux entités devaient en être : ils avançaient dans leur direction à pas paisibles, comme sa tactile rencontre l'avait fait précédemment, et de plus celle-ci ne semblait pas s'opposer à leur présence. Il est aussi à noter que ces deux êtres avaient aussi une peau nue, ce qui était pour l'instant une point commun à tous les envoyés oniriques qu'il avait croisés, encore qu'il n'en eut vu que peu sur Arrricha. En outre, son regard lui donna aussi une précieuse information sur les deux êtres, information que le nouvel héros de sa tribu sut immédiatement placer, pour sa satisfaction personnelle : la chair froide de ces deux individus indiquait aisément qu'ils devaient être associés à des clans de reptiles. Sachant désormais parfaitement à qui il avait à faire, l'ignorant suivit sa camarade dans sa montée, tout en s'adaptant à sa vitesse afin qu'ils arrivent en même temps en haut.

Les deux apparitions les saluèrent tous deux chacun à leur tour. En retour, le jeune lion sentit poliment leur odeur, en se penchant juste légèrement en avant comme il l'avait fait précédemment avec sa voisine. Ils sentaient très fortement la putréfaction. Cela signifiaient qu'ils avaient dû être de grands charognards, car seuls eux pouvait se permettre d'exhaler ce genre d'odeur, ne risquant pas en effet de faire fuir leurs proies déjà mortes, et éloignant du même coup les autres prédateurs en leur signifiant qu'ils y laisseraient beaucoup d'eux-mêmes, notamment leur appétit, s'ils voulaient leur combattre leur bout de viande. Ce devaient avoir été de puissantes créatures, mais dans le rêve la force étaient différente de celle du réel. Était-ce sa nouvelle compagne qui les avait appelés ? En tous cas, cela confirmait au moins un chose :

-C'est pour cela que vous m'avez retenu le bras, n'est-ce pas ? Pour que nous les attendions ? Vous les connaissez.

Le ton simple indiquait aisément que la dernière phrase n'était pas une question mais bien une affirmation. Il était clairement visible à sa réaction qu'elle les connaissait. De toute façon, l'odeur qu'il avait perçue sur eux correspondait trop bien à une lointaine qu'il avait sentie sur elle. Cela ne faisait que donner plus de cohérence à ce qu'il se passait. De cette rencontre découlait logiquement une question :

-Allons-nous voyager avec eux jusqu'à notre destination ?

Cette possibilité était assez logique et elle ne dérangeait guère Simba. Au contraire, ils semblaient assez puissants, surtout Carrosse, et leur odeur à elle seule jouerait un certain rôle, en dissuadant des monstres de tenter une attaque vaine sur leur compagnie. Pour autant, l'idée de voyager entouré par tout un groupe d'esprits et aucun autre Azur était assez étrange à imaginer, exotique même. Ce n'était pas quelque chose que le membre de son clan s'était imaginé un jour arrivé. Même s'il avait toujours été plus investi dans les légendes des héros et leurs exploits guerriers que la plupart des enfants, même lui n'aurait jamais cru qu'il serait un jour comme l'un d'entre eux, explorant le désert parmi tant de ces êtres qui n'existent que dans le rêve. De plus, ce qu'il aurait cru d'autant moins, même si son père lui même le lui avait dit c'est qu'il monterait peut-être un jour sur eux. Monter une autre créature, est-ce qu'un Azur avait un jour pensé à cette idée complètement folle ?!

-Suis-je censé monter sur vous, Carosse ?

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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Dim 9 Fév - 6:22

Un cœur déserté Shyrel10

Bien qu'elle avait cerné le tempérament atypique de l'Hybride, Shyrel s'attendait à bien des choses de sa part, sauf à celle-ci ! Monter sur Carrosse ? Il n'était tout de même pas en manque de fréquentation à ce point là, si ? Mettant ce fait inqualifiable sur le compte d'une éducation d'un nouveau genre, l'Aralsia leva sa main paume face au visage juvénile du lionceau. Indiquant par ce geste de cesser son entreprise au même titre que ses paroles, Shyrel s'intercala entre les Revenants et l'Hybride. Tandis que le corps de Tina s'offusquait en plaidant à tue tête que Carrosse était à elle et rien qu'à elle. L'Aralsia incita l'étranger à reculer en faisant pression sur lui à l'aide de ses petite mains imposées sur sa taille. Une fois suffisamment éloignés des cadavres, Shyrel s'écarta d'un pas de telle façon à pouvoir le regarder dans les yeux. Son expression était inconsistante, triste résultat d'une incompréhension sur les attentes du garçon. Devait-elle craindre qu'il souffrait du même mal que la nouvelle Tina ? Son intellect était-il altéré d'une quelconque manière, ou était-il simplement mue par un instinct qui le poussait inexorablement vers la voie de l’extinction ? Alors que d'autres appelleraient ça ; la sélection naturelle, Shyrel en revanche ne demandait qu'à comprendre. Pour le coup, il n'avait plus guère le choix de s'expliquer si il souhaitait sincèrement voyager en sa compagnie.

- Mais où avez-vous donc la tête ? Demanda t'elle en demie teinte. Si je puis me permettre une suggestion, vous devriez abandonner le carpe diem, cela ne semble guère vous réussir. Et pour vous répondre, je vous ai retenu pour que vous ne cédiez point à la panique face à la colère des éléments. Peut-être ai-je eu tort, en ce cas je m'en excuse. Un acte qui ne cachait pas l'ombre d'une prémonition ! Shyrel insista bien sur ce dernier point. Quant au fait de les connaître, en aucune façon ! Je ne suis informé que de leur nature. Préférant éviter toute histoire susceptible de faire philosopher le lionceau, l'Aralsia alla au plus simple.

À mesure qu'elle dissertait, un lien des plus curieux s'établit en son sein. Un souvenir... ce dernier masqua sa vue l'espace d'un instant. Se demandant alors pourquoi ce vieil ermite lui était soudainement reparu dans un moment qui ne s'y prêtait guère, Shyrel cogita quelques secondes. L'Aralsia avait fait sa rencontre bien des lunes auparavant. Sentant sa fin proche, le vieillard se livra à elle. Ses paroles faisaient désormais écho avec ce qu'elle vivait présentement, à savoir que l'ermite avait confié à Shyrel sa vision de l'être qu'il considérait comme idéal. Et afin de donner corps à ses propos, il ajouta être un Marcheur de rêve. Selon lui, il aurait créé tout un monde avec des habitants façonnés par sa volonté. Un univers sans artifice ni guerre... un univers où la simplicité régnait en maître. Désormais, son rêve serait que l'un de ses êtres imaginaires survivent à sa disparition. Sans grande conviction ni réelle volonté de l'appuyer dans sa confusion, Shyrel fit usage de sa magie à sa demande, lui donnant ainsi l'impression que sa fiction prendrait forme sur Astrune. Il eut un sourire pour sa bienfaitrice avant d'exalter dans un ultime souffle, le prénom de Simba. Cet homme peu commun s'était présenté sous le baptême de Abisha. Après quoi, elle le mit en terre selon la tradition de Zanérim et pria pour le salut de son âme.

L'infortuné ne s'était pas encore présenté, et quand bien même cette odyssée semblait inconcevable, Shyrel demeurait très ouverte d'esprit. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu'elle assisterait à un fait des plus étranges. De plus, le garçon correspondait en de nombreux points aux dires du vieil Abisha. Hélas, ce chapitre existentiel fut pour elle si décalé de la réalité que sa conscience en avait pratiquement été désertée. Encore quelques mois, et elle aurait tout oublié tant d'autres événements requéraient sa pleine concentration.

- Avec tout ça j'en oublie les bonnes manières, je me nomme Shyrel.

L'Aralsia demeurait immobile devant l'Hybride, et malgré le sable, elle ne cillait point...

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- Quoi que tu fais, moi j'rentre ! j'ai pas que ça à faire, et Cycy non plus !

Vociféra Tina toujours outrée par le comportement de l'autre gougea ! Carrosse se mit d'ailleurs en marche sans attendre un quelconque ordre en ce sens.

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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Dim 9 Fév - 19:45

La seule réponse aux questions de l'imprudent sera dans un premier temps une main placée entre lui et l'objet de sa dernière interrogation. Cette paume était clairement protectrice et il n'y avait qu'à constater les vociférations de la cavalière pour le comprendre. Simba devait avoir commis une erreur dans ses paroles. Ses formulations avaient sans doute été interprétées comme une injure par les esprits du rêve qui l'entouraient. Comment aurait-il pu le savoir ? Il ne connaissait rien d'eux ! Cependant, cela n'excusait rien. L'ignorance emportait tout autant d'Azurs dans son linceul que l'inattention. La vérité, c'était qu'il s'était tout simplement laissé emporter par son ardeur. L'aventurier des sables se rembrunit. Cela faisait plusieurs fautes graves qu'il accumulait à la suite durant ces dernières minutes, des fautes inacceptables. Étaient-ce ces nouvelles rencontres après autant de temps seul ? Ou alors était-ce une faiblesse ancrée tout au fond de son cœur qui tentait de ressortir malgré le vernis de force dont il avait toujours tenu à se couvrir ? Quoi qu'il en fût, l'isolé dans les dunes devait se ressaisir s'il voulait se tenir prêt aux éventuels assauts que pourraient lancer contre eux les êtres au souffle froid malgré la défense légère de son alliée. Celle-ci se retourna d'ailleurs vers lui, croisant ses yeux. Son expression était vague, confuse, comme un mélange de doute et de ressentiment. Bien que le jeune lion n'arrive pas tout-à-fait à la lire, elle causa plus de trouble, une angoisse au sein de poitrine. La colère qu'il pouvait deviner malgré sa voix coupée ne présageait rien de bon. Le questionnement de sa santé mentale était légitime bien qu'elle ne le plonge que dans des abîmes de déception sur lui-même. Il lui avait semblé avoir été jusque là digne des espoirs des esprits qu'il avait rencontrés, mais il venait de trahir leurs attentes. Il avait été dépassé par l'orgueil, la jouissance de son nouveau statut, le « carpe diem » ainsi désigné. Ainsi, déniant une à une chacune des idées qu'il avait présumées, Shyrel défit morceau par morceau la paix de son cœur. L'héritier Azur se rendit compte que toute sa compréhension de ce qui se passait, sa volonté d'interpréter ce qui l'entourait, était peut-être liée au désir vain de vouloir apprivoiser le monde inconnu, peuplé d'habitants oniriques, dans lequel il se trouvait désormais plongé, dans un acte désespéré pour que les choses ne lui échappe pas, pour se bercer de l'illusion qu'il avait un contrôle sur ce qui lui arrivait, pour oublier ne serait-ce que quelques minutes qu'il était seul, perdu au milieu de monts de poussière qu'un simple tremblement suffisait à faire s'effondrer. Les yeux colorés de tristesse, Simba ne pouvait rien faire, il avait décidément été rejeté. Alors, en silence, l'abandonné détourna le visage pour guetter un danger, frêle tentative pour se rassurer lui-même, laissant le vent chaud du Timur assécher ses yeux lourds des larmes du souvenir qui ne voulaient pas couler.

Se radoucissant, l'envoyée des songes décida enfin de se présenter et l'Azur put finalement mettre un nom sur celle qui allait peut-être, si elle le voulait toujours, le guider dans son voyage : Shyrel. C'était la dernière personne dont il lui manquait le nom, et la plus importante. Il était maintenant au tour du descendant des deux races de se présenter, ce qu'il allait faire de suite. Cependant une autre voix les interrompit, leur faisant tourner la tête vers elle avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit. Tina venait d'indiquer qu'elle partait à l'instant et il fallait absolument que le fils du désert lui dise quelque chose d'important. Ainsi, s'approchant un peu d'eux bien qu'ils commençassent déjà leur départ, il reconnut ses torts :

-Avant de partir, je tiens à m'excuser de mes paroles qui ont visiblement été offensantes malgré moi. J'ignorais, et j'ignore même encore tout de la monte d'une créature par une autre. Je ne savais pas qu'il ne pouvait y avoir qu'un seul cavalier, ni même que ce serait une insulte de demander à y monter à son tour. Alors, s'il vous plaît, pardonnez moi pour mon erreur.

Le jeune lion acceptait ainsi ses fautes. C'était la meilleure solution. Il avait effectivement commis ces étourderies et il était juste de les reconnaître afin de pouvoir avoir une chance de s'élever soi-même et d'un jour cesser de les commettre. En outre, il n'est jamais avisé d'avoir un esprit du rêve fâché contre soi. Certaines légendes parlaient de vengeances plusieurs années après ou même d'une inimitié durable qui se joue avec des attaques mesquines et discrètes qui n'existent que dans le monde des songes. Qui que fussent ces entités en définitive, il était préférable de ne pas s'attirer leur ressentiment. Ainsi, les regardant s'éloigner entre les dunes, il les salua prudemment :

-Si vous êtes des alliés, je vous souhaite de faire bon voyage.

Simba savait que si leur rencontre s'était passée sans confrontation cette fois-ci, rien ne promettait qu'il en serait de même la prochaine fois. Et si jamais ils se révélaient ennemis, à défaut des monstres du désert, ce serait lui qui se repaîtrait de la chair que portaient encore leurs os. Ce genres de considération n'appartenait néanmoins pour l'instant qu'au destin et le présent attendait encore certaines choses de lui. Se retournant, puis approchant plus près, il s'adressa alors à son onirique guide, qui était restée avec lui :

-À vous aussi je dois des excuses, Shyrel. Il semblerait que je me sois mal comporté. Moi même, j'ignore encore la teneur de mes mésactions, cependant j'ai compris à vos diverses réactions que j'ai dû mal agir malgré moi. Cela fait tellement longtemps que je n'ai rencontré qui que ce soit que je ne sais plus vraiment me comporter et je me suis laissé aller à la passion du moment. …Mais je vous ai fait mal, alors tout cela, ce ne sont que des excuses vaines. Je n'ai pas vraiment de justifications à la hauteur de mes actions. Je ne puis que vous demander de me pardonner.

Ponctuant ses mots, il inclina légèrement la tête, un symbole fort car cela le plaçait ostensiblement en position de faiblesse et il n'y aurait besoin pour elle que d'un geste pour lui briser la nuque. Il se mettait clairement à sa merci, et c'est ainsi qu'il lui rendit sa présentation :

-Je m'appelle Simba. Je suis issu du clan des Azurs, bien que j'ai perdu toute trace de ma tribu depuis un certain temps.

Cependant, le cou ainsi penché, le nouvel ermite ne put voir le choc qui dut se peindre sur le visage de son interlocutrice à l'audition de ce nom qu'elle avait déjà entendu dans une autre bouche, plus vieille. C'est ainsi avec le même entrain qu'il continua par la question fatidique qui se posait pour lui, bien loin des préoccupations qui secouaient alors les pensées de son guide :

-Malgré ce que j'ai fait, voulez-vous toujours cheminer avec moi ? Notre voyage est-il encore possible, même après avoir croisé ces deux esprits qui viennent de là par où vous êtes passée ?

Puis, il releva alors doucement la tête pour observer la réponse de la dame de terre et de sable sur son visage. Il y trouva pourtant bien autre chose, des expressions étranges qui l'inquiétèrent :

-Quelque chose vous arrive. Vous n'allez pas bien ?

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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Lun 17 Fév - 17:00

Un cœur déserté Tina10

En route pour le cimetière de Kumra, Tina sur les courbes disgracieuses de Carrosse, entendit soudainement une voix quelque peu fluette l'interpeller. Oh pas directement, mais d'une façon suffisamment distincte pour permettre à la Revenante de comprendre que l'humanoïde au pelage roux s'adressait à elle. Lui qui était si maigre... Interloquée par ses balbutiements décousus, Tina ordonna à son véhicule charnel de revenir sur ses traces. De retour au plus près du bonhomme, elle fronça les sourcils dans l'espoir de comprendre cette verve inconnue de son ciboulot. Puis, sans que nul préambule ne la prépare à cela, le jeunot finit par se détourner d'elle afin de se concentrer sur l'autre présence. Alors quoi, il avait fini, c'était tout ? Il ne se passait rien ? ni ne formulait quoi que ce soit de grandiloquent ? Tina grattait frénétiquement sa tignasse hirsute. Tant bien que mal, elle essayait de se remémorer chacun de ces mots. Les quelques survivants qu'elle retint finalement de l'oubli furent ; Erreur, créature, insulte, voyage... La Revenante assembla ces restes afin de former une phrase ; "Sa créature était une insulte, son voyage était une erreur !". Mais alors que ses iris viraient au rouge sang, Carrosse, épuisé par les débordements de sa cavalière, intervint une fois encore...

Un cœur déserté Trans10

- Gamin dire pardon à Tina et Carrosse, Tina être stupide, Tina ne jamais rien comprendre ! Grogna la chose.

- OOooooohhh c'est trop meugnooooon !!! S'écria tout-à-coup la Revenante, alors que le rouquin s'affaissait devant l'autre naine.

Attrapant son visage laiteux de ses mains suintantes de viscosité, Tina lui pinça les joues. Elle le trouvait tellement adorable. Bon... la traduction de Carrosse y était pour quelque chose, mais sa posture face à la pitchounette la fit véritablement frémir. C'était... comment dire, beau ?

- Tu veux bien l'faire pour moi aussi ?!! S'exclama t-elle après s'être reculée brusquement. Je veux, je veux, je veux ! Répétait Tina en sautillant dans le sable.

- Hmmm non.... Émit le fondement de Carrosse, conscient de l'ahurie qu'il se trimbalait. Markus n'étant plus là pour la contenir, la Revenante n'avait de cesse de s'embarquer dans d'innombrables délires.

Un cœur déserté Shyrel10

La prestation de Tina fut si remarquée que Shyrel n'eut même pas le loisir de répondre à Simba. La créature de Cymetia semblait hors de contrôle, complètement livrée à elle-même. Et bien qu'elle ne manifestait aucune dangerosité dans sa folie du moment. L'Aralsia était pour le fait qu'elle reprenne sa route, et le plus tôt serait le mieux. Toutefois, alors qu'elle n'en finissait plus de bondir, une masse informe se décrocha depuis son entre-jambe. S'écrasant dans la steppe désertique, Shyrel l'observa un instant. Un éclat irradiait d'une teinte bleutée depuis le giron de cet amas de chair. Une lueur qu'elle reconnaîtrait parmi n'importe qu'elle autre. À présent, l'Aralsia savait d'où ils s'en venaient. Il n'y avait qu'au gouffre rampant que l'on pouvait en trouver... c'était d'ailleurs là-bas qu'elle se rendait avant de croiser Simba. Shyrel décida donc d'agir préventivement, à savoir que Tina possédait ce que Cymetia lui avait demandé. Aussi, dans l'attente de trouver un arrangement avec la déchue, la petite Dame fit usage de sa manipulation sur le sable pour ensevelir l'abattis.

- Du calme ! du calme, Tina. Finit-elle par dire à l'égard de la Revenante qui à présent faisait des rondes autour d'eux.

Se fichant complètement de la demande de Shyrel, la Revenante se jeta à corps perdu sur Carrosse. Enroulant son bras gauche autour de la tête suspendue de ce dernier, elle entreprit sur son crâne chauve et huileux une action pour le moins déroutante. De sa main refermée en poing, elle frottait avec hystérie le caillou de sa monture. Profitant de ce moment de répit, s'il en était, l'Aralsia résuma sa réponse pour Simba...

- Ne vous inquiétez pas, je vais très bien. Quant au fait de vous absoudre, cela n'a point lieu d'être, puisque de mon point de vue, vous n'avez commis aucune faute. Faites simplement attention lorsque vous avez à faire à ce genre créature. Chuchotait Shyrel en désignant Tina de son index. La situation ne s'y prête plus aussi bien, mais... ravie de faire votre connaissance, Simba. Puis, le tirant par le bras afin qu'elle puisse lui murmurer à l'oreille, elle ajouta : Mon voyage vient quelque peu de changer, et je dois désormais me rendre dans un endroit glauque, sans vie... Désirez-vous toujours en être malgré tout, ou devons-nous se séparer ?

La Guilia qu'avait perdu Tina y était pour beaucoup dans ce changement de programme. Récupérant la masse discrètement après l'avoir fait remontée derrière elle, Shyrel la glissa dans sa besace. Elle avait moyen de s'épargner un aller et retour en fournissant à Cymetia ce qu'elle lui avait demandé en échange de son aide. Or, le temps faisait cruellement défaut à Zanérim ! Quitte à prendre ce qui ne lui appartenait point, l'Aralsia mettra tout en oeuvre pour sauver son peuple.

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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Mar 18 Fév - 0:07

Le fils du désert, incliné d'une façon qui ne lui était pas habituelle finit cependant bien rapidement par trouver la cause de la stupeur de sa vis-à-vis, en suivant son regard. Les deux esprits au corps froid s'étaient arrêtés malgré l'annonce de leur départ. La cavalière s'agitait une fois de plus sur sa monture, avec plus d'agitation encore cette fois-ci. Simba avait néanmoins la certitude que ce n'était pas lui qui était responsable de ce sursaut d'émotion-là. Tina avait en effet accepté ses excuses, peu avant, tandis qu'il adressait celles qu'il devait à celle dont il connaissait désormais le nom, Shyrel. Déconcentré et tout autant étonné par les actes de l'esprit reptilien que par la surprise que ceux-ci provoquaient chez sa guide, le jeune lion ne savait pas comment réagir face à ces événements. Il n'avait jamais été confronté au rêve de front auparavant, aussi il ignorait ce qui y était normal et ce qui ne l'était pas pour eux. À vrai dire, en ce qui lui concernait, il lui semblait déjà que sa réalité était complètement déchirée depuis son retour sur les terres de son clan et sa rencontre avec Arrricha. En un sens, ce mois de solitude avait été un peu comme une longue errance au travers de son esprit, jusqu'à la limite de ses capacités mentales. Les Azurs lui avait enseigné une conduite, un sens moral, des légendes pour survivre dans le désert, mais il paraissait de plus en plus, surtout avec trois esprits du rêve en face de lui, que rien ne l'avait préparé à ce qui l'attendait. Comment aurait-il seulement pu réussir à trouver un sens à la vision d'êtres mythiques, en train de jouer ensemble comme des enfants, au beau milieu de la terre de tous les dangers ? D'aucune façon. Alors, l'héritier des deux races se redressa calmement et vérifia tranquillement autour de lui qu'aucun danger ne se dirigeait vers eux, plus pour la forme qu'autre chose car la présence de ces trois êtres surnaturels n'attiraient miraculeusement pas la moindre créature, comme si toutes avaient déserté les lieux. Était-ce l'odeur ? Lorsque, dans sa contemplation des environs, l'étrange femme finit par éjecter une sorte d'amas indescriptible, légèrement irisé, de l'endroit par lequel les femmes accouchent, il ne put alors que trouver ça normal. Cela confirmait l'idée initiale qu'il avait eu : ces deux personnes qui n'émettaient pas de chaleur étaient effectivement d'origine reptilienne. Elle devait vraisemblablement avoir pondu un œuf. Celui-ci glissa d'ailleurs de lui-même dans le sable jusqu'à s'en faire engloutir. Le sable était en effet un bon moyen de protéger celui-ci de la chaleur du soleil qui allait augmenter avec son élévation jusqu'au zénith. Le sable absorbe peu la chaleur, si bien que tandis que le sol qui fait face au soleil peut parfois devenir tellement brûlant qu'il peut blesser la chair tendre des pieds d'un enfant, les couches en profondeur restent néanmoins fraîche pour les racines, voire froide comme la nuit. L'hybride errant nota l'endroit où la descendance était tombée, se promettant mentalement de ne pas y marcher, afin de ne pas s'attirer les foudres des inconnus pour avoir encore enfreint une règle de leur espèce dont il ignorait presque tout.

De son côté, la petite guide avait cessé de vouloir calmer en vain les deux esprits reptiliens et revint vers le silencieux chasseur qui veillait paisiblement sur leur groupe hétéroclite. Après quelques justifications et des politesses rapides, il la laissa le tirer par le bras pour faire face vers une autre direction. Il aurait tout-à-fait pu lui résister, son accroche était bien faible par rapport à la sienne, d'autant qu'il ne savait pas vraiment ce qu'elle lui voulait, cependant le jeune lion avait constaté de près qu'elle pouvait se montrer vindicative lorsqu'elle avait décidé quelque chose. C'est donc avec patience qu'il suivit son mouvement pour écouter les confidences que sa guide avait à lui faire. Le pauvre Azur n'en comprit pourtant pas vraiment les enjeux. Sans connaître son dessein précédent, il pouvait difficilement comprendre quelle était la véritable portée de ce changement de destination. Entre une qui « [n'était pas] des plus prestigieuses » et « un endroit glauque, sans vie », il n'y avait pas tant de différence. Peut-être était-ce une énième façon de confirmer la mort de son clan, mais à ce point-là Simba commençait à en douter. Si elle lui expliquait ce genre de choses, était-ce pour lui faire comprendre qu'il était responsable de ces modifications de leur voyage ? C'était là aussi peu probable, malheureusement pour l'orgueil de l'Azur. Cependant, l'habitante du désert mit assez rapidement un terme aux réflexions intempestive de son allocutaire, tandis qu'elle profitait d'un petit gémissement soudain émanant des deux lutteurs inhabituels, pour porter à sa main une sorte de pierre depuis les profondeurs de la dune. Il reconnut aisément ce dont il s'agissait et ne put s'empêcher de demander à son tour, murmurant davantage par imitation inconsciente de sa locutrice que par réelle volonté de se cacher :

-Est-ce l’œuf de Tina que vous étiez venue chercher ? C'est la raison à notre changement de destination ?

Puis, en relevant les yeux vers la direction qui leur faisait face, le fils des territoires de sable interminables comprit, au souffle et au soleil qui lui caressaient les yeux, que Shyrel avait pour but de faire demi-tour. Elle voulait le ramener là d'où il était issu, dans ce bois où il avait périclité et désespéré pendant plus d'un mois. Sous le choc de cette révélation, il ne put réprimer un frisson. Reculant d'un pas, un « non » mourut sur ses lèvres sans recevoir la force de sa gorge. Inquiet, il ne put s'empêcher de demander presque frénétiquement, bien qu'il en connaisse la réponse :

-Êtes-vous sure que vous avez atteint votre objectif ? Vous n'avez rien à chercher là-bas ? Pas une autre pierre ? ou quelque chose enfoui au milieu du sable ?

Mais la réponse à ces questions était aussi évidente que sa peur l'était désormais pour lui :

-Excusez-moi, ces questions étaient stupides.

De même, sa peur était stupide. Que craignait-il exactement dans ce bois ? Que son clan se trouve finalement à l'endroit où l'avait laissé ? Ça n'avait aucun sens. D'être de nouveau seul là-bas ? Il était accompagné maintenant. De ne pas vouloir le quitter de nouveau ? Sa situation actuelle n'était plus la même qu'avant. Ce qui l'effrayait, ce n'était que les souvenirs du passé, s'agitant autour de lui comme des fantômes d'un temps passé qu'il ne retrouvera plus. Après avoir été seul avec ses pensées pendant tellement longtemps, il est normal de finir par les craindre. Malheureusement un héros ne pouvait se permettre d'avoir peur indéfiniment, il doit affronter vaillamment les épreuves qui lui arrivent, et les dépasser. Ainsi le devait Simba :

-Je suis prêt pour notre voyage où qu'il nous mène. Partons dès à présent.

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MessageSujet: Re: Un cœur déserté   Un cœur déserté Icon_minitime1Mar 25 Fév - 16:06

Un cœur déserté Shyrel10

Pendant que le corps de Tina s'adonnait à toutes sortes d'expérimentions sur sa monture de chair, Shyrel dut se résoudre à répondre de son acte à Simba. L'Hybride, loin de se laisser distraire par les Revenants, observa d'un oeil avisé la manoeuvre de l'Aralsia. Etant ce qu'il était, il demanda ouvertement si ce vol et son changement de destination étaient liés. Sa voix fut toutefois suffisamment éteinte pour que l'ancienne propriétaire ne puisse en prendre note. De toute évidence, ce garçon aimait fourrer son nez dans les affaires des autres, et à moins que ce ne soit déjà le cas, cela risquait fort de le desservir. Oh rien qui ne vienne de Shyrel, qu'il se rassure, mais d'autres pourraient se montrer beaucoup plus tranché sur le sujet. S'il s'agissait bien du même Simba dont le vieil Abisha lui avait parlé, alors l'être ne connaissait rien de ce monde. En somme, l'Hybride était pur, la corruption régnant sur Astrune comme les méfaits de Xiris sur son peuple, n'avaient pas prise sur lui. Rien que pour cela, Shyrel était désolée de s'en retourner au cimetière de Kumra, lui préférant largement le gouffre rampant comme thème de visite... Elle pourrait également faire le choix de l'abandonner au désert, mais d'une, ce trait ne figurait guère dans son caractère, et de deux, elle se sentait désormais responsable de lui. Surtout si le Simba en question était bien celui auquel elle songeait ! Par ailleurs, peu après son interrogation concernant le larcin, le jeune garçon eut un mouvement de recul aux dires de sa vis-à-vis. Un soubresaut qu'il confirma en s'assurant de sa décision si soudaine.

Shyrel soupçonna alors une réaction instinctive à un fait passé, car elle se doutait bien qu'il n'avait aucune idée de ce que pouvait être un lieu glauque et sans vie. Bien qu'il s'excusa presque aussitôt de son impolitesse, l'Aralsia attrapa sa main d'une poigne ferme avant de la recouvrir de sa seconde menotte. Par ce geste intrusif elle se voulait bienveillante au yeux de cet Hybride si loin de chez lui. Puis, comme si de rien n'était, Simba suggéra de se mettre en route sans plus attendre ! L'entraînant alors avec elle afin de ne plus être ennuyés par les bruits répugnants qu'émettaient les charognes, Shyrel s'expliqua...

- Je suis vraiment désolée de vous imposer ce détour ! Implora t-elle le regard triste. Pour moi c'est un raccourci, alors que pour vous... c'est une route qui ne mène nul part. Comprenant son affection pour le désert, l'Aralsia poursuivit. Mais si ça peut vous rassurer, nous reviendrons très vite dans cette région, car je réside aux confins de celle-ci. Voyez-vous, j'ai une responsabilité envers mon peuple, et j'ai bien l'intention de l'honorer. La providence m'a fait don de l'oeuf de Tina, et je saurais en faire bon usage.

La détermination pouvait se lire sur son visage. Mais il demeurait néanmoins un problème, les Revenants... Shyrel n'avait aucune intention de cheminer jusqu'au cimetière en leur présence. Alors quitte à effaroucher Simba, la petite Dame fit usage de sa magie ! Ses doigts, puis ses mains s'agitèrent avec grâce, faisant ainsi se mouvoir le sable de Sulmi. L'Aralsia assembla chaque grain jusqu'à ce qu'un gigantesque cheval prenne finalement forme. Hissant l'Hybride en même temps qu'elle par le biais d'une seconde manipulation apparentée à une plateforme, tous deux se retrouvèrent sur son dos à près de quatre mètres du sol. Contrôlant chaque parcelle de la structure, Shyrel entra dans un état second.

- Accroches-toi ! Le vouvoiement comme bon nombre de principes civilisés passaient en arrière plan lorsque la transe la submergeait. Une phase obligatoire si elle souhaitait garder une concentration optimale ! Cela ne sera pas long.

Une fois ces mots formulés, le cheval géant se propulsa littéralement en direction du petit bois. Quant au couple de Revenants, trop absorbé par les délires irrationnels de Tina, ne remarqua même pas l'équidé de sable soulever la poussière avant de disparaître dans la sylve qui servait de frontière entre le désert de Sulmi et la terre désolée...

[OUT : La terre désolée ~ICI~...Arrow]

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