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 Une promesse pour une promise

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P.N.J
P.N.J
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MessageSujet: Une promesse pour une promise   Une promesse pour une promise Icon_minitime1Ven 6 Sep - 13:55

[Arrow...suite de ~ICI~]

Arrachée à la froidure de Freezis, Enyale n'existait point dans l'esprit du Roi, avant que son patronyme ne soit mentionné par Dame Elizabeth. Par ailleurs, même cette dernière n'était pas certaine des informations qu'elle détenait à son sujet. Le savoir qu'elle pouvait toutefois revendiqué concernant cette "fille", résidait en son âge. En raison des complications de la grossesse de sa cousine, elle se retrouva à son chevet au moment de l’accouchement. Bien que l'enfant soit né garçon, elle apprit, là encore par un triste concours de circonstances, qu'il n'était plus exactement ce qu'il était supposé devenir. Le fait qu'elle ait ajouté son prénom à la liste des prétendantes pour sa Majesté, demeurait cependant un mystère. Car elle savait que sa proposition était pipée, mais comme elle semblait être la seule à le savoir, cela lui donnait un ascendant certain sur l'avenir du royaume. Peut-être voulait-elle contrôler le Roi à travers Enyale ? Ou peut-être voulait-elle simplement que la famille Avelyn gagne en prestige ? Qui pouvait le savoir ?

Bien que les intentions nébuleuses de la Dame de fer pouvaient être remises en question, la sécurité d'Enyale prévalait sur tout le reste. Ne souhaitant point voir celle-ci partager le sort funeste des deux autres lorettes, Elizabeth prit les dispositions qui s'imposaient. Ainsi, elle convia Irachlite en toute discrétion, lui demandant de lui allouer ses meilleurs agents au cas où les événements viendraient à mal tourner. Elle fit également jouer ses relations afin que l'Oiseau bleu soit mis à sa disposition. Une Gardienne de cette envergure n'était clairement pas de trop pour une Dame aussi suspicieuse. De plus, Althéa ne pouvait que se sentir personnellement impliquée, du fait de son appartenance à la dynastie de sa future protégée.

Pour s'épargner les complications bureaucratiques propres à la politique sournoise de Nandis, Elizabeth fit le choix d'adopter Enyale. Pour autant, la Dame de fer n'entretenait aucune espèce d'affection pour l'enfant, elle ne l'avait même jamais rencontré. En digne fruit du système monarchique, Elizabeth se hissa dans les hautes sphères par les mêmes procédés qui l'avaient vu naitre. À la différence que, son investissement réussirait là où les autres avaient échoué. Grâce à des manigances habiles, et quelques offres dont peu refuseraient, le Roi accepta sa future Reine en la personne d'Enyale. L'amour ? Fut-il déjà question d'un tel sentiment au sein de cet univers ?

Rassurée de savoir Enyale entre les mains protectrices d'Althéa, la Dame de fer se détourna de la cérémonie afin de suivre la piste d'Albrecht, un barde proxénète. La suite, nous la connaissons... L'office fut long et fastidieux, tant et si bien que le souffle de Sinah gagna l'ensemble de l'auditoire, engourdissant la vigilance des gardes. Quand le Roi fut attaqué, nul ne fut en mesure d'intervenir pour sauver le monarque. L'Oiseau bleu aurait certainement pu intervenir avec diligence, mais par un malheureux hasard, elle se trouvait dans les jardins royaux au moment des faits. Enyale quant à elle, drapée de sa plus belle robe, avait assisté à toute la scène. L'éclat lumineux s'échappant de la toge du prêtre, puis grossit, prenant peu à peu la forme d'une silhouette venue d'un autre monde. La crainte mêlée de fascination envahit chaque âme présente, à l'exception de la future Reine, qui n'y vit qu'une "rivale" prête à lui voler son heure de gloire. Et alors que le ventre du Roi se faisait perforer, Enyale manipula sa rétine, ou plus exactement ; ses photorécepteurs, afin d'apporter un contraste à ce bain de lumière. Lui permettant ainsi de discerner les traits de l'assassin. Hélas, en dehors d'un visage féminin raffiné à l'expression navrante, l'apparition était d'une banalité affligeante... Ne l'ayant toutefois jamais aperçue auparavant, cette information lui était hélas complètement inutile.

Après que le régicide fut commis, des hommes d'armes loyaux à Irachlite s'en vinrent escorter Enyale jusqu'au presbytère. Les soldats la maintenaient si fermement, que ses pieds firent une infidélité au sol, au moins le temps du trajet. Et pendant qu'Althéa devait répondre de son manquement face à Ligus, Enyale demeurait confinée sous la garde de quatre fantassins, bientôt rejoints par un cinquième.


Une promesse pour une promise Fzolix10

Le cinquième garde envoyé en renfort des quatre autres, répondait à l'appellation de Félix. Conscrit dès son retour à Nandis, il fut briefé sur la situation par Irachlite en personne. Aussi, bien que l'armure qu'il portait soit identique à celle du groupe de soldats qui veillaient sur Enyale, il était le seul à ne point se cacher derrière un heaume. Arborant une fière moustache d'aristocrate, le guerrier alla se poster au plus près de la Reine qui jamais ne l'a été. Le silence religieux qui couvait le presbytère, fut perturbé par une série de grincements désapprobateurs. Les gardes, manifestement offusqués par l'audace du retardataire, formèrent un cercle menaçant autour de ce dernier. Bien qu'aucune épée ne fut dégainée, l'intimidation était patente. De son côté, loin d'être effarouché, Félix jongla avec des mots académiques.

- Soldats ! Mon devoir demeure le même que le vôtre. Amorça le jeune homme d'une voix chaude et calme. Je suis missionné pour veiller à la sécurité de Dame Enyale, et après ce qui vient de se passer avec notre Roi, je ne laisserais point la distance avec ma protégée mettre en péril la charge qui m'a été confiée.

Étrangement, les hommes d'armes ne répondirent point, dans un mutisme éloquent chacun d'eux retourna à son poste, soit un pour chaque coin de la pièce. Félix trouva leur comportement quelque peu suspect, mais il savait aussi Irachlite assez anarchique dans sa manière de diriger. Ce dernier aurait très bien pu ordonner à ses laquais de n'ouvrir la bouche sous aucun prétexte, et de ne surtout pas violer la bulle territoriale d'Enyale. Toutefois, ne se fiant qu'à son instinct, le guerrier décrocha le bouclier fixé sur son dos, l'attacha à son avant-bras gauche, puis recouvrit le pommeau de son épée de sa main droite. Le regard vigilant, Félix ne cessait de sonder ses frères d'armes qui faisaient de la concurrence aux statues du palais.

Lorsqu'Enyale fut escortée puis séquestrée dans le presbytère, la peur omniprésente qui saturait l'atmosphère dans la salle du trône, céda sa place au vide insondable du tombeau. Le monstre qui aimait tant se nourrir de la peur, ne trouva aucune espèce de réconfort en ces hommes armurés. Donc soit leur entrainement surclassait la bicentenaire Althéa, soit leur nature ne leur permettait guère d'éprouver cette émotion. Heureusement alors qu'un cinquième être fut envoyé, car, contrairement à ses confrères vides, ce dernier éprouvait diverses craintes. Cependant, aussi déroutant que cela puisse paraître, le guerrier avait peur de la réussite. Il n'était pas non plus à l'aise en face des casse-têtes, du fait qu'il fallait forcément réussir pour les solutionner. Et enfin, même si elle semblait anormalement récente, le soldat était terrifié par la vieillesse. Surtout chez les autres.

De temps à autre, les yeux de Félix se posaient sur Dame Enyale. Quel gâchis songea t-il. Elle aurait fait une très jolie Reine. Au fait des usages de la cour, Félix salua la demoiselle par le geste au moment où il franchit la porte. On parle bien sûr de la porte principale, pas des deux autres. Quant au fait de lui adresser la parole, le savoir-vivre en milieu noble impliquait de laisser la personne de rang s'exprimer la première.

¤ 7 Khole Gaïa ¤
~ Il est 11 heures 58 ! ~
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Enyale
Enyale
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MessageSujet: Re: Une promesse pour une promise   Une promesse pour une promise Icon_minitime1Ven 4 Oct - 0:14

L’infante était majestueuse, belle, solennelle. Les rayons du soleil s’attachaient d’eux-mêmes à sa parure. Tissée dans les meilleures étoffes, cousue par les mains les plus habiles, brodée des plus parfaits éclats, oui la reine était proprement royale. Son regard droit, dirigé vers le roi et vers le futur de son pays, nul n’aurait pu contredire cette version merveilleuse et idéale de la souveraine qui avançait en son palais. Même lorsque la musique s’interrompit et que son promis se dirigea brutalement dans la direction de sa garde du corps, rien n’aurait pu l’arrêter : elle était régalienne. Même à l’arrêt, son sourire bienveillant se redirigea vers les convives, vers ses vassaux tous rassemblés pour son triomphe. Agitant gracieusement de sa main pour les saluer, sa splendeur auréolée de couleurs enchanteresses aurait semblé être capable de submerger tout le reste, et même peut-être de submerger aussi la scène ordinaire de la crise du roi. N’était-ce pas là tout le prestige d’une véritable épouse princière ? Attirer les regards admirateurs et compléter les manquements de son époux ? Oui, l’infante était réellement à sa place, ici, debout au milieu de la grande salle, apprêtée d’une grâce naturelle, de sourire, de vêtements enchanteurs, de générosité monarchique et de toutes les autres magnificences qui plaisent à son rôle. En un sens, certains auraient même pu dire que, tandis que ses futurs sujets la contemplaient et que le roitelet piquait sa crise, elle était la seule majesté ici. Bien sûr, comme convenu, la reine, constitutionnellement humble, aurait nié le compliment en rougissant légèrement. Tout était parfait dans l’esprit du monstre et rien ne pouvait l’en détourner. Elle accomplissait son destin.
L’infante était réellement telle une effigie taillée par les dieux afin de bénir le roi et le royaume. Absolument parfaite et gracieuse, elle glissait à côté du roi, le regard gorgé d’un amour surnaturel pour son fiancé et ses fidèles. Sa robe s’était même teinte de légères couleurs pastel, tendres, qui résonnaient particulièrement bien avec la pourpre qui l’habillait déjà. Même immobile, à genoux, sans en changer à un seule moment, telle la statue liturgique d’une sainte en position d’orante, il n’y avait pas de meilleur spectacle que la reine. Les longueurs de la cérémonie ne donnaient que plus de temps à tous de la regarder et de l’admirer, de s’imaginer par avance quel pourrait être le règne de bonté que porterait une telle figure sur Nandis et même sur le monde entier. Oui, il ne s’agissait pas de longueurs au fond, mais des dieux eux-mêmes qui dilataient le temps afin que tous puissent lui dédier leur amour par la dévotion de leur regard avant d’être enfin autorisés à la faire par l’acclamation une fois que le sacre serait terminé. Et quel meilleur présent pouvaient offrir les dieux si ce n’est de bénir cette union décidée par le ciel en envoyant le plus flamboyant de leurs messagers ?

Tandis que les convives, honorés, s’interdisait avec pudeur de regarder l’apparition, le monstre darda dessus ses yeux depuis sa position. Tant de splendeur ! Tant de beauté ! Il fallait qu’elle le voit, il fallait qu’elle lise, il fallait qu’elle le touche afin de pouvoir en imiter la beauté par le futur. Que de fille parfaite elle devienne fille miraculeuse ! Ah, si seulement cette stupide cérémonie sans intérêt ne la forçait pas à garder la tête baissée ! Elle pourrait devenir tellement mieux, tellement plus splendide ! Et puis toute cette lumière… le monstre regrettait que les dieux n’aient pu simplement décider de le faire apparaître à un moment plus approprié. Par exemple, seul, avec elle, dans une chambre, si possible enchaîné et apeuré comme ça elle aurait eu tout le loisir d’analyser sa physiologie et de se distraire de ses terreurs mises à nu. Mais non, il avait fallu que ces empotés du monde céleste le le lui sorte à ce moment. Certes, le monstre était d’accord, ce genre de visite faisait très élégant auprès de ses loyaux sujets. Mais le monstre n’en avait pas réellement quelque chose à faire de ce mariage ni même de cette fête. Elle avait surtout été placée là par toutes les manigances de sa mère et des d’Avelyn. Cette position était bien glorifiante, oui, mais l’adolescente ne doutait pas un seul un instant qu’elle trouverait bien d’autres moyens de se couvrir d’honneurs à d’autres moments plus tard. Oui, tant pis pour la cérémonie. Au pire, maman ne serait pas contente. Le monstre ferma les yeux un instant afin de manipuler ses pupilles, puis quand elle les rouvrit elle le leva la tête droit vers l’ange.
La vue fut… décevante. Un visage ordinaire. Depuis quand les anges avaient-ils des visages aussi peu exotiques que ceux des simples courtisanes ? Était-ce réellement cela la prétendue beauté céleste que tout le monde vantait ? La vue en était si banale que le monstre en aurait baillé. Et lorsque l’apparition sans charme murmura une excuse à l’oreille de son roi, l’infante manqua de s’indigner à haute voix. A-t-on jamais vu de mots divins aussi peu sophistiqués ?! Mais à la place la disparition de la crainte confuse à côté d’elle lui glaça le sang. Et tout disparut. La petite fille tourna la tête. Elle vit cette chose étendue sur le sol. Ce corps humain. Ce visage humain. Mais des yeux vides dans lesquels ne tournaient aucunes craintes. Quelque chose d’antithétique à la vie, à la peur, quelque chose d’illogique, que le monstre était incapable de comprendre. L’infante poussa un cri d’horreur.

Le silence fut rompu par ce cri et rapidement bien d’autres suivirent. Les gens couraient, brayaient, fuyaient. Le petite fille restait sur place, mi-à genou mi-debout, figée dans un cri qui se répétait et répétait au point de lui déchirer la gorge. Elle était pâle comme les poupées vendues aux enfants nobles. Son corps était couvert d’une sueur à odeur d’églantine. Des larmes coloraient de rose son visage adorable. Et elle criait encore et encore, un nouveau hurlement d’effroi venant suivre le précédent alors qu’elle n’avait déjà plus de souffle. Il fallait les capacités pulmonaires extraordinaires de son corps finement façonné et la terreur la plus profonde pour pouvoir pousser un tel cri. Mais rien n’arrêtait plus la petite fille, secouée de tremblement, pétrifiée face à ce cadavre, qui bien que d’apparence humain ne manifestait pas la moindre crainte. Yeux écarquillés. Tremblante. Même lorsque à son tour la petite marionnette finit par choir au sol, désarticulée, on aurait dit que sa gorge ne voulait pas s’arrêter d’émettre ce son, suraigu et désormais cassé, d’intense horreur.

Il fallut les mains de soldats afin de l’arracher à cette vision. L’infante haletait. Ses pupilles étaient encore secouées par le choc, la peur. Elle voulait juste partir, partir le plus loin possible de cette chose sur le sol. Le pauvre monstre l’imaginait déjà onduler tel un flot d’eau sale jusqu’à elle, la dévisager avec ces billes désertes, sans âme, sans frayeur. Si elle n’avait pas eu de sphincter œsophagien, elle en aurait vomi. Ces images d’horreur, ce visage vide, la hantait. Au moindre souffle, au moindre clignement, elle se l’imaginait à nouveau, suintant vers elle. C’est pourquoi elle agrippa le premier gant métallique qui vint pour l’aider, la serrant comme s’il s’agissait d’un bâton tendu pour l’aider à sortir de la mer agitée. Elle tremblait et frissonnait encore mais la petite fille savait qu’elle pouvait avoir confiance en les gardes. Elle y était habituée depuis tout petit garçon : les soldats étaient là pour la protéger. Elle se laissa donc aller contre le contact inerte, dur et rassurant du plastron d’un d’entre eux, un contact froid, inhumain mais connu. Comme elle aurait souhaité que l’Oiseau bleu soit là à ce moment afin de frapper de sa lame encore et encore cette chose, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus jamais avoir l’air humaine, plus rien du tout, rien d’anormal. Puis après, l’elfe de métal aurait levé ses douces iris, entre le bleu et le vert, la foudre et l’émeraude, et lui aurait adressé un regard chargé d’une inquiétude sincère pour elle. Ah… progressivement, le monstre se détendait à nouveau. Elle leva alors le regard vers les armures de fer qui la guidait déjà vers la sécurité …et se figea.
Non, ce qui était face à elle n’était pas un garde. Elle croisa ces billes vides qui tendent à imiter des yeux, ce cuir déteint qui imite de la peau. Aucun inquiétude dans cette chose. Ce masque se tourna alors vers elle. Et un frisson incontrôlable l’envahit en voyant cette anomalie bouger.
Elle réagit immédiatement, lançant sa main pour la plonger dans le martyr, dans le flou de la sensation qu’elle ne maîtrisait pas elle-même. Le corps d’Enyale tomba inanimé.

Le monstre avait de nombreuses fois fait l’expérience de ses pouvoirs chaotique sur les sensations, en particulier sur sa servante, sans d’ailleurs qu’elle se plaigne : en tant que domestique, cela faisait un peu partie de son travail, n’est-ce pas ? Il y avait certes le Martyr qui plonge la personne dans une douleur plus forte à celle jamais subie ainsi que l’Extase qui propage un plaisir plus intense que celui jamais éprouvée par la personne, mais il y en avait aussi un troisième : l’Assomption. Le monstre n’avait jamais su vraiment que penser lorsque l’Assomption arrivait et que son corps s’effondrait sur le sol. Il s’agissait généralement d’un moment assez ennuyeux où elle se retrouvait à vivre la vie sans intérêt du petit personnel en première personne. Elle commençait souvent par réarranger son propre corps dans le lit en grommelant, puis elle allait vaquer aux tâches quotidiennes, descendre l’escalier en silence malgré son mal de dos, laver le linge avec ce savon si fort qu’il piquait les mains, égorger un poule et arracher ses plumes filandreuses afin de commencer à la faire mijoter pour le lendemain. Rien qui ne puisse vraiment passionner une infante.
Et surprenamment il en fut de même cette fois-ci. Le monstre avait beau savoir intellectuellement qu’elle était à l’intérieur d’une chose sans peur, ce n’est pas comme si elle était subjectivement capable de percevoir qu’il s’agissait effectivement d’une chose sans peur à ce moment-ci. Au contraire, la sensation du métal et du cuir épais sur sa peau était relativement ordinaire, de même le léger étirement sur ses bras que causait le fait de porter son propre corps inanimé. Sous cet angle-là, rien ne différenciait les créatures sans terreur des gardes ordinaires. Le cœur du monstre en était un peu perturbé, en même temps ennuyé mais aussi vaguement indifférent. Cette sensation apathique après tout le choc de son affolement précédent contribua à lentement la bercer tandis que l’on l’a guidait vers un endroit qu’elle ne connaissait pas.

Quand le monstre reprit conscience, elle était dans une salle, bloquée, acculée de tous les côtés. Elle les voyait, elle les imaginait autour et derrière elle, mais elle ne les sentait pas, non elle ne les sentait pas du tout. Comme des cafards à la chitine solide, sombres, lisses, ils étaient à chaque coin. Le monstre tournait la tête, rapidement, d’un côté et de l’autre, essayant en vain de les garder tous en vue. Elle ne pouvait s’empêcher de s’imaginer celui laissé derrière se démantibulant, inhumain, jusque derrière son dos... Elle se retourna sur sa chaise. Il n’avait pas bougé… Lui ! Elle tourna rapidement la tête vers celui d’à-coté. Oui, lui, ne serait-ce qu’un moment… elle avait eu la sensation qu’il avait fait un geste vers elle. Non ! Celui de derrière, vite !
Ses cœurs battaient à la chamade. Ses yeux paniqués allaient de l’un, à l’autre ...au premier soudainement. C’était réellement dans ce genre de situation que transparaissait à quel point le corps du monstre avait été adapté. Malgré les larmes, malgré la pâleur, malgré la sueur légère, la petite reine était tout bonnement adorable. Ses yeux rougis et le blanc de sa peau lui donnait une certaine teinte rose qui se mêlait au rose tendre de sa robe ; elle aurait pu être peinte tellement elle était attendrissante. Rose aussi était l’odeur de fleurs printanière qu’elle dégageait. Elle en aurait rendu jaloux et admiratif n’importe elfe. On sentait bien la peur sur son visage, son effroi, sa terreur …mais, malgré sa frayeur, elle était encore si belle…
Ses yeux se posèrent sur l’inconnu qui venait d’entrer. Ses yeux versèrent des larmes supplémentaires. Enfin, elle le sentait, un vrai humain. Un vrai garde ! C’était désormais son soulagement qui coulait à travers ses yeux doux. Lui, il était sans doute perplexe, mais elle, elle sentait surtout son inquiétude alors qu’elle regardait craintive les autres gardes. Félix… Elle sentait déjà glisser sur son cœur sa désespérante peur de la réussite. Elle voyait déjà son… Non. Elle se reprit. La situation était trop importante, trop effrayante pour qu’elle se laisse tout de suite glisser dans ses terreurs mises à nu. Elle devait d’abord lui dire. …Hmm, la vieillesse aussi ? Non ! L’infante alarmée plongea son regard dans celui du garde, du vrai garde, celui qui venait d’arriver. Elle paraissait tellement vulnérable, tellement fragile. Posant sa main près de sa bouche, elle commença à articuler :

- Les autres gardes sont des imposteurs. Ils ne sont pas humains.

Elle n’avait pas utilisé sa voix, ni même chuchoté ces mots. Elle les avait juste articulés avec les lèvres et espérait que son sauveur ait pu les lire. Elle espérait qu’il ait pu les lire mais aussi qu’il ait pu lire le désespoir qui transperçait son regard. Elle tendit une main implorante vers lui.

- Aidez-moi…

Alors, elle vit autre chose dans son regard. Et tandis qu’il agissait …ou n’agissait pas d’ailleurs, le monstre, la tête glissant en arrière, commença lentement à se perdre dans les sources plus anciennes de cette peur sans vraiment pouvoir résister après toute cette tension. Ainsi Félix…
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