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 Une quête impossible

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P.N.J
P.N.J
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MessageSujet: Re: Une quête impossible   Une quête impossible - Page 2 Icon_minitime1Dim 8 Sep - 20:33

Une quête impossible - Page 2 Elytos10

Depuis que Lanae avait déserté sa carcasse, l'Ange de la miséricorde eut tout le temps de s'assagir. Le silence de celle qui l'avait remplacé y était pour beaucoup. Cependant, à force de la voir recroquevillée tel un foetus tant le désespoir l'étreignait, l'être Céleste, mû par le devoir, finit par aller à sa rencontre. S'accroupissant à ses côtés, il l'observa, longuement. Des larmes mutiques sillonnaient sur sa joue, tandis que le reste de son visage demeurait à l'ombre de ses jambes repliées. N'écoutant que son coeur, l'Ange réajusta son vêtement afin que son dos squelettique cesse d'être un spectacle. Puis lentement, il lui caressa la nuque, un contact qui la fit tressaillir. D'abord tendue, Belle finit par se relâcher peu à peu, jusqu'à s'étendre en chien de fusil. Son âme était profondément meurtrie, ce n'était plus un miroir sur sa vie, mais des bris de verre tournés vers ses peurs les plus noires. L'Ange se demanda alors s'il fut vraiment appelé par Lanae, et ce, même si l'échange de corps n'avait pas encore eu lieu au moment de sa venue. D'ailleurs, était-ce réellement une convocation, ou bien était-ce l'oeuvre d'une Divinité ? Quelle importance en vérité, sa situation étant ce qu'elle était, l'être Céleste se pencha sur le cas de Belle.

- Bien peu se serait sacrifié comme tu l'as fait, et pour ça, tu as toute ma sympathie. Se confia l'Ange en s'allongeant face à la jeune femme. On ne choisit pas toujours, bien souvent, on agit parce qu'on le doit. Mais en faisant ça, tu savais dans quoi tu plongeais. Une prison charnelle dont l'existence même est une insulte à la foi et aux yeux des Divins. Je n'en n'ai peut-être pas donné l'impression, mais je suis heureux que Lanae ne se soit pas éteinte. Bien que dans sa situation, la mort serait sans doute préférable songea t-il. S'il demeure une chance, même infime de lui sauver la mise, il faut la saisir. J'ai assisté bien assez de causes perdues pour savoir que l'espoir est une vertu à ne pas négliger.

L'Ange de la miséricorde ignorait tout des évènements qui se déroulaient hors de ce tronc putride, mais quoi qu'il pouvait se passer, Belle avait fait le choix de se jeter dans l'abîme malgré les risques qu'elle encourait. Y avait-elle seulement pensé ?

- Je peux t'aider Belle, mais je ne pourrais y parvenir que si tu me le permets. Et après un court instant de silence, il demanda. Me le permets-tu ?

Cette fois, il n'était question d'aucune torture, d'aucune contrainte. L'Ange voulait simplement faire son travail. Mais l'Humaine était tellement brisée, que le domaine du possible semblait bien incertain... Ses yeux grand ouverts trahissaient toutefois l'apaisement que lui insufflaient ses paroles. Alors l'Ange poursuivit.

- Le bon côté des choses, c'est qu'il n'existe pas meilleur endroit pour te reconstruire. Après tout, c'est dans la mort que la vie prend tout son sens. Viens avec moi ! Conclut l'être Céleste en posant une main sur son épaule, avant de la transporter vers d'autres horizons.

Une quête impossible - Page 2 Dumiel10

Tandis que l'étrangère et sa soeur débattaient sur la manière de le sauver, Dumiel ne pouvait détacher son esprit de l'événement qu'il venait de vivre. Le couteau, le ventre de Crystal, la Fée, puis le retour du couteau. Non, ce n'étaient pas les vers d'une comptine, mais bien des faits aussi réels que le sang qui emplissait sa bouche. La responsable se tenait là, juste sous ses yeux. Tenue en respect par sa soeur, et manifestement blessée, cette dernière ne semblait plus être en mesure de leur porter atteinte. Pour autant, Dumiel sentit la poigne de la rage enserrer son coeur. Sortie de nulle part, sans la moindre revendication, cette harpie avait osé attenter à la vie de Crystal, en se servant de lui comme instrument ! Comment une telle abomination pouvait-elle être possible ? Et alors que sa soeur et la brune tentaient de s'organiser parmi le chaos ambiant, Dumiel arracha brusquement la lame de sa joue ! Fouettant la Fée de ses cheveux lorsqu'il se retourna sèchement, l'homme dont le visage était crispé par la haine se défit des bras qui l'enlaçaient, pour se ruer jusqu'à l'assaillante ! Affichant ses dents maculées de sang, l'enragé poussa un hurlement terrifiant. Lame brandie, il franchit d’un bond le feu de glace, défia la tempête et se jeta sur la maléfique créature. Lorsqu'il atterrit, Dumiel concentra toute sa force sur le manche de son couteau de chasse. Puis, un craquement sinistre résonna : "Crrk !".

Victime de sa folie meurtrière, le jeune homme venait de poignarder la Vestale en plein coeur. Plus que jamais hanté par la peur d'une nouvelle attaque, Dumiel se mit à assaillir sa victime avec une telle férocité que le sang de celle-ci se mêla au sien. Lorsqu'il fut à bout de souffle, soit au terme du trentième coup, le frère sanguinaire se laissa tomber sur le côté. Cette chute salvatrice le plaça soudainement face à une créature étrange en pleine cabriole ; leurs regards se rencontrant, elle se figea sur place, tout comme lui. Ainsi étendu, la tête frôlant le sol, la créature ne paraissait plus aussi chétive, et son apparence éveilla en lui une peur indicible, que son cri ne fit que confirmer.

La mort violente de la Vestale offrit au groupe un répit inespéré, dissipant la menace d'une traque imminente. Pourtant, ce soulagement eut pour prix l'innocence perdue de Dumiel. Mais vous savez ce qu'on dit : les Dieux prennent d'une main, et rendent de l'autre. Ce dénouement pouvait-il dès lors être associé à ce vieux proverbe ? Car, à l'instant où la Drow expira son dernier souffle, une traînée rougeâtre s’échappa de son corps pour pénétrer celui de Lanae. Fallait-il redouter la résurgence de la Vestale ? Elle aurait apprécié, sans l'ombre d'un doute. En vérité, la puissance qui la liait à l'Avatar retourna à la source. N'étant qu'une entité au sein d'un groupuscule composé de huit membres, seule une fraction de ce qu'elle fut lui fut restituée. L'Avatar avait déjà dévoré le bras gauche, le bras droit, la jambe gauche, la jambe droite, ainsi que la vie de Lanae. Il ne restait plus que le torse, la tête et l'âme. Une chance, ou peut-être pas pour Lanae, ce fut la Vie elle-même qui investit ses restes...

Une quête impossible - Page 2 Lan11

Un gémissement sourd s'éleva de la gorge de la défunte, tandis que ses paupières frémissaient, submergées par l'éveil d'une conscience nouvelle. Puis, soudain, saisi par une douleur insondable, le tronc mutilé hurla son agonie. Lorsque les cris s'éteignirent, une voix faible et éraillée murmura dans le grondement du tonnerre : - Lanae... Désorientée, Belle ne put saisir le sens de ce qui lui arrivait.

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Crystal
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MessageSujet: Re: Une quête impossible   Une quête impossible - Page 2 Icon_minitime1Sam 14 Sep - 15:38

Son alliée improvisée accepta de l'aider à porter assistance à son frère. Elle laissa échapper un soupir de soulagement. Même si elle n'avait visiblement pas plus de compétence médicale qu'elle, elle avait de la bonne volonté. Cela méritait que Crystal l'aide à son tour à l'avenir, lorsque l'occasion se présenterait.

- Bien. Il faut déjà en finir avec cette sorcière, puis on ira chercher de l'aide... Merci à vous.

Elle ne parla pas plus. Elle devait rester concentrée, pour continuer à tenir son ennemie en respect. Ennemie qui résistait. Elle n'arrivait pas à la figer. Pour une fois qu'elle se retrouvait face à une adversaire contre laquelle elle n'avait pas à retenir ses coups. Tant que ses alliés ne s'approchaient pas d'elle, tout irait bien. La petite créature qu'elle avait invoquée se carapatait... Malgré une légère hésitation, Crystal finit par décider de ne pas la poursuivre. Après tout, elle avait une autre cible, bien plus grande et puissante... Elle n'avait pas besoin de se déconcentrer en divisant son attention. Et puis, cette créature lui semblait bien ridicule, elle ne devait pas représenter un trop grand danger.

Ce fut à ce moment que Dumiel décida de lui mettre des bâtons dans les roues. Tout irait bien... "Tant qu'ils ne s'approchaient pas". Et voilà qu'il décida d'attaquer ! Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Il était blessé, il devait rester en arrière ! Elle s'empressa de rappeler ses flammes lorsqu'il s'approcha. Même s'il les avait évitées, elle devait rester prudente. Elle réalisa alors qu'il avait retiré la lame... Non mais sérieusement, que se passait-il dans sa tête ?!

- Dumiel, qu'est-ce que...

Elle s'interrompit alors, hébétée. Sérieusement ? C'était bien Dumiel qui s'adonnait à une telle sauvagerie ? Ce n'était pas lui... Figée, comme si sa propre glace l'avait atteinte, elle ne pouvait détacher ses yeux de la scène irréelle qui se jouait devant elle. C'était impossible, elle devait nager en plein cauchemar !
Elle avait donc vraiment perdu son frère, dans cette histoire... Sentant de nouveau la rage monter, elle s'imposa de toute urgence une instrospection pour contrôler ses émotions. D'habitude, les dégâts qu'elle pouvait infliger autour d'elle lui importaient peu, mais là, la situation était grave. Et Dumiel, malgré son changement d'attitude, était toujours Dumiel... Et se trouvait sur la trajectoire entre elle et la Drow, ou ce qu'il en restait. Elle ne pouvait pas se permettre de le détruire encore plus... Quoi que. Un glaçon pourrait aider contre la douleur... Elle avisa le morceau de tissu offert par son associée du jour. Si elle s'en servait pour envelopper un glaçon, elle pourrait aider. Evidemment, elle n'avait aboslument pas vu la Fée agir, et n'imaginait donc pas le moins du monde que cette réflexion soit inutile.

Ce fut le cri de Dumiel qui la réveilla. Evidemment, cette voix avait toujours le don d'attirer son attention. Mais lorsqu'elle vit ce qui semblait l'avoir effrayé, elle soupira à nouveau. La petite créature qu'elle avait laissée partir. Prudente, elle se prépara à la figer à nouveau, mais tout cela lui semblait inutile. Après tout, elle ne lui semblait pas plus menaçante que lorsqu'elle l'avait laissée partir... Et, encore une fois, Dumiel l'empêchait d'agir par sa seule position géographique.

Il fallait qu'il reprenne ses esprits, il faisait pitié, dans cet état. Alors, elle annula le sort qu'elle préparait et le rejoignit, éloignant sans ménagement la créature pour prendre sa place, ignorant son potentiel couinement de protestation. Elle ne l'avait pas attaquée, que cette créature se calme ! Elle pouvait toujours changer d'avis.

Mais pour l'instant, il y avait plus important. Placée devant son frère, elle s'arrangea pour occuper la plus grande partie de son champ de vision et lui fit lever la tête de la main, plongeant ses yeux dans les siens :

- Eh... Tout va bien, d'accord ? Calme-toi, il n'y a plus de raison d'avoir peur. Cette créature... Elle est ridicule, je suis bien plus menaçante qu'elle, non ?

Elle esquissa une mimique faussement féroce, dans le but de le faire rire... Ou au moins de le calmer en lui rappelant leurs jeux d'enfants. Ce fut à ce moment qu'un autre cri ruina ses efforts. Rha, mais ce n'était pas possible, ça ! Qu'est-ce qui se passait encore ?!

Elle tourna la tête en direction du cri... Et tressaillit. Ce... Ce cadavre, ce déchet, qu'elle pensait déserté de toute âme, semblait, selon toute vraisemblance, être à l'origine de tout cela.

- C'est pas vrai...

Elle avait murmuré, ces mots étaient plus pour elle-même qu'autre chose. Mais elle réalisa alors que Dumiel l'avait probablement entendue... Non, ce n'était pas une bonne idée. Par réflexe, elle lui cacha la vue. Qui savait comment il réagirait, dans son état actuel, s'il voyait ce qu'il se passait... Et ce qu'il risquait de se passer à l'avenir. Si ce corps, d'une manière ou d'une autre, se mettait à bouger... Elle-même ne savait pas comment elle réagirait.

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Lanae
Lanae
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MessageSujet: Re: Une quête impossible   Une quête impossible - Page 2 Icon_minitime1Ven 27 Sep - 0:35

"Lanae"... D'un ton à peine audible, Orage avait prononcé mon prénom. Elle m'avait reconnue ! Sa douce voix résonnait dans tous les recoins de mon être, diffusant une chaleur réconfortante sur son passage.

"Lanae", entendis-je encore, dans un timbre bien différent du premier, et pourtant si familier. Cette voix me souleva le cœur telle une vague déferlant sur le rivage à l'heure d'une grande marée. J'entendis mon palpitant faire plusieurs rebonds dans ma poitrine, avant de ricocher sur la source de celle qui m'appelait.

*Belle ?!*

Je remettais de l'ordre dans mes pensées. Et oui, il s'en était passé des choses ces dernières minutes. Par exemple, la petite créature que j'avais tenté de sauver avait roulé sur le côté. Elle était saine et sauve. J’en fus soulagée. À mes yeux, toute vie était précieuse. Et pourtant, je m'interrogeais. Si je considérais mon corps, ou tout du moins, ce qu'il en restait, ainsi que celui de Belle, je me demandais sincèrement si la mort n'était parfois pas souhaitable ? Mon ancien moi physique n'était plus qu'une demi-carcasse gisant sur le sol. Une maigre partie de ce qui fut moi, aujourd'hui démembrée, déchiquetée, respirant la putréfaction au fur et à mesure que le temps s'écoulait. Quant à l'entité physique de Belle, tous ses membres étaient encore attachés. Malgré cela, pouvait-on réellement la considérer comme entière ? En effleurant ses flancs de ses petites mains flétries, j'imaginais aisément ses côtes trancher la fine couche de peau qui la séparer de l'extérieur. Quant à son organisme intérieur, il n'était guère en meilleure santé. Courbaturée et déshydratée, j'avais sondé chaque organe pour y puiser le peu d'énergie restant afin de combattre. J'avais ressenti dans ses tréfonds toutes les souffrances qu'elle avait pu subir durant notre mois de captivité. Chacune de ses cellules intérieures avait été humiliée, torturée. J'osais à peine imaginer l'état actuel de son âme.

*Belle, qu'est-ce qu'ils t'ont fait...*

Quoi d'autre ? Orage... alors que je la pensais à l'abri dans ma poche, elle en était ressortie tout aussi vite pour aller soigner, comme elle le pouvait, la blessure de Dumiel. Égoïstement, j'aurais voulu qu'elle reste cachée, pour enfin la protéger de toutes ces horreurs. Mais il était déjà trop tard, le mal était déjà fait. Tout comme j'étais rongée par la culpabilité de ne pas avoir pu secourir Belle et Orage quand nous avions été enlevées, la petite fée s'en voulait très certainement de ses agissements. Oui, cet être innocent et sensible par nature avait aussi été témoin de bien des atrocités. À peine échappée d'un premier enfer, voilà qu'elle se retrouvait entraînée de force dans un spectacle où l'acteur principal était le sang. Et surtout, une représentation morbide à laquelle la petite fée avait pris part malgré elle, sous l'envoûtement de la Vestale.

Alors que tout semblait perdu et que les idées les plus noires envahissaient les méandres de mon esprit, l'espoir revint. Sans crier gare, Dumiel arracha subitement la lame plantée dans sa joue pour aller poignarder la Vestale. Adroit, il atteint sa cible en plein cœur. Un acte aussi violent que salvateur, puisque contre toute attente, l'infâme créature rendit son dernier souffle. Le jeune homme ne s'arrêta pas à cette victoire miraculeuse. Dans un élan mû par ce qui semblait être de la rage, Dumiel s'acharna ensuite sur la dépouille du monstre, qui n'était finalement plus qu'un amas difforme de chair noyé dans son hémoglobine. Trente coups de couteau de chasse. Oui, je les avais comptés, visualisant parfaitement l'expiation de la colère et l'impuissance éprouvées durant le combat qui venait d'avoir lieu. Cet acte raviva une leur d'optimisme en moi. Quand le jeune garçon eut terminé son œuvre, il se laissa choir sur le côté. Alors seulement, je réalisais que le combat était fini. Et la leur se transforma en flammes incandescentes.

- Elle... est morte ? Vraiment ? J'étais dans l'attente d'une confirmation. De qui ? De quoi ? Je m'en fichais. Je voulais juste que l'on m'affirme que cette immondice faisait désormais partie du monde des morts. Que nous allions enfin avoir un moment de répit.

Un sourire nerveux esquissa mes lèvres. J'étais admirative de l'attitude de cet humain, qui venait de porter le coup de grâce à notre ennemi commun. Il me rappelait Belle, qui possédait plus de force en elle que la plupart des hommes du Corivace. Il n'y avait pas besoin d'être empathique pour se mettre à la place de Dumiel, dont la sœur semblait désemparée face à la réaction soudaine de son frère. Visiblement, Crystal n'avait pas l'habitude de le voir s'emporter ainsi. En même temps, on n'affrontait pas tous les jours ce genre de situation. J'ignorais tout de l'étendue de leur histoire et leur complicité, mais j'avais aussi une sœur. Que Belle ne fusse pas du même sang que moi ne changeait rien à ce fait. Et tout comme nous, lui comme sa frangine n'avaient rien demandé. Ce monstre avait surgi de nulle part et tous deux s'était retrouvés impliqués malgré eux dans cette mésaventure macabre.

Le flot de mes pensées fut interrompu par un filet pourpre quittant le lit de la rivière de sang, pour se mouvoir en direction de ce corps qui fut le mien. Un frisson me parcourut l'échine. Je craignais la résurrection de la Vestale. Nous n'y survivrions point cette fois-ci... Mais il n'en fut rien ! Par le biais d'une magie dont j'ignorais l'origine, le sang réanima ma dépouille telle une poupée de chiffon. Sauf que cette poupée avait une âme, qui hurlait à l'agonie ! Un cri qui déchira mon cœur tant il m'était familier.

- BELLE ! C'est moi, Lanae, je suis là ! M'exclamai-je en me précipitant auprès d'elle.

J'avais conscience de son état physique. Et ce n'était pas le moment de tergiverser. Belle venait à peine de s'éveiller, et j'osais à peine à imaginer les souffrances qu'elle traversait encore. La déplacer en l'état se révélait quasiment impossible. La manipuler, très douloureux pour elle. Toutefois, je ne pouvais pas la laisser ainsi dans tous les cas. Je laissais donc la partie plus téméraire héritée de mon père s'exprimer et décidai d'utiliser tous les moyens à ma disposition. Tout d'abord, je me ruais droit vers la dépouille de la Vestale, non sans appréhension, pour en arracher des pans entiers de ses vêtements. À la guerre comme à la guerre, je fis aussi vite que je pus. Les coups précédemment infligés par Dumiel me facilitèrent la tâche. Je m'en retournais ensuite auprès de cette partie de moi, désormais investie de l'âme de ma sœur. Une âme qui ne devait disparaître sous aucun prétexte, c'était là mon objectif. J'entourais donc ce qu'il restait de ce corps meurtri des bandages improvisés, pour le comprimer et ralentir sa dégradation. Délicatement, mais avec des gestes assurés, j'enroulais méthodiquement le tronc des bandes de tissus. Encore sanguinolentes, elles suffiraient pour le moment. Se faisant, je m'adressais en parlant fort à Crystal et Dumiel, qui se trouvaient un peu plus loin.

- Merci à vous, Dumiel et Crystal. On n'a pas vraiment le temps pour les longues explications, le tonnerre gronde. Derrière vous, dis-je en pointant une direction juste derrière Crystal et son frère, on dirait une sorte de cavité dans les rocheuses, non ? Si c'est le cas, accepteriez-vous simplement de m'aider à y déplacer ma sœur, cela nous permettrait de tous nous abriter du mauvais temps qui se rapproche, et chacun pourra aviser ensuite ?

Ces mots dits, je reportais mon attention sur Belle. Les bandages étant enfin placés aux endroits stratégiques, du mieux que j'avais pu. La déplacer présentement restait très risqué, mais avec de l'aide, c'était jouable. Je ne pouvais pas faire grand chose de plus toute seule, pas avec le peu de force qu'il me restait. Quant à Orage, elle avait dû être suffisamment éprouvée, je préférais la laisser agir comme son cœur le lui indiquerait. Pour l'heure, j'apposai mes mains au milieu de la poitrine de mon ancien moi, pour adresser une prière à l'Ange, qui devait certainement toujours résider à l'intérieur.

- ***Ô, cher Ange de la miséricorde, j'espère humblement que mes mots trouveront écho auprès de vous. J'ignore ce qu'a fait ma mère pour provoquer votre colère. Si je peux me racheter en son nom, je le ferai. N'étant pas sûre que Belle puisse m'entendre, je m'adresse à vous : nous avons combattu un monstre ici, j'ai pu utiliser mes pouvoirs, c'est fini, ma sœur peut récupérer son corps, si elle le désire. J'ignore ce qu'elle désire. Je voudrais vivre, les protéger elle et Orage, mais pas à n'importe quel prix. La savoir dans ce qu'il reste de moi, en sachant l'agonie que cela implique... N'existe-il donc aucun autre moyen ? Même si cela implique de renoncer à ce corps qui fut le mien, tout en rendant l'originel ma sœur et lui éviter qu'elle ne souffre, j'y suis tout à fait disposée.***

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Orage
Orage
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MessageSujet: Re: Une quête impossible   Une quête impossible - Page 2 Icon_minitime1Dim 8 Déc - 13:05

Les évènements s’enchaînant, je n’eus pas le loisir de m’appesantir sur ce qu’il venait de se passer. Mon cerveau était en mode survie depuis un mois. Les moments de répit étaient courts et il fallait les utiliser intelligemment. Connecter les évènements, accepter, comprendre et avancer. Le luxe représenté par les émotions, le relâchement et le craquage serait pour… un temps futur non identifié. A mon échelle, j’étais bien impuissante mais soulager les maux faisait partie de mes modestes compétences. Pourtant, une fois encore, on allait complètement m’ignorer. En effet, après avoir été balancée, attrapée par le bout des ailes, fourrée dans une poche, voilà que je me retrouvais projetée une nouvelle fois sans avoir eu le temps de comprendre le pourquoi du comment. Je poussais un petit cri de surprise et battit des ailes par réflexe, réussissant de fait à me poser maladroitement sur mon derrière au milieu d’une touffe d’herbe plus ou moins intacte. Clignant des yeux et remettant de l’ordre dans ma tenue poisseuse, je compris que le jeune homme n’avait pas maîtrisé sa colère d’où l’arrachage du couteau et mon envol.

Un soupir énervé et fatigué m’échappa. Je voulais juste que ça s’arrête quelques minutes. Était-ce trop demandé ? J’entendais présentement des coups de couteau associés à des couinements de la saleté noire mais je n’avais aucune envie de m’élever dans les airs afin d’apercevoir ce qu’il en était. A quoi bon ? J’étais totalement inutile de toute façon. On me prenait et me jetait comme n’importe quel objet qu’un humain posséderait, ou on m’utilisait à des fins qui me donnaient envie de ressortir ma dernière pitance en date. Une partie de moi voulait exploser de colère et balancer des éclairs à tout va sans me préoccuper des conséquences alors que le reste voulait juste se cacher, loin, très loin et fermer les yeux pour oublier une fois de plus. Alors que je commençais à me morfondre entre découragement et rage, l’image d’une femme au visage flou s’imposa à moi, prenant la place de toute émotion ressentie en cet instant. Je ne pouvais percevoir d’elle que son sourire et sa chevelure dorée. Lanae ? Non ce n’était pas elle. Pourtant elle m’était terriblement familière sans que je parvienne à comprendre pourquoi. Elle prononça des mots que je ne compris pas et pourtant mon cœur se réchauffa, comme sous l’effet d’une caresse.

Tentant de donner un sens à cette vision soudaine, je fus interrompue par un faible son, éraillé et à l’agonie mais clairement reconnaissable pour moi. Immédiatement sur mes deux jambes, je m’envolais. C’était la voix de Lanae… ou plutôt la voix du corps de la rouquine. Autrement dit… il s’agissait de Belle qui parlait. Je me ruais au chevet de celle-ci, incapable de comprendre comment un tel miracle avait pu avoir lieu. Il y avait de la vie dans le morceau de corps de la rousse ! Au passage, je remarquais le frère et la sœur non loin, le jeune homme semblant perdu et ailleurs posé là sans vraiment réagir. Il devait être sous le choc et je pouvais deviner que les coups de couteau entendus précédemment venaient de lui. Je restais en suspension au-dessus des deux sœurs, alors que Lanae répondait et prenait des initiatives. Il fallait se mettre à l’abri, pas de doute là-dessus et en tournant la tête, je remarquais la cavité rocheuse évoquée par la demi elfe. Je ne pourrais aider à déplacer Belle en l’état, incapable d’utiliser mes pouvoirs. Ils étaient assez de trois pour y parvenir.

- Je vais jeter un coup d’œil à cette cavité, histoire de voir si c’est assez grand et inhabité.

Lançais je en regardant Lanae dans le corps de Belle. Puis je me retournais et volais en direction de la dite faille. Il n’était pas simple de faire taire mes pensées, perturbées par l’apparition de la femme apaisante ressemblant à Lanae, les saletés noires ainsi que par le retour de la vie dans le corps de mon amie. Mais m’éloigner de ce champ sanglant, bouger et avoir un objectif aidait grandement. La cavité atteinte, je me glissais à l’intérieur sans bruit, profitant de ma taille par laquelle il était difficile de me remarquer. Je pus remarquer des restes de feu éteint mais rien de récent d’après l’état des lieux. La grotte était assez grande pour accueillir les trois voire presque quatre personnes. En revanche elle n’était pas très profonde et surtout facile d’accès ainsi que visible d’assez loin. C’était sûrement pour ces raisons qu’aucun animal n’y logeait sur le long terme. Un refuge contre le mauvais temps, quelques heures ou une journée oui, mais quelque chose de plus durable, non. Mon évaluation terminée je rejoignis le groupe qu’il soit toujours au même endroit ou bien en route. Je me posais, assise sur l’épaule de Lanae dans le corps de Belle.

- C’est désert. Par contre il ne faudra pas y rester trop longtemps. Trop visible et difficile à protéger.

Je dis simplement à l’oreille de la jeune femme. Il fallait penser à la suite, anticiper, chercher la sécurité et tout prévoir. Je pourrais me mettre en quête d’un endroit plus sur une fois que je me serai reposée un peu. Lanae devrait veiller sur sa sœur dans ce refuge temporaire car qui savait si les saletés noires n’allaient pas revenir ? Bien que j’espérais un peu de répit je savais que nous allions rester sur de la survie pour un bon moment encore. Il y avait de l’eau pas loin, je pouvais l’entendre en tendant l’oreille ce qui était plutôt une bonne nouvelle car elle serait vitale autant pour Belle que pour nous tous assez rapidement. Le frère et la sœur allaient ils rester avec nous ? Pas moyen de le savoir, mais j’espérais que l’homme serait assez raisonnable pour au moins prendre le temps de digérer ce qu’il venait de vivre.

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Plume
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MessageSujet: Re: Une quête impossible   Une quête impossible - Page 2 Icon_minitime1Dim 15 Déc - 11:28

Une quête impossible - Page 2 Image10

Rempli d'espérances vers de nouveaux horizons, je roulais. Pas très loin. Je maîtrisais mal l'orientation de mon déplacement, ma direction me fit passer non loin de la bipède à la peau sombre. Cette dernière fût massacrée par un autre, à la peau pâle, enragé. Sa violence me figea momentanément, même si tout mon être me hurlait de bouger. Le voyant toujours occupé sur sa victime, je me mouvai de nouveau mais je ne réussi pas à m'éloigner assez. Son acharnement terminé, il chut à mes côtés. Il me vit, se figea. Je le vis, me figea. On hurla. Il était tellement près. Je bougeai mes pattes frénétiquement, inutilement, comme si je pouvais le repousser avec. Je le voyait déjà sur moi, me percer partout avec sauvagerie, comme l'autre là, à côté... Me remarquant toujours vivant, je ralentis le battement de mes pattes et baissa drastiquement et progressivement mon cri jusqu'à être silencieux. Il... avait peur ? De moi ? Je ne pus analyser plus amplement la situation qu'on me poussa un peu brutalement. Je couinai de surprise et de protestation, claquant de mes mâchoires, me ré-agitant frénétiquement. Une autre bipède, encore plus pâle, venait de se positionner à ma place. On m'ignorait en fait totalement. Je ne savais plus où me mettre. Fuir me semblait tout d'un coup inutile car les créatures semblaient finalement ni hostiles, ni amicales, envers moi.

Un cri me fit sursauter, attirant tous les regards alentours. Je n'avais pas fait attention jusqu'alors mais il y avait là, un corps, une bipède élaguée. Elle vivait, dans un sale état, mais elle vivait. Je regardai, fasciné, la situation. Ce n'est pas le truc à l'agonie qui me retenait sur place, non, c'était l'attitude des autres. Ils désiraient... l'aider ? Cette notion de prendre soin, je ne la connaissais pas. Si je faisais partie de ce groupe, il me protégerait ? Le pourrait-il contre mon Maître ? Je ne connais pas ce monde, eux, si. J'avais besoin d'alliés, c'était la seule certitude que je possédais désormais. Je me rapprochai timidement, remuant ma queue. Que pouvais-je faire ? Comment montrer que je voulais faire partie de cette troupe ? L'une d'entre eux avait arraché des bouts de tissus pour envelopper la moribonde. Je m'approchai de cette dernière, reniflait les morceaux d'étoffes et en choisi un pas trop grand et le moins sale. Je couinai pour capter l'attention avant de l'engloutir. Je ne savais pas trop ce que je faisais, jusqu'ici j'avais le droit que à ce me gavait mon Maître. La texture était étrange, lisse, douce avec un arrière goût de la créature qui la porté. Je suppose... Aucune envie lécher le cadavre de la sombre bipède pour le confirmer. En mon sein, sa présence avait disparu, je dirai aussi légère que sa texture était lisse et douce. Je sentis mon ventre gargouiller, trembler puis... huit duplicatas sortir de mon derrière les uns après les autres. C'était plutôt pénible, ça me chatouillais ! Je remuais bizarrement du popotin en espérant que ça tombe plus vite. Quand j'avais l'impression que ça coinçait, je me contorsionnais, j'utilisait mes pattes pour accélérer la sortie. Je les semais en tournant autour la chose agonisante. Dans un rot peu gracieux et bruyant, je recrachais l'original. Je glapis satisfait pour montrer mon œuvre, et attendis leur réaction.
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Une quête impossible

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