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Easley
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MessageSujet: Retour au bercail...   Retour au bercail... Icon_minitime1Mer 18 Avr - 23:45

En fin d’après-midi, à Nandis, dans les quartiers nobles, à la 5éme avenue du Lys, devant la demeure de l’impasse, une mystérieuse silhouette vêtue d’une longue cape noire à capuchon était immobile. La chaleur laissait place petit à petit à une brise légère qui faisait danser les branches des arbres de façon languissante. Le soleil avait amorcé sa descente vers la mer, parant le ciel de son habit doré. Cette impasse pavée de pierre blanche, était calme et vide. Quelques mètres avant, des personnes marchaient dans l’avenue du Lys en passant devant la maison sans la regarder. Comme si elle n’avait jamais existée. Les gens défilaient. Sans savoir, sans se douter, sans même imaginer le drame, le crime qui allait se produire.

Cette demeure était celle de la famille Rigald. Elle avait cessée de vivre le jour du treizième anniversaire d’Easley, lorsque ce dernier avait quitté la demeure familiale pour ne jamais revenir… jusqu’à ce jour, treize ans après. L’unique héritier des Rigald faisait face à la maison où il avait grandit. Elle symbolisait pour lui son ancien cauchemar, toute sa haine, mais aussi, lui rappeler le souvenir de feu sa mère. A travers cette maison devenu terne et grise, à travers le jardin devenu sauvage, se dessinait le beau et fin visage de sa détestable et défunte mère, Eleona.

Easley resta quelques longues minutes debout, observant cette maison. Il se rappelait de chaque instant, chaque détail, même infime de la vie qu’il y avait vécue. Ses yeux fixés, il l’observait sans ciller. Son visage était impassible, néanmoins, ses dents serrées étaient l’unique signe de sa haine bouillonnante qui était en lui. C’était l’unique chose qu’il ressentait en observant la maison de son enfance. Il n’y avait pas de nostalgie ni de regret. Seulement une haine belliqueuse et insatiable. Une haine qui faisait aussi sa force.

Enfin, lorsqu’il fut temps, le jeune homme ramassa son gros sac en toile qu’il mit sur son dos, et se dirigea vers la maison qui fut, un jour, la sienne. Il traversa le chemin de pierraille à peine discernable de la nature sauvage. Il monta les quelques marches en bois grinçantes, pourries et infestés de termites avant d’arriver au porche de la maison. Il tendit sa main libre vers la porte d’entrée, mais se figea à mi-chemin. Pendant un instant, Easley songea à faire demi-tour et renoncer à ce qu’il avait prévus de faire. Derrière lui, le bruit des passants étaient déjà loin. On entendait à peine les conversations, les éclats de voix. Cependant, il n’avait pas le choix, il devait continuer. Il ne pouvait pas abandonner, pas maintenant. Alors sa main s’anima de nouveau et, pour la première fois depuis des années, poussa fébrilement la porte, comme… avec appréhension. La porte en bois massif orné d’un rouge délavé résista, comme s’il n’était plus le bien venu en ces lieux. Il força davantage, sans résultat. Il posa alors le sac en toile, et força finalement la porte d’un coup d’épaule. Cette dernière céda en gémissant de douleur.

Le jeune homme massa négligemment son épaule endoloris avant de reprendre son sac et de rentrer à l’intérieur de la demeure. Il arriva dans un grand hall et mit du temps avant que ses yeux ne s’habituent à la grande différence de lumière. Il s’agissait d’une grande pièce, avec un majestueux escalier situé en face de la porte d’entrée et qui menait à l’étage. Sur le côté se trouvaient des portes mais aussi de grandes fenêtres dont les volets protégeaient jalousement l’obscurité. Il y avait de grands miroirs brisés mais aussi des portraits de membre de la famille Rigald, dont les visages avaient été déchirés les rendant méconnaissables.

Cet endroit lui était si familier mais pourtant si différent d’avant. Cela faisait des années que personnes n’avaient entretenu cette maison. La lumière avait quittée cet endroit –mais n’avait-elle jamais pénétrée ici ?-, les meubles vieillis et les chandeliers aux bougies fondues observaient un silence religieux tandis que la poussière les habillés d’un élégant voile gris. Si cela n’avait pas semblé ridicule, Easley aurait juré que les meubles de la maison s’échangeaient des regards et des murmures concernant l’intrusion qui venait d’être commise. Il se surprit à penser que sa respiration faisait autant de bruit, sinon plus, que les vendeurs de poissons à la place du marché de Nandis. Gêné d’une façon inexplicable, il essaya de respirer encore plus silencieusement. Il s’apprêta à poursuivre son aventure, lorsqu’il marcha sur un objet inconnu qui fit un bruit métallique. Easley leva son pied gauche et constata qu’il s’agissait d’un gros couteau de cuisine émoussé et vieilli lui aussi. Il attrapa soigneusement le manche et le redécouvrit avec attention pendant quelques secondes. Il se souvint alors comment cet objet était arrivé ici.

Treize ans plus tôt, un jeune enfant ouvrait la porte à droite du grand hall. Ses cheveux noirs en batailles avaient quelque chose de familier et ses yeux étaient vides d’expression. Il semblait être comme dans un état second. Plutôt fébrile, il tituba en marchant vers l’immense porte en bois massif du grand hall. C’est une fois devant cette dernière qu’il lâcha ce qu’il avait dans la main droite afin de pousser de ses deux mains les lourdes portes. Il y eu le bruit d’un objet métallique qui tombe contre un plancher en bois. Il s’agissait du même couteau de cuisine. A la différence que celui-ci était couvert de sang de la lame jusqu’au manche. Au même instant, le petit Easley parvint à ouvrir les portes, faisant entrer la lumière du jour dans le hall. Tandis qu’il était aveuglé par la lumière du jour qu’il n’avait plus vue depuis sept ans, l’éclairage faisait une révélation macabre. Les habits du jeune enfant était couverts de traces de sang. Ses bottes en avaient laissés des empruntes de pas dans le hall. Empruntes qui menaient jusqu’à la porte qu’il venait d’emprunter, d’où s’écoulait paresseusement une énorme marre de sang.

Easley revint à lui, un pâle sourire se dessina sur ses lèvres. Il rangea le couteau dans une de ses poches avant de se diriger vers la porte de droite, d’où il était sortit treize ans plus tôt. A mesure qu’il marchait, il réalisa combien l’air était lourd et sentait le renfermé. Très vite, il constata qu’il ne pourrait pas continuer son chemin sans lumière. Alors il chercha de vieilles allumettes dans un tiroir d’un meuble du hall, avant d’allumer un chandelier. Il s’en empara de sa main libre et entra dans la pièce suivante.

Il s’agissait d’une pièce d’une taille moyenne et plutôt encombré. Il s’agissait de la cuisine. Dans sa mémoire, cette salle était l’une des plus lumineuses de la demeure des Rigald. Cependant, elle avait perdu toute sa chaleur humaine et sa bienveillance. Il n’y avait plus la délicieuse odeur de la brioche au four à charbon. Ni le glougloutement de la soupe du soir qui mijotait dans la grosse marmite. Il n’y avait plus non plus cet empressement des serviteurs préparant à manger et offrant un gâteau au petit Easley quand il avait faim avant le repas. Non rien de tout cela. La pièce la plus vivante de la maison était aussi vide, froid et inanimé qu’un roc.

A la différence que le planché n’avait pas été lavé depuis son départ précipité. On pouvait encore voir les traces de sang. L’image de cette cuisine treize ans plus tôt se superposa à la cuisine du temps présent. Par terre gisait une jeune femme dans une marre de sang. Les yeux grands ouverts de terreur, elle s’étouffait dans son propre sang. Il s’agissait de Madame Rigald Eleona. Son visage était d’une beauté exquise, si ce n’est qu’il était habité par l’horreur et qu’une entaille nette et précise était présente au niveau de sa fragile et douce nuque. Cette femme ne pouvait s’empêcher de penser, pendant les quelques secondes qu’il lui restait à vivre, combien elle avait été stupide et faible. Combien sa progéniture était une abomination déshonorante et démoniaque. Combien aussi, elle regrettait de ne pas avoir écouté les prédictions du mage, qui lui conseillait de mettre fin à la vie du bébé. Sa toute dernière pensée fut l’espoir que quelqu’un puisse l’arrêter à n’importe quel prix. Car ce qu’elle observa dans les yeux de son fils la terrifia. Easley, âgé de treize ans, était debout devant elle, regardant sa propre mère mourir sans ciller, sans la moindre gêne. Il soutenait avec haine le regard de sa mère qui se noyait dans son sang. Cependant, sa mort fut rapide et l’âme tourmentée d’Eleona trouva finalement le repos.

Néanmoins, si le planché était toujours entaché par le sang de sa défunte mère, Easley ne trouvait plus sa dépouille. Sans doute avait-elle été découverte là par des serviteurs et enterrée dans le jardin… ou ailleurs. Peu importait. Ils avaient probablement du croire qu’un fanatique s’était introduit dans la maison et avait exécuté la pauvre femme. Quant à son fils, il avait « simplement » disparu. De fait, n’ayant plus d’héritier, la demeure fut abandonné tel quel.

Le jeune prêtre posa son sac en toile par terre et fléchit les jambes. Il caressa du bout des doigts l’endroit où sa mère avait vécue pour la dernière fois. L’endroit où, elle avait rendu son ultime souffle. Et encore maintenant, Easley pouvait sentir sa détestable présence. Comme si Eleona ne faisait qu’un avec la maison. Peut-être était-ce pour cela qu’il appréhendait tant de retourner chez lui. Mais à présent qu’il en avait conscience, il n’avait plus vraiment peur. Seul une révulsion profonde et une haine sans borne l’habitait.

Une demi-heure plus tard, le jeune homme se trouvait dans une cave au sous sol. Il s’agissait de sa « chambre » où il avait vécue durant sept années sans voir la lumière du jour. Il se souvint du jour où sa mère, troublé par ses jeux malsains et terrorisée par les prédictions d’un vieux fou, avait décidé de l’enfermer pour le bien du monde extérieur. Cette chambre symbolisait toute la solitude qu’il avait vécue, mais aussi toute sa haine qui s’y était accumulée. N’importe quel personne avec des capacités extrasensorielles se sentirait étouffer ici à tel point la haine habitait cette pièce. C’était l’unique endroit où Easley ne sentait pas la présence détestable de sa mère. Il s’était déchargé du gros sac en toile en le posant au centre de la petite pièce. Puis il avait cherché plusieurs bougies et notamment une craie. Il traça de nombreux symboles étranges et mystérieux au sol à l’aide de cette craie. Des symboles qui n’avaient de sens que pour sa prêtrise. Un œil expert remarquerait qu’il s’agit de symboles complexes servant à une convocation puissante. Il disposa des bougies dans toute la pièce et les alluma avec soin. Une fois tout cela fait, il se tourna vers le sac en toile qui était au milieu de la pièce. Il l’observa durant quelques instants avant de décider de l’ouvrir.

Ce qu’il y avait à l’intérieur pourrait en surprendre plus d’un. En effet, ce gros sac en toile ne contenait rien d’autre qu’une fillette de huit ou neuf ans. De longs cheveux d’or, un fin visage délicat, des yeux bandés par un voile noir et une bouche bâillonnée afin qu’elle ne cris pas. Il s’agissait d’une fille dont la beauté été touchante et attendrissante. Vêtue d’habits humbles, elle portait le signe de son appartenance à la prêtrise de Loominëi. Une fois son corps sortit entièrement du sac en toile, elle resta là, étendue sur le sol, inerte. En réalité, elle était sous les effets d’une potion de sommeil qui avait coûté une petite fortune au jeune prêtre. Avant, de la réveiller, il sortit des chaînes reliés aux quatre coins de la cave et attacha les bras et jambes de la fillette. Elle était positionné exactement au centre de la pièce, et donc, au centre des symboles étranges et mystérieux. Une fois son travail achevé, il sortit une aiguille de sa poche et, comme on le lui avait conseillé, piqua vivement la chaire de la douce et tendre. Instantanément, les effets de la potion se dissipèrent et la jeune enfant se réveilla. Elle commença à gémir, cependant seuls des bruits étouffaient pouvaient s’échapper de sa bouche.

-Je te conseil de ne pas t’épuiser à crier, personne ne t’entendra de toute manière… Déclara Easley froidement.

Il retira le bâillon de la bouche de l’enfant et instantanément elle se mit à hurler à s’en décrocher la mâchoire. Excédé, le jeune homme décocha une violente gifle pour faire taire l’enfant. Ce qui eu immédiatement l’effet escompté…

-Qui êtes-vous… Pourqu-

-Silence ! Coupa-t-il. Evites-moi tes questions inutiles et tes supplications. A moins que tu ne veuilles que sa jumelle te rende visite ? Ajouta-t-il en faisant allusion à son autre main.

Il y eu un court silence, puis le prêtre ajouta :

-Bien, je vois que tu as compris.

Easley observa quelques instants le corps frêle de cet enfant. Il s’agissait d’une gamine qu’il avait enlevée de la communauté des prêtres de Loominëi. En faite, il s’agissait de l’une des âmes les plus pures qui soit à Nandis présentement. Qui plus est, elle se prédestinée à devenir une admiratrice de la déesse de la lumière. Une âme parfaite pour un sacrifice permettant de convoquer la déesse noire en rêve ! Soudain, sa réflexion fut interrompue par des murmures en provenance de la gamine. Elle était entrain de prier !

-Si tu veux un conseil, ne prie pas pour être sauvée, mais pour une mort rapide… Fit Easley, écœuré.

-Alors vous allez me tuer ? Répondit-elle timidement.

Il y eu un silence approbateur.

-Alors enlevez-moi au moins ce bandeau.

Le jeune prêtre hésita un instant puis, décida qu’il n’y voyait aucun mal. Il libéra sa vue et constatant le regard si jeune et pourtant si désillusionné de la jeune fille. Néanmoins, il n’était pas de ceux qui hésitent. Il sortit l’ancien couteau de cuisine qui avait permis de tuer feu sa mère. Puis, entailla les poignés et chevilles de la gamine qui ne se plaignit pas avec un courage hors norme. Que c’était écœurant… Puis, Easley laissa le couteau à côté de lui et leva une de ses mains au dessus du corps de l’enfant. Enfin, il se mit à réciter une incantation en une langue étrange et oubliée.

Immédiatement, les flammes des bougies doublèrent de volume grandissant l’ombre du prêtre sur les murs. La jeune fille attachée au sol sentit une grande douleur dans ses poignets et ses chevilles. Au début elle ne se plaignit pas, essayant de se retenir du mieux qu’elle le pouvait. En réalité, au fil des mots prononcés par Easley, du sang sortait des entailles et coulait avec une précision frappante sur les symboles tracés à la craie. Comme si le sang prenait vie de lui-même, il s’écoulait afin de remplacer la craie. L’incantation durant des secondes, puis des minutes. A partir de là, la petite fille à bout se mit à gémir. Puis à mesure que l'incantation s’intensifiait, la douleur grandissait, se mit à crier puis à hurler de douleur. Néanmoins le prêtre n’écoutait déjà plus, il était bien trop absorbé par son incantation. De nombreuses minutes s’écoulèrent. Dehors, le soleil était sur le point de se coucher dans la mer. Un rouge sang avait remplacé les dorures dans le ciel. Ce n’est que lorsque le soleil se coucha que l’incantation prit fin. Dans la cave, la petite fille ne criait plus. Ses yeux étaient totalement révulsaient et son âme avait quitté son corps. En outre tous les symboles tracés à la craie avaient été remplacés par une fine trace de sang. Les bougies quant à elles s’éteignirent sans demander leur reste. Et, presque immédiatement après, Easley tomba au sol, dans les symboles tracés avec du sang, sombrant dans un profond sommeil.

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MessageSujet: Re: Retour au bercail...   Retour au bercail... Icon_minitime1Mer 2 Mai - 3:12

Les plus grands esprits diaboliques vous diront toujours ; la pitié c'est pour les faibles, pleurer c'est pour les faibles, être Humain c'est être faible. Mais ils ignoreront à quel point ils sont insignifiants... Bien souvent, les personnes d'alignement mauvais chercheront constamment à prouver leur force, ainsi que leur savoir faire en matière de domination. Ce sont des gens imbus d'eux même qui n'hésiteront pas à donner la chair de leur chair pour s'élever jusqu'au firmament. Seulement, ils sont loin de prêter attention au prix à payer tellement leur avidité est gourmande. Vendre son âme aux abysses est un acte qui ne peut être annulé si jamais de regret il devait y avoir. La doctrine de la lumière sert d'enseignement aux esprits les plus égarés, mais également à dissuader les plus sombres de poursuivre leur dessein. Seulement, nous savons tous que l'utopie tant attendue par Loominëi, n'est plus qu'amnésie au jour d'aujourd'hui... c'était d'ailleurs à se demander si la Déesse n'avait pas oublié ses sujets.

Souffrant continuellement de désinformation, les religions ne cessaient de perdre leur attrait auprès des plus démunis... Peut-être s'agissait-il là d'une sinistre manoeuvre afin de mettre à bas cette barrière qui séparait encore le monde des ténèbres de celui de la lumière. Mais toujours était-il que plus les jours avançaient, plus l'imperceptible menace risquait d'éclater aux yeux de tous ! Voilà une chose que Easley, soit la face cachée de la lune, semblait avoir compris. Mais trop empressé dans ses ambitions, le jeune prêtre décida de procéder à un rituel lié aux neuf enfers, de manière à pouvoir entrer en contact avec Yloumna par les voies oniriques. Même si correctement accomplie, l'incantation ne suffisait guère à elle seule cette opportunité. Ce fut ainsi que... hors de son corps, Easley s'enfonçait dans le néant de ses pires cauchemars.


Retour au bercail... Mer10

Ce fut dans un océan ténébreux que le jeune prêtre fit sa première rencontre. Et même si il lui serait difficile de définir les traits de cette apparition, il n'aura néanmoins aucun mal à reconnaitre sa propre mère... Elle était aussi ensanglantée et mutilée que le jour où elle trouva la mort guidée par la main même de ce dernier. Son regard entretenait une nuance de pitié à l'égard de son meurtrier qui se trouvait à présent devant elle, comme si elle était désolée de ce qu'il avait fait.

- Easley... Murmura t-elle. Qu'es-tu devenu ? Une abomination, une créature qui ne rêve que de voir le monde en train de brûler ? Voilà une chose que tu comprends... imparfaitement. Pour toi, la raison suffisante à mon assassinat venait du fait que je me sois montrée cruelle envers toi. Mais tu es loin de la vérité... Ajouta t-elle en s'effaçant légèrement dans l'obscurité. Je t'aimais trop pour te tuer... mais pas assez pour t'épargner cette souffrance. Je me répétais naïvement que ça allait se guérir, comme n'importe qu'elle grippe. Mais je vois là mon erreur, je t'aurais fait davantage honneur en t'enfonçant moi même un couteau dans le coeur, plutôt que de te voir là devant moi... cherchant à communiquer avec les abysses !

Plus la mère d'Aesley parlait, plus nombreuses se faisaient les ombres tout autour d'elle. Ces formes spectrales n'avaient rien de rassurant, tellement que l'on pourrait les apparenter à des démons !

- Part tant que tu le peux encore ! Arrête cette folie ! Et sache que je ne parle pas pour le monde dans lequel tu vis, mais pour toi... une mère reste une mère. Tu ne trouveras que la mort dans tes ambitions...

Visiblement, l'incantation semblait faire son effet, car de plus en plus de démons avides s'en venaient encercler le jeune prêtre, comme pour l'attirer jusque dans les enfers. Mais selon les dires de sa propre mère, il pouvait encore partir tant que la possibilité de le faire lui était acquise... Allait-il pour autant se détourner de son objectif ? Très peu de chance étant donne le chemin parcouru. Mais quoi qu'il décide de faire, sa mère aura au moins tout tenter pour le faire s'arrêter, que ce soit dans son monde, ou bien dans l'autre...

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MessageSujet: Re: Retour au bercail...   Retour au bercail... Icon_minitime1Lun 28 Mai - 10:29

Au moment où Easley heurta le sol pour sombrer dans un profond sommeil, ses yeux pâles se rouvrirent au même instant… ailleurs. Il s’agissait d’un autre monde. Pendant un instant, il cru qu’il lévitait dans le néant. Comme s’il était plongé dans un océan obscur, ses cheveux ondulaient calmement au gré d’une force invisible. Ses vêtements étaient un peu plus lourds, et ses membres étaient froids. Pendant un instant, le jeune prêtre pensa avoir échoué et s’être retrouvé dans les tréfonds d’un océan étrange et inconnu. Il ne voyait rien autour de lui. Il ne sentait rien non plus. Il n’y avait pas un bruit. C’était un monde sans vie, il était seul, égaré. Pendant quelques instants, Easley se demanda s’il n’était pas mort.

Lorsque soudain, il sentit une odeur cuivré. Une odeur qu’il reconnu immédiatement : celle du sang. Il y eu ensuite de légers bruits, comme de fines goûtes tombant sur un planché de bois. Puis, un visage familier se démarqua dans l’ombre. Cette personne n’était autre que feu sa mère. Son visage avait gardé cette souffrance infligée par son fils. L’obscurité était si importante qu’il ne la discernait pas clairement. Il ne voyait pas non plus ses yeux. Il n’y avait qu’une faible lueur quasi surnaturelle. Néanmoins, c’était bel et bien elle. Pas de doute possible. Dans le froid environnant, les battements du cœur d’Easley s’accélérèrent. Que faisait-elle ici ? Etait-ce l’esprit de sa mère ? Ou simplement son imagination ? Le jeune homme sentit une haine ronronner en lui doucement. Ses mains se crispèrent et il serra les dents. La vue de cette femme l’écœurait.

Eleona murmura son nom doucement. Il l’écouta, sans répondre. Des mots résonnèrent dans son esprit à l’instar du fracas d’un boulet de canon contre une muraille : « Abomination » ; « loin de la vérité » ; « je t’aimais » ; « arrête cette folie ». Au fil des mots, le visage de sa défunte mère s’effaçait peu à peu. Et plus elle parlait, plus d’autres silhouettes se dessinaient autour d’eux. Tantôt humanoïdes, tantôt difformes. Le regard du prêtre s’attarda d’abord sur les formes étranges. Certaines de ces formes ressemblaient même aux desseins de créatures maléfiques de contes pour enfant. Easley comprit qu’il s’agissait des démons. Ces derniers, avaient un regard habité par le vice, l’envie et la convoitise. Et pourtant, le jeune homme n’avait pas peur d’eux. Il était écrit que les âmes démoniaques et tourmentées le conduiraient aux tréfonds impénétrable des abysses. Même s’ils étaient réels, ils ne pouvaient pas l’atteindre. Seul une projection de son esprit était entrain de voyager. Le rituel lié aux neufs enfers n’avait pas été créé par un demeuré ignorant. Hors, il lui avait fallut des semaines pour exécuter les préparatifs à un tel rituel. Rien n’avait été laissé au hasard. En conséquence, un tel acte ne pouvait être synonyme que de déterminisme.

Au milieu de ces démons, il y avait de nombreuses silhouettes humaines. S’agissait-il de toutes les personnes qu’Easley avait tuées ? Il les observa, tour à tour, tout autour de lui. Il les reconnut toutes pour la plus part. Tous étaient là. Il reconnut aussi les prêtres qui lui avait apprit les maîtrises occultes, et qu’il avait, ensuite, massacré sans remords. Au milieu de ces personnes, il y avait cette jeune fille qu’il venait de sacrifier. Et c’est alors qu’il se rendit compte que tous le regardait avec pitié. Sa haine qui était au fond de lui se mit à bouillir. Pourquoi avaient-ils pitiés ? Qui étaient-ils pour juger ? Son attention se reporta sur l’image de sa défunte mère. Ses dents se desserrèrent avec peine pour lui permettre de parler. Ses mains tremblaient légèrement.

-Partir ? Après tout ce que j’ai du traverser pour arriver là ? Je devrais tourner les talons… ? Vous avez peut-être raison, je ne trouverais peut-être que la mort…

Il avait à peine soufflé ses mots, presque en un murmure à peine audible. Sa voix tremblait, elle aussi. Il ferma les yeux un court instant. Avant de les rouvrir, ses mains cessèrent de bouger.

-Mais je m’en moque ! Sa voix était différente aussi, plus sûr, plus dure, épargnez-moi vos belles et vertueuses paroles, mère. De votre vivant vous ne vous intéressiez guère à mon existence. Au mieux, j’étais l’un de ces souvenirs lointain et secret que l’on veut oublier, qui nous fait honte ! Vous me cachiez avec un soin méticuleux sans avoir l’infime curiosité de me connaître. Vous préfériez les plaisirs obtenu vos partenaires, cela vous laissez la conscience tranquille. Si je ne m’étais pas libéré…

Il cessa de parler, se rendant compte qu’il perdait son temps. Comment pouvez-t-elle comprendre, elle qui était si loin de la réalité ? Il baissa la tête et songea à son enfance, lorsqu’il était enfermé durant sept années. Il songea combien il s’était sentit seul. Si seul, que sa conscience s’était repliée en lui, à l’intérieur d’un monde dévasté. C’était une immense plaine avec de nombreux arbres abandonnés par la vie. Le sol était sec et poussière. Le ciel était clair et le soleil malade et faible, ses rayons peinaient à éclairer ce monde inanimé. Même le vent était faible…



Des années plus tôt...

Ici, l’enfant Easley, accablé par la solitude, prit un bout de bois mort, et traça un cercle dans le sol d’une dizaine de mètre de diamètre. Une fois chose faite, il pénétra dans le cercle et alla se placer au centre. Il laissa tomber le morceau de bois de ses mains et s'assit, la tête dans ses genoux. Et il attendit, comme il le faisait depuis qu’il avait été enfermé…

Soudain, son ombre s’étira sur le sol devant lui. Une ombre qui avait la même forme que sa tête, avec deux trous blancs pour les yeux et un rectangle blanc pour la bouche. On aurait dit un dessein d’enfant…

-Yo, fit l’ombre avec la même voix qu’Easley. Je suis Easley.

Le petit garçon regarda l’ombre sans réagir, son visage restant impassible et triste.

*Et voilà, ça vient toujours quand je ne fais rien.* Songea-t-il, anxieux.

-Tu n’as pas quelques questions ? Demanda son ombre. Allez vas-y.

-Il y a une sortie ? Fit-il après réflexion.

-A toi d’en décider. Tiens, une question. Tu peux me dire ton nom ?

-Passe. Répondit impassiblement le petit Easley.

-Pourquoi tu ne veux même pas dire ton nom ?

-Passe.

-On dirait que tu n’es pas du genre à répondre directement. C’est pour ça que tu restes assis là à te poser des questions dans une tentative de conserver ta raison ?

-Passe.

-Tu passes encore hein… Si tu continus à faire ça, on n’ira nulle part. Tu n’es pas d’accord ?

-Passe.

Au fil de la conversation, son ombre traçait des traits dans le sol à l’aide du bâton en bois. Il y avait déjà quatre traits.

-Tu crois que quelqu’un va te sortir de là ? Ou peut-être que tu ne réalises pas que l’on t’a oublié et que personne ne s’intéresse réellement à toi.

-Passe.

-Cela fait cinq fois que tu passes. Dit son ombre en barrant les quatre traits avec un cinquième. Changeons un peu de sujet… reprit-elle, le premier petit être que tu as tué, comment tu t’es senti après sa mort ?

-Passe.

-Tu n’étais pas excité ? D’avoir enfin trouvé quelqu’un de plus faible que toi ?

-Passe.

-C’est ce que tu as pensé, et comme Eleona l’a dit, tu es différents des autres enfants. Tu es dangereux, non ?

-Passe.

Les questions défilèrent les unes après les autres, et le petit Easley répétait inlassablement le même mot. De nombreuses barres se traçaient par terre, toutes étaient groupées par cinq.

-Hmm et ce cercle, il te protège ? Est-ce qu’il est vraiment efficace ?

-Passe.

-Alors, est-ce que tu as réussi à échapper aux tourments de ton esprit ?

-Passe.

Une larme blanche coula des yeux de l’ombre noire.

-Allez, réponds à mes questions ! Pourquoi tu ne veux même pas me répondre ? Ça veux dire que la folie s’empare de ton esprit ? Gémit-elle, désemparée.

-Passe.

-Tu as passé 53 fois. Alors tu ne vas même pas reconnaître mon existence. Tu es tellement cruel. Tu es le pire de tous ! Fit l'ombre avec tristesse.

-Je ne me souviens pas t’avoir blâmée. Et d’ailleurs pourquoi tu me suis partout ? C’est à cause de toi si je me sens mal. C’est ta faute si je suis enfermé. Si tu n’étais pas là… Marmonna le jeune garçon.

-Qu’est-ce que tu racontes ? Tu ne peux pas me traiter comme ça, tu sais ? C’est facile de dire ça et de s’enfuir, hein ?

Mais…

-Ne comprends-tu pas notre relation ?

Il y eu un silence avant que l’ombre ne reprenne :

-Tu ne fais rien d’autre que de te renier, encore et encore. Où est-ce que tu essaies d’aller ?

-Passe.

Un autre silence, plus long cette fois. Avant que son ombre ne réponde :

-On a atteint notre limite. Je vais y aller à présent.

Un vent souffla sur le sol et l’ombre disparu comme si rien ne c’était passé. Seul témoin de la conversation, ces barres tracées dans le sol, signe du refus d’Easley de répondre à ses propres questions.

***Viens Easley,*** appela une voix lointaine de femme, portée par une brise légère, ***retire tes chaînes, libère toi !*** Ordonna-t-elle.

A son tour, le cercle et les traits dans le sol furent effacés par le vent qui se levait peu à peu. Le petit garçon releva la tête, ses yeux n’étaient plus triste, une sorte de colère s’y était logé. Une nouvelle flamme venait de naître. Une flamme qui deviendrait bientôt un brasier immense, dévorant tout sur son passage. C’est ainsi qu’une part d’Easley Rigald fut vaincue. Ses dernières parties de raisons et de bontés furent balayé par le vent à l’instant où le cercle sur le sol disparu.



Dans le présent...

Easley releva la tête et regarda tous les êtres qui l’entouraient. Son regard était imprégné de mépris. Il serra ses poings avec force. Puis il hurla :

-HORS DE MON CHEMIN ! ALLEZ-VOUS-EN ! VOUS N’ÊTES QUE DES NUISIBLES !

Il balaya d’un geste de la main l’espace qui était devant lui, comme pour éloigner un insecte. Il reprit son souffle en respirant bruyamment. Et juste après ses mots, un vent souffla et dissipa toutes les silhouettes qui l’entouraient. Toutes, sauf les démons. Le jeune prêtre les observa avec attention avant de déclarer :

-Amenez-moi à la déesse noire. Elle attends depuis trop longtemps déjà...

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MessageSujet: Re: Retour au bercail...   Retour au bercail... Icon_minitime1Dim 12 Aoû - 18:09

Se trouvant dans un monde de ténèbres, un monde que l'on pourrait apparenter à un puits sans frontière, Easley devait faire face à ce que son esprit désormais impassible avait oublié. Sur le moment, ses émotions eurent comme un sursaut, à l'instar d'une personne venant tout juste de mourir... Mais le sombre prêtre demeura plus fort que celles-ci, acculant ses moindres sentiments jusque dans un gouffre dont ils ne pourront jamais plus en sortir, il fera disparaître ces quelques apparitions le tourmentant tel un moucheron dans un feu de forge. Les résidus même de sa propre mère n'auront eu raison de ses convictions. Seulement... était-ce réellement la meilleure chose à faire ? Selon le prêtre, il n'y avait pas de doute possible, sûr de lui et de son rituel, il ne pouvait qu'avancer. Mais c'était sans compter sur l'intervention personnifiée de la Déesse noire, Yloumna ! Depuis l'antichambre, la Divinité déchue avait ressenti ce dernier, et l'intention qui allait avec.

Forcer son Destin pouvait avoir de terribles répercutions, Easley le savait, mais son désir d'en découdre avec le monde dans lequel il vivait était bien plus grand que sa peur du devenir. Hélas, une chose lui était inconnue jusqu'alors... en Enfer on entrait, mais on ne sortait pas ! Aussi puissant pouvait être le rituel maléfique pour tenter d'y accéder, jamais cela ne fonctionnerait. Cette frontière aussi vieille que le monde avait subi tellement de modifications Divines, qu'il était impossible pour un être vivant de s'y engouffrer. Bien entendu, ces faits de l'au-delà étaient une ignorance totale pour les Hommes. Néanmoins convaincue par le sinistre moi du prêtre, Yloumna décida d'happer celui-ci dans son intégralité, faisant ainsi de ce dernier ; une âme en peine ! En d'autres termes, Easley venait de perdre la vie...

Depuis les vestiges de son existence passée, le corps du prêtre tomba lourdement dans l'innommable ! Et pour cause, le sol sur lequel il reposait, ne devint plus que fumée le temps qu'il disparaisse, avant de reprendre sa densité originelle. Si les objets alentours avaient une conscience et des oreilles, ils auraient alors entendu un grondement sourd provenant des entrailles même de la terre. Phénomène qui se tut dés lors où Easley disparut pour s'en aller rejoindre les Enfers... endroit dont on ne revenait jamais !


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